L'action de Bombardier prendra-t-elle de l'altitude ?


Édition du 02 Avril 2016

L'action de Bombardier prendra-t-elle de l'altitude ?


Édition du 02 Avril 2016

Par Michel Villa

[Photo : Bloomberg]

Lors de l'assemblée annuelle de ses actionnaires, le 28 avril, la direction de Bombardier (BBD.B, 1,33 $) proposera un regroupement d'actions afin que le cours de son titre atteigne de 10 à 20 $. Selon les chercheurs Kee H. Chung et Sean Yang1, les entreprises qui envisagent un regroupement d'actions le font pour deux raisons. Tout d'abord, elles désirent maintenir l'inscription de leur action au sein de différents indices de référence. Ensuite, elles cherchent à attirer davantage les investisseurs institutionnels.

Pour demeurer au sein du S&P/TSX, la valeur de l'action de Bombardier doit se maintenir au-dessus de 1 $. Advenant qu'elle soit évincée de cet indice, les gestionnaires de fonds, dont le mandat consiste à reproduire le comportement de l'indice de référence, se verraient alors forcés de vendre le titre de Bombardier, créant ainsi une pression supplémentaire à la baisse sur son cours boursier. En procédant à un regroupement d'actions, Bombardier préservera donc son privilège. En effet, en consolidant le nombre d'actions en circulation, l'entreprise sera en mesure d'augmenter le cours boursier de son titre, et ce, sans influer sur sa capitalisation boursière.

Du point de vue de l'analyse fondamentale, pour un grand nombre d'investisseurs, ce titre représente un placement spéculatif. C'est pourquoi il y a un manque d'intérêt de la part des gestionnaires de portefeuille à l'égard des actions qui se négocient à environ 1 $. En comparant le cours boursier de Bombardier avec ceux de ses principaux rivaux (Airbus Group, 60 € ; Boeing, 132 $ US ; Embraer Aircraft, 25 $ US), plusieurs investisseurs institutionnels préfèrent éviter l'action de Bombardier, étant donné la perception négative que suggère le prix du titre. En regroupant ses actions, la direction de Bombardier espère regagner la confiance des investisseurs institutionnels.

Des résultats mixtes

En analysant plus de 1 600 titres qui ont fait l'objet d'un regroupement d'actions de 1962 à 2001, les chercheurs Klein, Kim & Rosenthal ont observé, par rapport aux titres comparables, une sous-performance de l'ordre de 16 % après une année, de 36 % après deux ans et de 54 % après une période de trois ans. Toutefois, selon Kevin Pleines, analyste chez Birinyi Associates, un regroupement d'actions peut être un catalyseur haussier. De 2000 à 2010, 12 sociétés inscrites au S&P 500 ont procédé à un regroupement d'actions. Un an après cet ajustement, neuf d'entre elles affichaient un rendement positif tout en procurant un rendement moyen de 75 % !

Lorsqu'une société suggère un regroupement d'actions à ses actionnaires, elle est clairement en mauvaise posture. Néanmoins, il est possible que les investisseurs réagissent favorablement. Charles Kaplan, président de la firme de consultation en finance Equity Analytics, avance que cette tactique doit faire partie intégrante d'un plan de redressement comprenant entre autres des changements au sein de l'équipe de direction. Sinon, il est fort probable que le titre s'échange de nouveau à 1 $.

Compte tenu des nombreux problèmes qu'a affrontés le programme CSeries, il est normal de douter de la poussée haussière soutenue de l'action de Bombardier à la suite d'un regroupement d'actions. Bien que le titre ait rebondi fortement depuis son récent creux à 0,72 $, le risque associé à sa détention surpasse largement le potentiel de rendement.

1 Kee H. Chung, Sean Yang, «Reverse Stock Splits, Institutional Holdings, and Share Value», Social Science Research Network, octobre 2014

Michel Villa, est un CFA, trader (négociateur), formateur et conférencier sur la Bourse. Il publie sur son site Web michelvilla.com.

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