Huit titres canadiens prêts à grimper en 2010

Publié le 09/01/2010 à 00:00

Huit titres canadiens prêts à grimper en 2010

Publié le 09/01/2010 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

La puissante envolée boursière de 2009 a soulevé les actions de nombreuses sociétés, mais pas toutes. Tel le lièvre de la fable de La Fontaine, certains titres ont décollé en trombe pour propulser de 31 % l'indice S&P/TSX. D'autres titres, qui s'apparentent à la tortue, ont été plus discrets l'an dernier. Toutefois, ils pourraient surprendre à la ligne d'arrivée. Rappelez-vous de la morale de la fable : " Rien ne sert de courir, il faut partir à point ".

Voici huit titres retardataires de 2009 susceptibles de s'envoler en 2010, selon quatre gestionnaires de portefeuilles.

* Données au 31 décembre 2009

Bombardier

BBD.B, 4,80 $

Cours cible fin 2010 : 7 $

Valeur boursière : 8,4 milliards de dollars

Bénéfice par action prévu en 20101 : 0,39 $ US

Ratio cours-bénéfice 2010 : 11,6

Gain potentiel : + 46 %

(+ 7,9 % en 2009)

Le titre du constructeur d'avions et de trains a pris un retard sérieux dans sa remontée boursière. Pourtant, l'industrie aéronautique devrait profiter de l'amélioration de l'activité économique en 2010.

" Le titre de Bombardier est injustement boudé. Son cours reflète le manque de confiance des investisseurs dans une reprise durable, les doutes quant au succès commercial de son nouvel appareil CSeries, et l'indifférence totale envers la division des trains, qui procure pourtant les fonds nécessaires au versement de son dividende ", fait valoir Pierre Bernard, gestionnaire chez IA Clarington.

Même si on accorde peu de valeur à sa division aérospatiale, la seule valeur des flux de trésorerie futurs du secteur des trains donne au titre une valeur d'environ 7 $ par action, estime le gestionnaire.

Comme lors des reprises économiques précédentes, le rebond de l'industrie aérospatiale pourrait surprendre. Les attentes envers Bombardier sont si modestes que toute bonne nouvelle aura un effet important sur son titre, prévoit M. Bernard.

" Les investisseurs font l'erreur de croire que l'entreprise est gérée comme il y a 10 ans, et sous-estiment les changements apportés depuis. Bombardier a énormément renforcé sa gestion des risques, notamment pour le financement de ses projets et de ses clients. On sent que l'équipe du président Pierre Beaudoin est compétente et passionnée ", dit-il.

1 Exercice clos le 31 décembre 2011

Russel Metals

RUS, 17,73 $

Cours cible fin 2010 : 20 $

Valeur boursière : 1 milliard de dollars

Bénéfice par action prévu en 2010 : 1,19 $

Ratio cours-bénéfice 2010 : 15

Gain potentiel : + 13 %

(- 6,7 % en 2009)

Le distributeur de produits d'acier a plusieurs attributs qui rendent son titre attrayant pour l'amateur de titres incompris, estime Pierre Bernard, gestionnaire de portefeuille chez IA Clarington.

Les investisseurs craignent que Russel ne réduise son dividende, parce que le distributeur n'est pas rentable en période de récession.

Pourtant, quand la demande d'acier chute, Russel réduit ses coûts au maximum et tient un minimum de stocks d'acier, ce qui stabilise son fonds de roulement. Son dividende, qui procure actuellement un rendement de 5,5 %, est donc solide, dit M. Bernard qui souligne la gestion rigoureuse de ses dirigeants.

" Le secteur de la distribution d'acier pourrait aussi rebondir sans crier gare. En 2010, Russel bénéficiera des dépenses en infrastructures et d'une reprise des travaux dans la région des sables bitumineux d'Alberta ", prévoit M. Bernard.

Le titre de Russel Metals pourrait aisément retrouver un cours de 20 $ en 2010, une fois que les investisseurs auront regagné confiance dans la solidité de son dividende, et qu'ils verront ses résultats s'améliorer.

" J'adopte l'hypothèse que l'économie prendra du mieux en 2010 parce que les capitaux qui circulent au sein du système financier chemineront jusqu'à l'économie réelle ", indique M. Bernard.

" Des prix fermes pour le pétrole raviveront aussi les perspectives du secteur de l'énergie, une industrie à qui Russel fournit des tuyaux pour les pipelines ", explique-t-il.

Atrium Innovations

ATB, 15,76 $

Cours cible fin 2010 : 20 $

Valeur boursière : 519 millions de dollars

Bénéfice par action prévu en 2010 : 1,73 $ US

Ratio cours-bénéfice 2010 : 8,9

Gain potentiel : + 27 %

(+ 22 % en 2009)

Le fabricant québécois de 1 400 suppléments nutritionnels plaît à Marc Gagnon, gestionnaire chez Industrielle-Alliance Gestion de placements, car cette société est fonceuse et prudente à la fois.

" Je crois qu'en 2010, Atrium pourrait de nouveau attirer l'attention après avoir pris du retard sur la Bourse en 2009. Les investisseurs chercheront des entreprises qui croissent à bon rythme, hors du secteur des ressources qui a si bien performé l'an dernier ", dit-il.

L'ancienne filiale d'Æterna Zentaris progresse, car la demande pour ses produits augmente indépendamment de la conjoncture économique. Au dernier trimestre clos le 30 septembre, les revenus de ses produits de marque ont cru de 8,8 %.

Les acquisitions complètent le tableau. L'entreprise québécoise est très active, et a réalisé sept transactions qui totalisent 347,7 millions de dollars depuis janvier 2007.

L'achat de Garden of Life, de Nutri-Health et d'AOV depuis 2008 ont doublé la croissance de son bénéfice (de 9 à 18 %) au troisième trimestre, en excluant l'effet de change. Ces achats enrichissent son portefeuille de marques et multiplient ses réseaux de distribution. Les 100 produits nutritionnels de Garden of Life sont vendus notamment dans 12 000 magasins d'aliments naturels aux États-Unis.

Enfin, son titre est peu coûteux puisqu'il s'échange à un ratio modeste de 8,9 fois le bénéfice moyen prévu par l'ensemble des analystes.

Magna International

MG.A, 53,26 $

Cours cible fin 2010 : 70 $

Valeur boursière : 6 milliards de dollars

Bénéfice par action prévu en 2010 : 2,86 $ US

Ratio cours-bénéfice 2010 : 18,5

Gain potentiel : + 31 %

(+ 44,9 % en 2009)

Le fabricant de pièces a profité de la crise qui a frappé l'industrie automobile pour réduire ses coûts, comme en témoigne son bénéfice d'exploitation qui a quadruplé au troisième trimestre, malgré une baisse de ses revenus de 15,6 %.

En 2009, son titre a réagi au sauvetage de General Motors, au rebond des ventes d'autos en raison de la prime à la ferraille du gouvernement américain et à l'échec de l'acquisition du constructeur allemand Opel, mais il offre encore un bon potentiel, croit Marc Gagnon, d'Industrielle-Alliance Gestion de placements.

" Son titre a rebondi en 2009, mais il a encore beaucoup à faire pour retrouver le niveau qu'il avait quand 16 à 17 millions de véhicules neufs se vendaient annuellement aux États-Unis ", rappelle M. Gagnon.

En raison de ses coûts fixes, ses bénéfices seront très sensibles à toute amélioration de ses revenus. Si les ventes d'autos retrouvent un rythme annuel de 11,5 millions par an d'ici 2011, Magna International peut dégager un bénéfice de 4,50 $ US par action, estime Marc Gagnon.

" Magna a la taille, le savoir-faire et les moyens financiers pour s'adapter à la refonte de l'industrie automobile. Les liquidités de 900 millions de dollars à son bilan lui permettront de conclure des acquisitions et de rafler de nouveaux contrats de constructeurs qui recherchent des founisseurs solides ", dit M. Gagnon.

Loblaw

L, 33,88 $

Cours cible fin 2010 : 40 $

Valeur boursière : 9,3 milliards de dollars

Bénéfice par action prévu 2010 : 2,48 $

Ratio cours-bénéfice 2010 : 13,7

Gain potentiel : + 18 %

(- 3,1 % en 2009)

Le plus important épicier du pays évolue dans un secteur solide, susceptible d'offrir un bon rendement aux actionnaires au cours des prochaines années, sans risque indu, dit James Cole, gestionnaire du Fonds AIC ciblé canadien.

" Trois scénarios ont le potentiel de hausser le titre de Loblaw. Il réagira à l'amélioration de ses bénéfices au rythme où les mesures de redressement prendront effet. La famille Weston pourrait aussi choisir de fermer le capital de son épicier pour qu'il réussisse sa relance loin des projecteurs. Enfin, si le retournement n'a pas lieu, la famille Weston pourrait vendre l'épicier ", explique le gestionnaire.

En attendant, le titre de Loblaw procure un rendement de dividende de 2,5 %. En outre, la valeur attribuée aux magasins que l'épicier possède sert de filet boursier au titre et amortit tout mouvement de recul, dit-il.

M. Cole a commencé à acheter le titre de Loblaw pendant l'été 2009, à un cours de moitié inférieur à ce qu'il aurait payé quatre ans plus tôt.

Si Loblaw répétait au cours des prochaines années le bénéfice de 3,35 $ par action qu'il a dégagé en 2005, son titre pourrait grimper jusqu'à 50 $, si on appose un ratio de 15 fois le bénéfice, précise M. Cole.

Financière Sun Life

SLF, 30,25 $

Cours cible fin 2010 : 35 $

Valeur boursière : 17 milliards de dollars

Bénéfice par action prévu en 2010 : 2,98 $

Ratio cours-bénéfice 2010 : 10,4

Gain potentiel : + 16 %

(+ 6,4 % en 2009)

Le principal assureur-vie canadien est un choix plus audacieux, car la rentabilité des produits d'assurance fluctue avec la Bourse et le niveau des taux d'intérêt, dit James Cole, gestionnaire du Fonds AIC ciblé canadien.

" Toutefois, Sun Life est la seule institution financière, avec la Banque Nationale, à ne pas avoir émis d'actions ordinaires à un cours déprimé pour se renflouer ", indique M. Cole.

En septembre 2009, la valeur à risque des garanties de capital offertes sur ses fonds distincts, en excédent des réserves, représentait 21 % de l'avoir des actionnaires de Sun Life, par rapport à 49 % pour sa rivale Financière Manuvie, dit M. Cole.

La valeur d'aubaine du titre de Sun Life attire aussi le gestionnaire, tout comme le rendement de 4,4 % de son dividende. Son titre se négocie à un multiple de 10 fois les bénéfices prévus en 2010 et d'une fois seulement sa valeur comptable.

Afin d'avoir le réseau de distribution qui lui manque aux États-Unis, Financière Sun Life aimerait bien y effectuer une acquisition.

" Étant donné la culture de prudence qui règne chez Sun Life, j'ai confiance que leur prochain geste stratégique sera dans l'intérêt des actionnaires ", dit M. Cole.

Tim Hortons

THI, 32,13 $

Cours cible fin 2010 : 38 $

Valeur boursière : 5,7 milliards de dollars

Bénéfice par action prévu en 2010 : 1,99 $

Ratio cours-bénéfice 2010 : 16

Gain potentiel : + 18 %

(- 7,9 % en 2009)

Tim Hortons est une entreprise créatrice de richesse à long terme qui a été oubliée l'an dernier, dit Stephen Gauthier, gestionnaire de portefeuille de Demers Valeurs mobilières.

Le titre du fournisseur préféré de beignes et de café des Canadiens n'est pas bon marché, convient M. Gauthier, mais l'ouverture régulière de franchises lui fournit une croissance fiable et essentielle si la reprise se faisait anémique.

" À court terme, la récession et les dépenses encourues pour s'implanter aux États-Unis affaiblit ses bénéfices. Toutefois, Tim Hortons peut augmenter son dividende de 15 % par année à moyen terme, une cadence deux fois supérieure au moins à la moyenne des titres de l'indice S&P/TSX ", dit M. Gauthier.

De plus, le franchiseur dégage des flux de trésorerie suffisants pour financer ses projets d'expansion sans s'endetter davantage.

Cet avantage fait de Tim Hortons une des sociétés les plus performantes du Canada, selon la méthode d'analyse de la valeur économique ajoutée : " L'écart entre le rendement que Tim Hortons réalise sur son capital total [valeur boursière et dettes] et les coûts de celui-ci est de 10 %. Cette entreprise sait faire fructifier l'argent qu'on lui confie ", dit M. Gauthier.

Grouope TMX

X, 33,13 $

Cours cible fin 2010 : 42 $

Valeur boursière : 2,4 milliards de dollars

Bénéfice par action prévu en 2010 : 2,72 $

Ratio cours-bénéfice 2010 : 12,2

Gain potentiel : + 27 %

(+ 31,5 % en 2009)

L'exploitant de la Bourse de Toronto et de la Bourse de Montréal des produits dérivés a été emporté par la remontée de son indice phare S&P/TSX en 2009, mais son cours est de 42 % inférieur au sommet de 57,22 $ atteint en décembre 2007, malgré des bénéfices solides et un bon dividende.

" Les investisseurs concentrent toute leur attention sur ce que la Bourse de Toronto perd, au lieu de se projeter vers l'avant et de regarder ce qu'elle gagne ", dit Stephen Gauthier, gestionnaire de portefeuille chez Demers Valeurs mobilières.

Le Groupe TMX perd du terrain dans la négociation active d'actions entre les institutions auprès de ses rivaux Alpha, Pure Trading et Chi-X, mais ce type de transactions est peu rentable.

M. Gauthier préfère se pencher sur le potentiel des nouvelles sources de revenus de Groupe TMX, comme la négociation de produits dérivés sur les taux d'intérêt.

" Malgré la perte de son monopole des actions au Canada, Groupe TMX reste très rentable et dégage des flux de trésorerie excédentaires qui financent le versement de son dividende et ses rachats d'actions ", estime Stephen Gauthier.

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