Dollarama: la chute


Édition du 12 Janvier 2019

Dollarama: la chute


Édition du 12 Janvier 2019

Par Tahar Mansour

À près de 20 fois les profits par action, le titre de Dollarama n’est pas une aubaine.

EXPERT INVITÉ. Dollarama est une entreprise québécoise fondée en 1992 et dont le siège social est à Montréal. La famille Rossy, qui gérait le magasin du même nom, a fondé Dollarama et la dirige.

Le capital de l'entreprise a été ouvert en 2009 aux alentours de 5 $ l'action. Grâce à de très bons résultats, le prix de l'action s'est envolé et a atteint un sommet de 53,33 $ le 15 janvier 2018. Vers le 12 septembre 2018, à la suite de résultats décevants, le titre a perdu environ 20 % de sa valeur. Et il n'a cessé de dégringoler depuis. Le titre se négocie aujourd'hui environ 40 % sous son sommet.

Que s'est-il passé ? Plusieurs choses :

1. La concurrence s'intensifie. En plus de l'américaine Dollar Tree, il y a la japonaise Miniso (dont le siège social est en Chine). Dans le segment du magasinage à bas prix, il faut ajouter Walmart et Canadian Tire. Tous ces acteurs veulent une part d'un gâteau qui croît lentement.

2. Les investisseurs n'aiment pas nécessairement les résultats qui n'atteignent pas les attentes. Ce qui est arrivé au mois de septembre. Les impatients ont tout simplement vendu massivement le titre.

3. Le commerce que mène Dollarama est assez sensible à la rotation du personnel et à l'évolution du salaire minimum. Or, le salaire minimum augmente et augmentera encore, plus ou moins rapidement. La seule façon de protéger les marges de profit est d'augmenter les prix ou d'essayer, dans la mesure du possible, d'acheter moins cher. Quant à la rotation du personnel, elle coûte cher en formation (aussi courte soit-elle), une formation qui ne rapporte presque rien puisque l'employé partira bientôt.

4. La philosophie de base de la famille Rossy est de vendre des produits à bas prix. Dollarama, plus que Rossy, était connue pour ses prix à 1 $. Or, la direction a abandonné cette philosophie et on trouve maintenant des produits qui peuvent valoir jusqu'à 3-4 $ l'unité. Il est possible que l'entreprise n'ait pas su préparer sa clientèle à ce changement de cap (un problème de communications). Il est aussi possible que les consommateurs n'ait pas digéré cette nouvelle politique.

5. Il y a cependant une autre possibilité. En économie, nous disons d'un bien qu'il est inférieur lorsque sa demande diminue au fur et à mesure que le revenu du consommateur augmente. Se peut-il que les produits de Dollarama tombent dans cette catégorie ? Puisque l'économie croît (même modestement), les consommateurs migreront vers des produits de meilleure qualité, quitte à payer un peu plus cher. Si cela s'avère, le titre de Dollarama pourrait rebondir lors de la prochaine récession.

Conclusion

Malgré ses 1178 magasins, à près de 20 fois les profits par action, le titre de Dollarama n'est pas une aubaine. D'autant plus que son dividende de 0,16 $/action est très peu attractif et sa dette de 1,78 G$ me semble lourde vu un chiffre d'affaires de 3,3 G$ et des liquidités de seulement 181,7 M$.

N'oublions pas, acheter du commerce, c'est acheter de la capacité à transférer la propriété d'un bien d'un individu à un autre tout en faisant un profit au passage. Les actifs tangibles dans ces opérations sont très peu importants. Pensez à Sears et à La Baie.

EXPERT INVITÉ
Tahar Mansour est économiste, Ph.D. et chargé de cours à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

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