Dans la tourmente, Nissan sabre ses estimations de bénéfices

Publié le 24/04/2019 à 10:34

Dans la tourmente, Nissan sabre ses estimations de bénéfices

Publié le 24/04/2019 à 10:34

Par AFP
Le logo de Nissan sur un panneau routier

(Photo: 123RF)

L’année 2018-19 aura été rude pour Nissan, contraint mercredi de sabrer ses estimations de bénéfices au moment où le constructeur d’automobiles japonais tente de reprendre pied après le choc provoqué par l’affaire Ghosn.

Le partenaire du français Renault évalue désormais son bénéfice net à 319 milliards de yens sur l’exercice achevé fin mars, alors qu’il visait 410 milliards. Il publiera ses résultats définitifs le 14 mai.

Par rapport à l’année 2017-2018, la chute est vertigineuse, près de 60 %, même si des éléments exceptionnels liés à la réforme fiscale américaine avaient biaisé la base de comparaison en dopant alors ses profits.

Nissan, pionnier de la technologie électrique avec sa citadine Leaf et fabricant des crossovers Rogue, Qashqai et X-Trail, pouvait se targuer de résultats plutôt florissants au cours de la dernière décennie.

Mais il accumule désormais les déconvenues: fragilisé par un scandale d’inspection de ses véhicules dans l’archipel, il avait déjà dû abaisser ses prévisions en février, et ne semble pas voir le bout du tunnel.

Effet dissuasif

Le directeur financier Hiroshi Karube a attribué cette chute aux dépenses supplémentaires aux États-Unis, au ralentissement de ce même marché américain et de certaines économies émergentes, et « l’impact de la découverte des malversations » qui sont reprochées à Carlos Ghosn. 

Selon M. Karube, l’effet s’est surtout fait ressentir au Japon, sur « de potentiels nouveaux clients » dissuadés par l’affaire.

L’arrestation en novembre de celui qui était alors PDG de Renault, conséquence d’une enquête menée par Nissan depuis de longs mois, a déstabilisé l’alliance franco-japonaise et profondément secoué le groupe nippon, occupé à solder les comptes avec son ancien sauveur et à réformer sa gouvernance.

De nouveau inculpé lundi, M. Ghosn, qui clame son innocence, est dans l’attente d’une décision du tribunal de Tokyo sur sa requête de libération sous caution.

Malgré ses déboires judiciaires, l’intéressé continue à suivre de près l’actualité de Nissan et s’est alarmé à plusieurs reprises du « déclin », de l’absence de « vision » à la tête de l’entreprise qu’il a dirigée pendant près de 20 ans.

C’est que Nissan a engagé un virage stratégique par rapport à l’ère Ghosn marquée par une course aux volumes, en particulier aux États-Unis, où le constructeur avait multiplié les promotions commerciales au détriment de la rentabilité.

« Nous payons ces excès » et cherchons à « normaliser la situation » en mettant davantage l’accent sur l’image de la marque, « la satisfaction du consommateur », a expliqué mercredi le directeur financier.

Dans cette optique, Nissan a mis en place, face aux plaintes de clients, « une campagne d’extension de garantie » sur certains véhicules, initiative qui coûte cher et explique en partie les mauvaises performances.

Fusion en projet ?

Le bénéfice d’exploitation est aussi en berne: il devrait s’établir autour de 318 milliards de yens sur la période d’avril 2018 à mars 2019, contre une précédente prévision de 450 milliards, pour des recettes de 11 574 milliards de yens. 

À la veille de cette révision financière, Nissan avait par ailleurs annoncé la promotion au poste de numéro deux de Yasuhiro Yamauchi, 63 ans. Il passe de « directeur de la compétitivité » à « directeur des opérations » (COO), afin de mieux épauler le patron Hiroto Saikawa dans la tâche de redressement du groupe.

Autre défi de taille pour ce duo, préserver le subtil équilibre avec Renault. Le scénario d’une fusion a refait surface cette semaine dans les médias japonais: selon le quotidien économique Nikkei, citant des sources proches du dossier, la marque au losange a récemment fait à son allié nippon une nouvelle proposition.

Cette initiative, qui n’a été confirmée par aucun des deux camps, « va accentuer les tensions », prévient le Nikkei.

Pour l’heure, les dirigeants de Renault, Nissan et Mitsubishi Motors sont soucieux d’afficher leur entente, sous la houlette du nouveau pilote du partenariat, Jean-Dominique Senard.

Si l’affaire Ghosn a rejailli au niveau politique, on veut là aussi préserver une image d’union, qu’illustre le message d’« attachement » à l’alliance adressé mardi par le président français Emmanuel Macron et le premier ministre japonais Shinzo Abe, en visite à Paris.

Renault détient 43 % de Nissan qui en retour possède 15 % de Renault, mais sans droit de vote, une répartition qui apparaît déséquilibrée aux yeux des Japonais, très attachés à leur autonomie.

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