Cogeco: «un jour, nos revenus aux États-Unis dépasseront ceux du Canada», prévoit Louis Audet

Publié le 10/07/2017 à 19:57

Cogeco: «un jour, nos revenus aux États-Unis dépasseront ceux du Canada», prévoit Louis Audet

Publié le 10/07/2017 à 19:57

Par Stéphane Rolland

Dans un futur pas si lointain, Louis Audet voit le jour où la filiale américaine Atlantic Broadband pèsera plus lourd que le réseau canadien de Cogeco Communications. Il faudra attendre au moins 18 mois avant que l’heure n’arrive. Le câblodistributeur montréalais qui vient de mettre la main sur MetroCast pour un montant de 1,4 G$US (1,8 G$) doit d’abord réduire son endettement avant de recommencer ses emplettes chez nos voisins du sud, affirme son PDG en entrevue avec Les Affaires.

«Encore une couple comme ça et on va devenir plus important aux États-Unis qu’on l’est aujourd’hui au Canada », s’exclame le dirigeant au bout du fil. Il précise que la société génère des revenus de près de 1250 G$ au Canada, comparativement à 650 M$US aux États-Unis (environ 840 M$).

Les perspectives de croissance plus alléchantes au sud du 49e parallèle sont au coeur de la stratégie de l’entreprise québécoise. «Au Canada, nous avons une croissance annuelle de l’ordre de 3%, souligne M. Audet. Nous l’obtenons en offrant de nouveaux produits, en développant l’offre aux entreprises et, parfois, en augmentant nos prix. Au Canada, il ne reste plus de compagnies à acheter, ou très peu. Alors qu’aux États-Unis, il en reste beaucoup. Si vous voulez ajouter une courbe de croissance par acquisition à la courbe de croissance interne, vous n’avez pas le choix d’aller aux États-Unis.»

Avant de signer une autre entente, Cogeco Communications prendra une pause d’au moins 18 mois le temps de réduire son niveau d’endettement qui s’établit désormais à 3,6 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA). L’objectif est de ramener ce ratio à 3 fois d’ici 18 mois. Louis Audet dit avoir une «liste d’entreprises désirables en vue», reste maintenant à savoir si les conditions gagnantes seront réunies le moment venu.

L’achat de MetroCast

Cogeco Communications (CCA) a annoncé lundi qu’elle achètera à Harron Communications tous les actifs exploités sous l’enseigne MetroCast. La transaction s’effectue par l’entremise de sa filiale américaine Atlantic Broadband et est appuyée financièrement par la Caisse de dépôt et placement du Québec. Les réseaux acquis desservent 236 000 foyers et génèrent des revenus de 230 M$US (296 M$). Ils se déploient dans cinq États américains : le New Hampshire, le Maine, la Pennsylvanie, le Maryland et la Virginie. L’entente est soumise à l’approbation des autorités réglementaires et devrait être réalisée d’ici janvier 2018.

Lire aussi : Cogeco achète MetroCast: 5 infos essentielles pour l’investisseur

L’acquisition est un pari sur le potentiel qu’offrent les petites villes américaines desservies par MetroCast, où la concurrence est moins forte, les ménages plus riches et la population ouverte à la consommation de services technologiques plus avancés. Sur seulement 5% de ce territoire, on trouve un fournisseur de télécommunication en mesure d’offrir le trio : téléphonie, Internet et télévision, selon des données présentées aux analystes en conférence téléphonique. 

M. Audet constate que MetroCast et ses concurrents n’ont pas suffisamment investi dans ce petit marché. «MetroCast n’offrait pas de forfait de deux ou trois services, raconte-t-il. Ça crée une situation où l’on peut accroître le nombre de clients et le nombre de services par clients. » En déployant des efforts de ventes supplémentaires, Cogeco pourra augmenter ses parts de marché en offrant des services dont la technologie est «supérieure» à celle de ses concurrents, ajoute son PDG. Il donne en exemple l’Internet à plus haute vitesse et son service télévisuel TiVo.

Malgré les investissements modestes, MetroCast parvenait à générer une croissance annuelle de 7% de son BAIIA. La direction croit être en mesure d’aller chercher un rythme encore plus rapide.

Les faibles dépenses avaient tout de même leurs bons côtés. Elles permettaient à MetroCast d’afficher des marges BAIIA de 53%. Cela se compare avec des marges de 43% pour la filiale américaine Atlantic Broadband. Les dépenses publicitaires exerceront une pression sur les marges élevées de la nouvelle acquisition, mais elles reviendront à la normale «dans quelques années», assure notre interlocuteur.

Des risques

Les mérites de la transaction sont toutefois contrebalancés par la dilution de l’actionnariat et l’endettement plus élevé, croit Tim Casey, de BMO Marchés des capitaux. L’impact de la transaction est «neutre », selon lui. L’analyste juge que la vision optimiste présentée par la direction fait fi des risques avec lequel doit composer l’industrie du câble comme le remplacement vers la technologie sans fil ou le désabonnement au câble pour l’écoute de la télévision. Il maintient sa recommandation «performance de secteur», mais bonifie sa cible de 75$ à 82$.

En entrevue, nous avons questionné M. Audet sur les risques que représentent le désabonnement massif au câble télé, le fameux «cord-cutting». Aux États-Unis, 82% des Américains sont encore connectés à un service télévisuel traditionnel par câble, par satellite ou sur le réseau d’une compagnie de téléphone, répond-il. «Quand vous avez 32% du marché et que les autres joueurs ont plus de la moitié, il reste encore de la place pour aller cherche de la clientèle, nonobstant le “ cord cutting ”. Le désabonnement, ça se fait à un rythme de 1% par année et à un moment donné, ça va se stabiliser. C’est plate, mais ce n’est pas une tragédie. »

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