Ce gestionnaire montréalais a le don de repérer les cibles d'acquisition

Publié le 14/01/2017 à 11:00, mis à jour le 14/01/2017 à 11:01

Ce gestionnaire montréalais a le don de repérer les cibles d'acquisition

Publié le 14/01/2017 à 11:00, mis à jour le 14/01/2017 à 11:01

Par Dominique Beauchamp

Stephen Takacsy est directeur des placement et gestionnaires de portefeuille de Gestion d'actifs Lester.

Décidément, Stephen Takacsy, de Gestion d’actifs Lester, a la main heureuse ou beaucoup de flair.

Si l’examen stratégique annoncé le 12 janvier par Halogen Software (Tor., HGN,9,66$) se conclut par une offre d’achat pour la société, ce sera le 35e placement en portefeuille à s’envoler depuis dix ans, estime le gestionnaire de Montréal.

Le fournisseur de logiciels de gestion du talent d’Ottawa a formé un comité indépendant de son conseil et a retenu les services de la Financière Banque Nationale pour le conseiller, après avoir été approché par des parties intéressées.

Deux analystes estiment qu’Halogen pourrait attirer une offre de 10$ à 15$, soit de deux à trois fois ses revenus de la part d’une rivale ou d’un fonds privé. Les 300000 actions de M. Takacsy ont un coût d’achat moyen de 9$.

Six cibles en 2016 seulement

L’année 2016 a été faste aussi. M. Takacsy a vu partir tour à tour Capstone Infrastructure, QHR Corp., Prism Medical, DirectCash Payments, Sirius XM Canada, Minéraux Opta et Manitoba Tel.

Comme la majorité de ces titres le suggère, M. Takascy aime bien débusquer des sociétés boudées ou méconnues pour les deux-tiers de Fonds d’actions canadiennes Lester qu’il consacre aux titres à moyenne et faible capitalisation.

Ces placements plus volatils complètent le cœur du portefeuille qui est composé de grandes sociétés plus stables telles que BCE(Tor., BCE, 58,11$), Loblaw (Tor., L, 69,75$) ou encore Emera (Tor., EMA, 45,28$).

Pour l’ex-chef des finances du producteur de films Malofilm, toutes ces offres découlent de sa façon d’évaluer ses candidates de placement, souvent en pièces détachées comme il le faisait quand il fournissait du financement aux entreprises chez Richardson Greenshields et à la Banque Royale.

«Une offre n’est pas un critère de placement, c’est la cerise sur le gâteau. Nous recherchons des sociétés qui présentent un bon bilan, qui sont rentables et dont l’action est bon marché. Ça compense le risque de ces sociétés de plus petite taille dont l’action se négocie peu», explique-t-il en entrevue.

La pluparts des candidates de placement ont des liquidités au bilan, génèrent souvent des revenus ou des flux de trésorerie récurrents et versent même un dividende, ce qui suscite invariablement l’attention d’acquéreurs stratégiques, surtout en technologie.

Ce genre de placement exige beaucoup de doigté et de patience pour accumuler un bloc d’actions, cueillir le titre quand il chute et enfin pour attendre que le cours se rapproche de sa valeur économique.

«Les petits fournisseurs de technologie ont souvent une bonne encaisse qu’ils présentent comme un gage de solidité financière aux clients», indique le financier. Halogen dispose de liquidités de 2,15$ par action.

Il faut aussi être opportuniste et agile, reconnaît le directeur des placements.

Halogen est entrée en Bourse à un cours de 11,50$ en 2013 et son titre a rapidement grimpé jusqu’à 16,50$. L’action a ensuite flanché jusqu’à ce qu’un nouveau PDG arrive en novembre 2015 pour faire le ménage. M. Takacsy a acheté la majorité de ses actions en novembre 2016.

D’autres candidates potentielles

D’autres titres en portefeuille feront probablement l’objet d’offres éventuelles.

NeuLion (Tor., NLN, 1,22$) est l’une de celles-là. Dirigés par d’ex-cadres de Computer Associates, l’entreprise de Plainview (New York) offre des solutions numériques interactives aux équipes de sport pour la diffusion en direct de leurs matchs sur tous les appareils.

L’an dernier Disney (NY, DIS, 107,53$US) a payé un milliard de dollars américains pour 33% de BAMtech appartenant à Major League Baseball Technologies.

M. Takascy peut imaginer qu’un média ou qu’une société de technologie se présente un jour au marbre avec une offre de 2 à 3$ pour NeuLion.

Il n’est pas farfelu non plus de penser qu’un jour le fabricant de systèmes de mouvement destinés au marché du divertissement Technologies D-Box(Tor., DBO, 0,52$) soit avalé par des sociétés de simulation ou de projection tels que Imax (NY, 32,85$US) ou Real-D par exemple.

Le fournisseur de solutions de contrôle de réseaux de communications Sandvine Corp. (Tor., SVC, 2,64$) est aussi le type d’entreprise qui serait vulnérable à une offre d’acquisition.

Son encaisse de 0,96$US par action équivaut à la moitié de son cours.

«La société est bien nichée dans l’écosystème des nerds de Waterloo, mais sa performance inégale impatiente certains actionnaires, même si elle vient d’augmenter de 14% un dividende récemment instauré», indique le gestionnaire.

Sandvine se dirige vers une quatrième année consécutive de bénéfices, mais son troisième trimestre a vu une chute de 23% de ses revenus et de 88% de son bénéfice par action.

Le rendement de 3% du nouveau dividende est un bon moyen d’attendre que les commandes de la part des câblodistributeurs rebondissent, note M. Takascy.

Son titre s’échange à un multiple de 1,2 fois ses ventes par rapport à la moyenne de 2,6 fois pour ses semblables.

Le gestionnaire croit aussi que ce n’est qu’une question de temps avant qu’un acquéreur stratégique ne vienne acquérir le fabricant mondial de robinetterie industrielle Velan (Tor., VLN,17,30$) étant donné les 97 ans du fondateur Karel Velan et l’âge de la retraite de ses fils.

«Le président depuis janvier 2015, Yves Leduc, n’est pas un membre de la famille Velan pour la première fois. Il s’efforce de rendre les usines encore plus efficaces et d’améliorer les marges pour relever la valeur de l’entreprise dans l’éventualité qu’un acquéreur se pointe le bout du nez», avance M. Takascy.

Occasions plus rares

Les occasions sont plus rares après plusieurs années de marché haussier si bien que son encaisse de 12% est anormalement élevée.

«Il y a bien une bonne douzaine de sociétés qui nous intéressent, mais les évaluations sont élevées», déplore-t-il.

M. Takascy a notamment ajouté le fabricant d’emballages sophistiqués pour les aliments, les breuvages et les produits de santé Winpak (WPK,45,48$), une industrie familière pour le gestionnaire qui a longtemps détenu le titre de la vedette CCL Industries (Tor., CCL.B, 256,49$).

Winpak n’est pas une aubaine puisqu’il s’échange à un multiple de 21 fois ses bénéfices, mais sa croissance interne et le calibre opérationnel des dirigeants sont assez uniques, dit-il.

Le fabricant tire 80% de ses revenus aux États-Unis. Elle bénéficie donc de l’appréciation du dollar américain. Par contre, le rebond du pétrole augmente le coût de la résine.

Enfin, son bilan ne présente aucune dette et dispose d’une encaisse de 3$ par action.

M. Takacsy a aussi consacré les derniers mois à ajouter à ses placements dans BCE, Algonquin Power & Utilities (Tor., AQN, 11,22$), Emera, Innergex (Tor., INE, 13,98$), Boralex (Tor., BLX, 18,99$) et Pembina Pipelines (Tor., PPL,41,83$) qui forment le cœur de son portefeuille.

«Nous avons acheté en novembre lorsque la hausse soudaine des taux à long terme, provoquée par l’élection de Donald Trump, a fait reculer les titres versant des dividendes élevés», explique-t-il.

Le financier de Montréal ne croit pas que la présidence de Donald Trump changera le régime de l’économie et de l’inflation au point de causer une montée en flèche des taux.

«De deux choses l’une. Soit la mondialisation et la surcapacité continuent d’exercer une force déflationniste ou soit le retour du protectionnisme ralentit l’économie mondiale», fait-il valoir.

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

19/04/2024 | François Normand

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

19/04/2024 | Philippe Leblanc

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

19/04/2024 | WelcomeSpaces.io

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?