«Canadian Tire est sous-évaluée»


Édition du 01 Juin 2019

«Canadian Tire est sous-évaluée»


Édition du 01 Juin 2019

Par Stéphane Rolland

Renato Anzovino a plus d’une vingtaine d’années d’expérience dans l’industrie. Il est également un membre actif de la Société des analystes financiers, à Montréal. Société de gestion d’investissement Heward gère un actif de 735 millions de dollars.

MARCHÉS EN ACTION. STÉPHANE ROLLAND - Vous cherchez des entreprises qui augmentent régulièrement leurs dividendes et qui ont un profil de croissance à un prix raisonnable. Quelle société trouvez-vous attrayante en ce moment ?

RENATO ANZOVINO - Je pense que Canadian Tire (CTC-A, 139,29 $) est une entreprise sous-évaluée. Il y a de l'inquiétude au sujet du Canada et du consommateur canadien, ce qui fait en sorte que l'argent ne se dirige pas vers ce titre. Ça prendra un peu de temps, mais le marché va se rendre compte qu'il s'agit d'une entreprise de qualité. Plusieurs catalyseurs pourraient contribuer à l'appréciation du titre. Le détaillant génère d'importants flux de trésorerie ; il augmente régulièrement son dividende et rachète des actions. Les augmentations du dividende sont une marque de confiance de la direction. L'acquisition d'Helly Hansen devrait commencer à porter ses fruits. Elle leur procure d'ailleurs une plateforme pour vendre à l'international. La valeur du portefeuille immobilier est également sous-estimée et cette valeur pourrait être libérée si l'immobilier est séparé de l'entreprise. En fait, si on séparait l'immobilier, le commerce de détail et les services financiers, l'entreprise vaudrait beaucoup plus.

S.R - Canadian Tire reste un détaillant discrétionnaire. On parle de plus en plus de la possibilité qu'il y ait une récession. N'est-ce pas un risque pour l'entreprise ?

R.A. - C'est vrai que ce serait négatif si nous tombions en récession, mais ce n'est pas ce que nous prévoyons. La croissance économique est lente, mais ça ne va pas si mal. Les investisseurs étrangers évitent le Canada en raison des difficultés du secteur énergétique et des débats entourant la construction de pipelines. Nous pensons que ça finira par débloquer. Nous étions inquiets que les taux d'intérêt augmentent trop rapidement, mais cette inquiétude s'est maintenant dissipée. Aussi, le marché de l'emploi s'en tire bien. De plus, nous avons une des meilleures politiques d'immigration du monde tandis que nous recrutons des immigrants déjà qualifiés, qui sont en mesure de travailler et de contribuer à l'économie.

S.R. - Certains investisseurs craignent le risque lié au portefeuille de prêts des Services financiers Canadian Tire. Comment évaluez-vous ce risque ?

R.A. - C'est vrai qu'il s'agit d'un risque si nous tombons en récession. Comme je vous ai mentionné, ce n'est pas ce que nous anticipons. Ces craintes font toutefois en sorte que la valeur de la division n'est pas reflétée dans la valeur du titre. La direction a d'ailleurs des stratégies pour mitiger les risques, comme la vente des prêts à des tiers. Dans le passé, ils ont fait un travail exceptionnel dans la gestion de cette division. Nous la voyons donc bien plus comme un point positif que négatif.

S.R. - La concurrence d'Amazon représente un risque pour presque tous les détaillants. De quelle manière cela touche-t-il Canadian Tire ?

R.A - Les craintes qu'Amazon détrône Canadian Tire ne se sont pas matérialisées. Canadian Tire est une marque populaire au Canada. Elle a mis l'accent sur le développement de ses propres marques. Si vous voulez leurs produits pour aller camper ou vous acheter un BBQ, vous ne pouvez pas trouver la même marque ailleurs. Elle développe aussi sa stratégie en ligne, qui pourrait éventuellement porter ses fruits.

S.R. - En entrevue il y a quelques années, vous nous aviez déjà parlé de votre optimiste pour Canadian Western Bank (CWB, $). Un peu plus tôt, vous nous parliez de votre espoir que le secteur énergétique canadien prenne du mieux. Cela vous rendrait-il plus optimiste pour cette banque régionale de l'Ouest ?

R.A - Oui, c'est une autre entreprise qui est sur notre écran radar. Nous avons augmenté un peu notre position dernièrement. Il y a plusieurs entreprises en Alberta qui sont sous-évaluées, et si les choses s'améliorent un peu, ça pourrait être très positif pour Canadian Western Bank. Comme nous le mentionnions, il y a une inquiétude ambiante qui flotte sur l'économie canadienne et, plus particulièrement, sur le secteur énergétique dans l'Ouest, et nous pensons que les choses vont s'améliorer. Il faut mentionner que la banque a beaucoup d'activités à l'extérieur de l'Alberta et qu'elle continue de dévoiler de bons résultats. Quand les gens vont avoir plus confiance dans le secteur énergétique, ça pourrait être plus favorable.

S.R. - Nous avons parlé de ce que vous aimez. Maintenant, quel secteur évitez-vous ?

R.A. - Nous n'avons pas d'actions dans le secteur du cannabis. Nous le regardons quand même avec attention. Quand les entreprises commenceront à être rentables, nous y penserons de manière plus sérieuse. Leurs modèles d'entreprises ne sont pas rendus à un point où nous serions à l'aise d'y investir. Si jamais la situation changeait, nous pourrions y investir un jour. Cela dit, le développement du secteur est une autre bonne nouvelle pour l'économie, car les entreprises doivent investir dans l'équipement.

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