Bourse: WestJet peut-elle encore une fois confondre les sceptiques?

Publié le 12/05/2017 à 09:04

Bourse: WestJet peut-elle encore une fois confondre les sceptiques?

Publié le 12/05/2017 à 09:04

Par Dominique Beauchamp

[Photo: 123rf]

Le transporteur WestJet Airlines (WJA, 22,75$) sort à peine de la récession albertaine, qu'il prépare une nouvelle offensive pour nourrir sa croissance à long terme.

La société aérienne de Calgary prévoit lancer un transporteur à prix réduit à la fin de 2017 et se procurer jusqu’à 20 Boeing 787-9 pour offrir de nouveaux vols à l’étranger à compter de 2019.

Les dirigeants y voient une expansion naturelle du plan d’affaires et une source de croissance et de diversification des revenus à long terme, mais la majorité des analystes mettent l’accent sur les risques, dans une industrie gourmande en capitaux, cyclique et concurrentielle.

Avec son nouveau transporteur à bas prix, WestJet cible les quelque 5,5 millions de Canadiens qui se déplacent aux aéroports américains pour économiser, de même que ceux qui n’auraient pas pris l’avion auparavant.

Le transporteur compte aussi attirer les voyageurs américains désireux de visiter le Canada, au moment où sa réputation et sa devise lui sont favorables.

Le lancement d’un transporteur au rabais vise surtout à contrecarrer la percée potentielle de NewLeaf, Canada Jetlines et Enerjet, dans le segment des vols à bas prix. 

Une approche graduelle

Gregg Saretsky, le chef de la direction, fait valoir que WestJet a réussi à maintes reprises à fouetter son industrie et à gagner des parts de marché en attirant de nouveaux voyageurs grâce à son mode de fonctionnement plus flexible et moins coûteux.

Après tout, WestJet exploite déjà 150 appareils Boeing et vole vers presque 100 destinations.

M. Saretsky assure que la création du nouveau transporteur au rabais, ainsi que l’ajout de ses premiers dix gros porteurs, se feront par étapes et selon ses moyens financiers.

WestJet lancera son transporteur au rabais à la fin de 2017 et prendra livraison des nouveaux Boeing 787-9 deux ans plus tard, ce qui lui donnera le temps de mener à bien ces deux projets de front tant sur le plan opérationnel que financier.

Son transporteur à prix réduit utilisera initialement dix de ses Boeing 737-MAX reconfigurés pour 189 sièges (au lieu de l’actuel 168).

Et pour financer l’achat des 787-800, WestJet repousse à 2022-2024 la livraison des appareils 737 MAX déjà commandés.

Un analyste inquiet

Cameron Doersken, de la Financière Banque Nationale, avec l’équivalent d’une recommandation de vente et un cours cible de 20 $, craint que WestJet ne mène tout simplement trop de projets stratégiques de front, ce qui augmente les risques d’exécution.

La stratégie internationale consommera beaucoup de capital. Le prix d’achat des premiers dix Boeing 787-9 commandés atteint 2,7 milliards de dollars américains, bien que des rabais de la part des fabricants soient fréquents.

M. Doersken croit aussi que WestJet sera forcée d’offrir des promotions pour séduire les clients sur des routes déjà bien desservies à l'iternational.

Quant au transporteur au rabais, les concessions qu’il exigera de la part des employés pourraient envenimer le climat de travail et même encourager les employés à se syndiquer. 

Le 12 mai, 62% des 1400 pilotes de WestJet ont voté pour former un premier syndicat de pliotes afin de protéger leurs acquis. M.Saretsky s'est dit déçu, mais a promis d'engager un dialogue constructif avec eux. 

Tout est dans l’exécution

Même l’analyste le plus favorable à l’expansion internationale, Turan Quettawala, de Banque Scotia, élabore trois scénarios dotés de cours cibles qui varient de 13,85 à 35 $.

Ce fossé reflète à la fois les énormes coûts fixes des transporteurs aériens et la sensibilité aiguë de leur évaluation à toute variation du bénéfice d’exploitation.

L’analyste rappelle aussi qu’au lancement de son transporteur régional Encore et de son service Plus en 2013, WestJet avait connu des turbulences.

«La stratégie internationale tombe sous le sens étant donné l’ambition de WestJet de devenir le véritable deuxième transporteur national au pays et de capturer plus de voyageurs d’affaires», dit-il.

Le potentiel est substantiel si WestJet exécute bien, estime M. Quettawala.

L’analyste prévoit que WestJet déploiera sept Boeing 787-9 vers l’Europe et trois vers l’Asie.

La mise à la retraite des appareils Boeing 767 limitera la hausse de la capacité de vol à 4 % en 2019, prévoit-il.

À court terme toutefois, l’analyste établit son cours cible à 25 $.

Chez TD Valeurs mobilières, Tim James ne recommande pas l’achat de WestJet, même s’il gonfle son cours cible de 24 à 27 $.

« La contribution potentielle des nouvelles initiatives pourrait accroître les profits à long terme, mais le titre n’incorporera pas leur valeur avant qu’on connaisse les détails concernant les prix et les destinations », explique-t-il.

M. James suivra de près le rendement du capital investi, qui est déjà 3 % inférieur au bas de la fourchette de ses objectifs internes de 13 à 16 % depuis quatre trimestres, pour prendre la mesure des nouveaux projets d’expansion.

Fadi Chamoun, de BMO Marchés des capitaux, voit aussi du mérite dans l’achat d’avions Boeing 787-9 pour assurer de nouvelles destinations internationales.

Stratégiquement, WestJet pourra servir les clients-chasseurs de bas prix avec son nouveau transporteur au rabais, les clients attentifs aux prix avec sa marque WestJet et les clients "de luxe" avec ses classes économie plus, économie et affaires de ses nouveaux Boeing 787-9.

WestJet pourra aussi diriger les passagers de ses vols régionaux Encore vers ses nouvelles destinations internationales.

M. Chamoun prévient toutefois qu’il sera plus difficile pour WestJet de faire croître le nombre de passagers à l’international en misant sur sa structure de coûts plus faible, comme ce fût le cas au Canada.

L’investisseur doit aussi soupeser l’érosion des flux de trésorerie et du rendement du capital à court terme de la nouvelle stratégie, par rapport à son éventuelle récompense financière, dans 3 à 5 ans.

« À court terme, le titre est probablement cloué au sol étant donné l’absence d’élément déclencheur pour relever son évaluation tant du point de vue des marges que du taux de croissance de ses bénéfices », indique M. Chamoun, qui fixe sa cible à 23 $.

Chez Canaccord Genuity. Doug Taylor, préfère le titre d’Air Canada (AC, 14,89 $) à celui de WestJet parce que ses perspectives sont plus visibles.

 

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