Bois d'oeuvre : des occasions, même en plein différend commercial


Édition du 10 Décembre 2016

Bois d'oeuvre : des occasions, même en plein différend commercial


Édition du 10 Décembre 2016

Par Dominique Beauchamp

[Photo : Shutterstock]

Malgré la menace de droits compensatoires américains qui pèse sur le bois d'oeuvre, les titres de ses producteurs restent attrayants, estiment plusieurs financiers.

Martin Roberge, stratège quantitatif de Canaccord Genuity, les recommande à nouveau depuis la fin d'octobre parce que la hausse de la demande de bois aux États-Unis et en Chine survient au moment où les stocks des producteurs sont bas.

Si les titres faiblissaient à l'annonce des droits, au printemps de 2017, ce serait une nouvelle occasion de les acheter, dit-il.

Une opinion que partage Sean Steuart, analyste chez TD Valeurs mobilières.

«L'évaluation des titres reflète à la fois les bons résultats financiers récents, la hausse des ventes de maisons aux États-Unis et un dénouement réaliste du différend commercial», explique-t-il.

Les titres se négocient à un multiple de 5 fois leur bénéfice d'exploitation, par rapport à leur moyenne de 6,2 fois à long terme.

Mauvaise surprise encore possible

M. Steuart s'attend à ce que la coalition américaine du bois d'oeuvre demande des droits compensatoires élevés - qui pourraient atteindre jusqu'à 40 %, selon certains observateurs - parce que les importations canadiennes de bois sont les plus élevées depuis 2006-2007.

Ces demandes devraient toutefois baisser jusqu'à 22 % au fil des négociations, comme par le passé.

«Les demandes élevées du lobby américain pourraient effrayer des investisseurs, mais ce serait alors l'occasion de cueillir à nouveau ces titres en Bourse», soutient l'analyste de la TD.

Les titres du secteur réagissent surtout aux mises en chantier américaines qui sont probablement à mi-chemin de leur récupération, surtout dans le créneau des maisons unifamiliales, évoque Philippe Capelle, analyste chez Groupe Investors.

Le cours affaibli du huard signifie que les producteurs canadiens obtiennent déjà le prix le plus élevé en 10 ans pour leur bois. «Les producteurs locaux réalisent donc de bonnes marges», précise M. Capelle. La hausse récente des taux américains est un autre facteur à garder à l'oeil. Tant que leur remontée reste ordonnée et qu'elle provient d'une accélération économique, les mises en chantier ne devraient pas trop en souffrir.

West Fraser, la valeur sûre

Le titre favori de M. Steuart est le chef de file nord-américain West Fraser Timber (WFT, 47,89 $). L'imposition de droits compensatoires ne touche que 18 % de ses revenus totaux.

De plus, non seulement le producteur de Vancouver a-t-il 9 % du marché américain du bois de construction, mais l'entreprise affiche un bilan sain.

Après une période d'investissements, ses scieries sont plus productives qu'avant et dégagent des flux de trésorerie croissants que la société partage avec ses actionnaires en rachetant 5 % de ses actions par année et en versant un dividende, ajoute l'analyste.

Daryl Swetlishoff, de Raymond James, rappelle qu'environ la moitié des droits compensatoires sera graduellement récupérée par une hausse des prix, comme cela a été le cas de 2001 à 2006.

«Une fois l'incertitude dissipée, le titre de West Fraser devrait évoluer de nouveau en fonction de l'amélioration fondamentale de la demande de bois d'oeuvre», indique-t-il.

Hamir Patel, de Marchés mondiaux CIBC, s'attend à ce que le rattrapage graduel de la construction résidentielle se poursuive jusqu'en 2020. L'analyste table sur une amélioration de 13 % des mises en chantier américaines en 2017, après le bond de 6 % de 2016.

Puisque West Fraser est la valeur sûre de l'industrie, son gain potentiel de 9,3 % est modéré, si l'on se fie au cours cible moyen de 53,45 $ de huit analystes.

Le deuxième producteur Canfor (CFP, 14,69 $) récolte un peu plus de recommandations d'achat et le cours cible moyen de 19,17 $ laisse espérer une appréciation potentielle de 30,5 %.

M. Patel, de CIBC, s'attend à une hausse de 17 % du prix du bois d'oeuvre en 2017, après celle de 10 % de 2016.

Par contre, l'ajout de cinq millions de tonnes de capacité dans l'industrie de la pâte en 2017, notamment en Asie, risque de faire plafonner les prix, au moment où les coûts d'achat de la fibre augmentent. La pâte contribue à 30 % du bénéfice d'exploitation de Canfor, et au double de la proportion chez West Fraser.

Un choix moins classique

M. Capelle attire l'attention sur le producteur Western Forest Products (WEF, 1,81 $) dont seulement 30 % des volumes de bois seraient sujet aux droits compensatoires américains. Il lui est aussi plus facile de refiler les hausses de prix de son bois de cèdre rouge de spécialité.

L'entreprise écoule également 26 % de son bois en Chine et au Japon.

L'entreprise de Colombie-Britannique dispose du meilleur bilan de l'industrie. Son encaisse de 194 M$ lui fournit un bon coussin pour traverser les turbulences à venir.

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de West Fraser (WFT, 47,89 $)

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Cours cible : 53,46 $

Source : Bloomberg

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