Enfin un pivot pour ce pro montréalais de l'approvisionnement?

Publié le 22/03/2019 à 13:46

Enfin un pivot pour ce pro montréalais de l'approvisionnement?

Publié le 22/03/2019 à 13:46

Par Dominique Beauchamp

Tecsys titre 46% de ses revenus des solutions de gestion de la chaîne d'approvisionnement du secteur de la santé.

En affaires depuis 1983 et en Bourse depuis 1998, le fournisseur de logiciels de gestion de la chaîne d’approvisionnement Tecsys (TCS, 14,95$) se rapproche un plus plus d’un pivot.

Plusieurs financiers espèrent voir l’entreprise méconnue de Montréal enfin récolter les fruits d’un long parcours qui l’a mené à servir deux créneaux: les hôpitaux américains et les distributeurs dont la logistique est complexe.

Ces deux niches intéressent peu les géants des TI semble-t-il, car les solutions intégrées exigent beaucoup de personnalisation.

Personne ne prévoit une montée en flèche des ventes ni des profits à court terme, mais une croissance annuelle de plus de 10% des revenus et le retour éventuel à une marge d’exploitation supérieure à 10% sont envisageables d’ici trois ans, croit Stephen Hui, associé chez Gestion Pembroke.

Le patience reste de mise parce que Tecsys passe d’un modèle de vente de licences et d’entretien à un autre de logiciels en tant que services (SaaS), prévient Gavin Fairweather, de Cormark Valeurs mobilières.

«Les revenus seront échelonnés dans le temps, ce qui affaiblira la rentabilité pendant encore un an ou deux. Éventuellement, ces revenus récurrents auront plus de valeur en Bourse», explique l’analyste.

Le 4 mars, l’analyste a donc réduit de 17 à 15$ son cours cible sur le titre qu’il suggère dorénavant de conserver.

Cette transition est coûteuse, car la société perd initialement les revenus de licences alors qu’elle doit dépenser pour héberger les services dispensés, explique M. Hui dont le fonds est actionnaire de Tecsys depuis 2012.

À court terme, l’achat du petit fournisseur ontarien de solutions de gestion des commandes de détail distribuées OrderDynamics et du spécialiste danois PCSYS de la gestion d’entrepôts et de l’étiquetage, nuiront aussi aux marges.

«PCSYS est une première vraie percée en Europe qui pourrait servir de tremplin pour une expansion dans le vieux continent. OrderDynamics apporte plutôt des outils pour les PME qui leur permettront de contourner Amazon ou d'autres intermédiaires», croit Justin Keywood, de GMP Valeurs mobilières.

Pour fouetter sa performance, la société vient de recruter un transfuge d’Oracle pour diriger l’équipe élargie des ventes.

Tecsys fait aussi appel à divers partenaires, dont la vedette américaine Workday (WDAY, 188,12$US) pour rehausser la crédibilité de ses solutions.

M. Hui reconnaît que la barre est haute à franchir pour une entreprise au parcours assez erratique tant en Bourse qu’à l’interne.

Au récent troisième trimestre, les nouveaux contrats signés et le carnet de commandes ont tous deux atteint un record.

Par contre, Tecsys a encore une fois déçu en dévoilant une perte de 0,11$ par action et un léger déficit d’exploitation de 100000$ abstraction faite de divers frais non récurrents.

Quatre des financiers consultés gardent toute de même espoir que le point de bascule se rapproche tout de même.

Après une période d’investissements élevés, M. Keywood de GMP, prévoit que le bénéfice d’exploitation rebondira de 1,6M$ en 2019 à 9,6M$ en 2020.

Andrew McGee, de la Financière Banque Nationale, s’attend à une hausse de 9% des revenus, sans l’effet des acquisitions, et à une marge de 6,6%, en 2020.

Le cours cible de 18$ des deux analystes représente un multiple de 2,5 fois les ventes, un ratio qui se situe au bas de la fourchette de ses entreprises similaires.

Des vents plus favorables

Outre l’adoption généralisée des logiciels en tant que services, Tecsys devrait bénéficier du fait que les hôpitaux américains sont plus disposés à dépenser après deux ans de paralysie suscitée par la réforme de la santé.

Un client de Tecsys a réduit ses stocks de fournitures médicales par 30% ce qui a libéré certains employés pour d’autres tâches à valeur ajoutée, a donné en exemple M. Keywood.

Aussi, de nouvelles règles exigent un suivi assidu des fournitures médicales et des médicaments, unité par unité, pour des raisons de sécurité.

Tous ces facteurs expliquent le bond de 42% des nouveaux contrats signés au troisième trimestre, ajoute l’analyste. La valeur de ces nouveaux contrats croît depuis trois trimestres, précise M. Hui.

Tecsys passera aussi en 2020 le cap des 100M$ de revenus, ce qui lui devrait lui procurer un profil plus robuste auprès des intégrateurs en TI.

À plus long terme, il est clair que Tecsys serait une cible potentielle pour un acquéreur stratégique comme tant de fournisseurs canadiens de logiciel avant elle, note M. Keywood.

Surtout que Tecsys verse un dividende et dispose de liquidités de 11,3M$.

Les frères Peter et David Brereton, qui détiennent 29% des actions, préfèrent sans doute amener la société plus loin avant d’envisager une telle vente, croit M. Hui.

Incidemment, David Alan Booth, administrateur depuis 2016, vient de se procurer ses premières actions de Tecsys. Il a acheté 130000$ d'actions au cours de 13,65$ la semaine dernière. 

Dans l’intervalle, la société devra présenter une performance plus régulière pour s’apprécier davantage en Bourse.

Après un fort rebond de 20,9% depuis le début de l’année, son titre s’échange à un multiple de 38 fois le bénéfice prévu dans un an.

Son industrie se négocie toutefois en fonction du bénéfice d’exploitation. Sur cette base, le multiple de 20 fois de Tecsys dépasse celui de 18 fois du groupe repère.

 

 

 

 

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