Lassonde ne délocalisera pas sa production aux États-Unis, mais…

Publié le 16/05/2017 à 21:32, mis à jour le 17/05/2017 à 08:40

Lassonde ne délocalisera pas sa production aux États-Unis, mais…

Publié le 16/05/2017 à 21:32, mis à jour le 17/05/2017 à 08:40

Par Stéphane Rolland

Si les astres s’alignent, Industries Lassonde(LAS,A, 233,76$) pourraient envisager de délocaliser une partie de sa production aux États-Unis pour profiter encore plus de la baisse d’impôt des entreprises promise par l’administration Trump, répond Jean Gattuso, le président et chef de l'exploitation du producteur de jus de Rougemont. Bien d’autres facteurs rendent toutefois ce scénario peu probable pour l’instant, assure-t-il.

L’administration Trump promet de faire passer le taux d’impôt des entreprises de 35% à 15%. «Si le taux se ramasse à 15%, c’est sûr qu’on se poserait la question», répond M. Gattuso, en entrevue en marge de l’assemblée annuelle de l’entreprise derrière les jus Oasis. «Après, on va devoir se poser la question sur le taux de change. Si je produis aux États-Unis et que je dois racheter ma caisse avec un dollar canadien trop faible, je ne suis pas plus avancé. Le prix du carburant a aussi un impact. On vend un produit pas cher qui est lourd à transporter.»

Bien des observateurs de la scène politique américaine anticipent que la Maison-Blanche ne parviendra pas à obtenir la totalité de la réduction promise. En entrevue, Guy Blanchette, chef de la direction financière de Lassonde, évoque une diminution du taux d’imposition à 20%, une thèse qui circule dans la presse américaine. «À 20%, le taux au Canada ne serait pas si différent, précise-t-il. Ce n’est pas assez important [pour envisager le déménagement de certaines activités]. »

Au bout du compte, une baisse de la contribution fiscale des entreprises aux États-Unis sera favorable au producteur québécois, qui réalise près de 44% de ses ventes au sud de la frontière.

Les sociétés pourraient perdre le droit de déduire les frais d’intérêt, mais la baisse du taux d’imposition compensera cette déduction, croit le chef des finances. M. Gattuso, pour sa part, ne s’inquiète pas des visées protectionnistes de l'imprévisible président américain. Le libre-échange ne touche que 5% de sa production. Le reste est réalisé dans le pays où la denrée est consommée. «Encore une fois, on vend un produit qui n’est pas cher, mais qui est lourd à transporter», répète-t-il.

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Le jus et la santé

En entrevue, Jean Gattuso a reconnu que la mauvaise presse entourant la quantité de sucre dans les jus de fruits a eu un impact négatif sur le marché. Le dirigeant a d’ailleurs passé près du tiers de sa présentation aux actionnaires à vanter les «mérites nutritionnels» du jus «fait à 100% de fruits». «Ça a eu un impact, admet-il. Le consommateur ne s’y retrouve plus. On s’est fait comparer aux boissons gazeuses. On ne parle pas de la même chose!»

Dans son ensemble, le marché du jus décline en raison de la mulitiplication de l'offre. En plus de l’eau, du lait, des boissons gazeuses et du jus, de nouvelles boissons comme les boissons énergisantes s’ajoutent à l’offre et grugent des parts de marché. Autrement dit, il y a une limite à ce que la vessie du consommateur peut contenir.

Dans ce contexte défavorable, Industries Lassonde parvient tout de même à accroître ses bénéfices en misant sur la consolidation du marché et sur l’innovation de ses produits. Le dirigeant présente l’Oasis HydraFruit, qui combine de l’eau de source et du jus afin de réduire la quantité de calories, comme exemple.

Acquisitions

En ce qui a trait à la consolidation, le producteur québécois est toujours à la recherche d’acquisitions. Le marché du jus vendu sur les étalages aux États-Unis est encore fragmenté et il recèle encore des occasions, donne en exemple M. Blanchette.

Leon Aghazarian, de la Financière Banque Nationale, estime qu’avec un ratio d’endettement net à 1,4 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA), la société a la latitude pour faire d’autres acquisitions. La direction pourrait amener ce ratio à 4 fois, si la bonne occasion se présente, rapporte l’analyste. Selon lui, Cliffstar, une division de Cott Corp (Tor., BCB), serait une cible possible.

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