De nombreux investisseurs s'interrogent sur la valeur de l'entreprise.
Déçu par un accueil froid des marchés, WeWork, qui a lancé une véritable révolution des bureaux partagés et dont les pratiques comptables sont controversées, a décidé de repousser son introduction en Bourse « d’ici à la fin de l’année ».
« The We Company attend avec impatience sa prochaine introduction en Bourse, que nous espérons effectuer d’ici la fin de l’année », a déclaré dans la nuit de lundi à mardi la maison mère de WeWork, confirmant des informations de l’AFP.
Un peu plus tôt, une source sous couvert d’anonymat avait indiqué que l’entreprise allait probablement repousser à octobre, voire plus tard, son arrivée à Wall Street.
Créé en 2010 à New York, WeWork n’a pas donné les raisons de ce report, mais d’après la même source proche du dossier de nombreux investisseurs s’interrogent sur la valeur de l’entreprise, passée de 47 milliards de dollars lors de la dernière collecte de fonds en début d’année à moins de 20 milliards la semaine dernière.
WeWork devait démarrer la veille la tournée de promotion de l’entreprise auprès de potentiels investisseurs (roadshow) pour un baptême du feu la semaine du 23 septembre sur le Nasdaq. La société compte y faire échanger ses titres sous le symbole boursier « WE », selon des documents adressés vendredi dernier au gendarme de la Bourse, la SEC.
Ce report traduit les difficultés de WeWork à apaiser les craintes des marchés à la fois sur son modèle économique et sa gouvernance.
Perte
Il montre aussi les difficultés qu’ont désormais les licornes, ces jeunes pousses technologiques dont la valeur a dépassé le milliard de dollars bien avant leur entrée en Bourse, à séduire des marchés un peu plus regardants.
Le groupe japonais Softbank, un des gros actionnaires de WeWork, poussait pour un report et envisageait d’investir 1 milliard de dollars supplémentaires dans l’entreprise, selon des sources bancaires. Soutenu par l’Arabie saoudite, il a déjà investi un peu plus de 10 milliards dans WeWork.
WeWork a pourtant joué son va-tout vendredi dernier pour sauver son entrée en Bourse : elle a notamment annoncé une série de mesures pour améliorer sa gouvernance et réduire l’influence de son PDG, Adam Neumann.
WeWork a par exemple diminué de moitié les droits de vote attachés à la classe d’actions dont dispose M. Neumann et assuré qu’aucun autre membre de sa famille ne fera partie du conseil d’administration.
« Tout PDG qui succédera à Adam sera choisi par les membres de notre conseil d’administration, de façon collégiale. Nous ne nous reposerons pas sur un comité de succession », avait affirmé l’entreprise.
Une précision importante parce que Rebekah Neumann, la femme d’Adam et cousine de l’actrice Gwyneth Paltrow, détient le titre de cofondatrice et de responsable de la marque entre autres.
Outre la gouvernance, les marchés s’interrogent sur la capacité de Wework à gagner de l’argent assez rapidement.
La société a essuyé une perte nette de 1,9 milliard de dollars l’an dernier et présentait un déficit de 690 millions au premier semestre de l’année en cours.
Une des conséquences du report du baptême boursier est que WeWork n’aura pas accès à une ligne de crédit de 6 milliards de dollars qu’un consortium de banques, emmené par JPMorgan Chase et Goldman Sachs, s’était engagé à lui octroyer.
Avec ses cafés gratuits, ses canapés et ses cloisons vitrées, WeWork est l’exemple le plus emblématique du « coworking » apparu dans les années 1990 et devenu ces dix dernières années l’une des grandes tendances de l’immobilier de bureaux.