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Un «grand trou» dans un réservoir de la pétrolière Aramco

AFP|Publié le 24 novembre 2020

Cette usine attaquée par des Houthis fournit des produits raffinés, y compris du kérosène, à l’ouest du pays.

Le géant pétrolier Saudi Aramco (2222) a annoncé mardi qu’une frappe des rebelles Houthis du Yémen sur son usine de Jeddah avait fait un « grand trou » dans le toit d’un réservoir de pétrole, déclenchant une explosion et un incendie qui a été rapidement éteint.

Les rebelles yéménites, soutenus par l’Iran, ont tiré un missile lundi contre un site d’Aramco, situé dans cette grande ville de l’ouest de l’Arabie saoudite, déclenchant l’incendie d’un réservoir de pétrole.

« Il y a des dégâts importants sur le toit lui-même, c’est un grand trou de presque deux mètres sur deux mètres », a déclaré le directeur de l’usine, Abdallah al-Ghamdi, lors d’une visite avec la presse organisée par l’entreprise, fait rare pour ce mastodonte qui pèse lourd sur le marché mondial du pétrole.

Un journaliste de l’AFP sur place a constaté que le bord supérieur du réservoir avait été noirci par le feu et les rampes déformées par la chaleur: « Le feu a été éteint en très peu de temps, il n’a fallu qu’environ 40 minutes pour provoquer un incendie majeur dans un réservoir aussi important », a ajouté le directeur de l’usine, confirmant qu’il n’y avait pas eu de victimes.

 

« Résilience »

Cette usine, qui compte au total 13 réservoirs, fournit des produits raffinés, y compris du kérosène, à l’ouest du pays.

Fleuron de l’économie saoudienne, Aramco revêt une importance capitale pour le premier exportateur mondial de brut. La société a été introduite à la Bourse de Riyad en décembre dernier et sa capitalisation boursière a un temps dépassé les 1 500 milliards de dollars. 

Le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, a condamné une attaque qui « contredit les affirmations des Houthis de mettre fin au conflit » au Yémen.

« Les Houthis doivent cesser leur agression et travailler avec les Nations unies pour parvenir à la paix », a-t-il déclaré sur Twitter.

Les Houthis ont multiplié les attaques contre l’Arabie saoudite qui a pris la tête d’une coalition militaire qui intervient au Yémen depuis 2015 pour appuyer les forces du gouvernement contre les rebelles.

En septembre 2019, des attaques contre des installations d’Aramco dans l’est de l’Arabie saoudite en septembre avaient provoqué d’importants dégâts et réduit momentanément de moitié la production de pétrole du pays.

Les Houthis avaient également revendiqué cette attaque, mais Riyad et Washington avaient accusé Téhéran de l’avoir « parrainée ». L’Iran nie fournir des armes aux Houthis, mais ne cache pas son soutien politique aux rebelles.

« Ce qui s’est passé hier est une autre attaque hostile, similaire à ce qu’il s’est passé » en septembre 2019, a déclaré Abdallah al-Ghamdi.

« Cependant, cela ne fera que démontrer la résilience d’Aramco et prouvera la fiabilité de notre approvisionnement énergétique dans le royaume et au-delà », a-t-il ajouté.

 

« Terroristes » ?

Les attaques aériennes des Houthis, qui contrôlent la capitale Sanaa et la majorité du nord du Yémen, ont principalement visé les provinces du sud saoudien le long de leur frontière commune. Mais Jeddah se trouve cependant à quelque 600 kilomètres de cette frontière.

L’attaque de Jeddah intervient alors que Washington se prépare à ajouter à sa liste « d’organisations terroristes » les Houthis, une démarche inquiétant des humanitaires qui craignent qu’une telle mesure n’entrave l’acheminement de l’aide au Yémen.

Après plus de cinq ans de guerre, le pays le plus pauvre de la péninsule arabique est déjà plongé dans la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU.

Le conseil à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Robert O’Brien, a déclaré lors d’une visite à Manille lundi que les États-Unis « gardaient toutes leurs options ouvertes », exhortant les Houthis à « s’engager dans un processus de paix de bonne foi ».

Le 11 novembre, l’ONU a fait état de l’absence progrès vers une solution politique et un arrêt de la guerre tout en alertant contre le risque d’accentuation de la crise humanitaire.

En septembre 2019, un groupe d’experts, créé par le Conseil des droits de l’Homme, a dénoncé la « multitude de crimes de guerre » commis par les Houthis ainsi que par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite.