Jusqu’à présent cette année, 420 introductions en bourse ont été lancées sur les marchés boursiers américains.
Airbnb et DoorDash font leurs débuts à Wall Street cette semaine, clôturant « un défilé de licornes » à s’introduire en bourse en cette fin d’année, un bon cru 2020 nourri par l’abondance de liquidités sur les marchés.
Ces « licornes » (entreprises non cotées valorisées à plus d’un milliard), dont les valorisations se chiffrent parfois à des dizaines de milliards de dollars, sont surtout concentrées dans la technologie.
C’était le cas du groupe d’analyses de données et de renseignements Palantir et de Snowflake, la société de stockage de données via le cloud (informatique à distance), tous deux introduits en trombe à la bourse en septembre.
Cette semaine voit l’arrivée des services à la demande DoorDash, mercredi, un spécialiste des livraisons de repas et Airbnb, jeudi, la plateforme de locations d’appartements. En début de semaine prochaine, ce sera au tour du site de commerce en ligne Wish.
Ces start-ups devraient profiter d’un marché en appétit pour ces jeunes entreprises qui promettent une croissance rapide alors qu’elles tirent avantage des changements de mode de vie à cause de la pandémie.
Selon StockAnalysis.com, 420 introductions en bourse (IPO) ont été lancées sur les marchés boursiers américains jusqu’à présent cette année, soit 88 % de plus qu’il y a un an à la même époque.
Record
Les entreprises ont levé quelque 144,8 milliards de dollars en bourse jusqu’à présent cette année, un record sur les 25 dernières années, surclassant les 108 milliards levés en 1999 lors de la bulle internet, selon Dealogic.
« On assiste à l’entrée en bourse des plus grosses entreprises technologiques des cinq à sept dernières années, comme Palantir », a déclaré à l’AFP Dan Ives, analyste de Wedbush.
L’enthousiasme de Wall Street est particulièrement fort pour « les valeurs à croissance durable » dans des secteurs tels que le commerce électronique, la cybersécurité et le « cloud », a noté M. Ives.
« Il s’agit de battre le fer pendant qu’il est chaud, car il y aura une correction du marché », assure Rob Enderle du cabinet d’analyse du secteur tech, Enderle Group.
Le service de livraison de repas et de courses DoorDash, basé à San Francisco, a récemment augmenté le montant qu’il espère lever à un peu plus de 3 milliards de dollars, ce qui évalue la startup à plus de 35 milliards de dollars, selon Renaissance Capital.
Avec DoorDash, « le défilé des licornes qui entrent en bourse commence », affirme Renaissance Capital.
En juin, le réseau de livraison n’était évalué qu’à 16 milliards de dollars lors d’un tour de financement privé.
Cette activité de livraisons à domicile a explosé pendant la pandémie, les restaurants proposant des options de restauration limitées et les clients craignant d’être exposés au Covid-19.
Des analystes sont sceptiques face à ces valorisations faramineuses et tirent la sonnette d’alarme.
David Trainer, expert chez New Constructs, a averti les investisseurs sur Twitter que l’introduction en bourse de DoorDash lui semblait « la plus ridicule » de l’année.
L’offre de DoorDash « n’a aucune valeur, 0 dollar, au-delà de renflouer les investisseurs privés avant que des investisseurs publics, sans méfiance, ne réalisent que l’entreprise n’est pas viable dans sa forme actuelle », estime-t-il, ajoutant que l’utilisation de DoorDash diminuera probablement avec la résorption de la pandémie.
Rebond des voyages ?
Airbnb, de son côté, qui a vu son activité se dégonfler avec le reste de l’industrie du voyage, promet d’être un meilleur pari une fois que les utilisateurs du monde entier renoueront avec les vacances et le tourisme, a conclu M. Trainer.
Airbnb, basé à San Francisco, prévoit de lever 3 milliards de dollars, ce qui valoriserait le groupe à 42 milliards.
La plateforme de locations de vacances a réussi à renverser la vapeur après quelques mois difficiles au début de la pandémie de coronavirus.
Le groupe sera coté sur la plateforme boursière Nasdaq sous le symbole « ABNB ».
« Il y a une chance maintenant d’obtenir tout l’argent qu’on veut, du moins au cours des deux prochaines années, sans risquer une chute du marché », a déclaré M. Enderle. « Il se peut que tout soit rose avec le vaccin, mais d’ordinaire le monde ne fonctionne pas comme cela ».