Le constructeur de véhicules électriques haut de gamme n’en finit plus d’épater les marchés.
En bondissant de près de 14 % mardi à Wall Street, après un envol de 20 % la veille, le titre de Tesla a continué sa folle ascension à la Bourse new-yorkaise.
Le constructeur de véhicules électriques haut de gamme n’en finit plus d’épater les marchés, même si cette envolée génère aussi un certain nombre d’interrogations.
Une progression affolante
L’action de Tesla a grimpé de plus de 110 % depuis le début de l’année, et de près de 400 % depuis juin.
Avec une valeur d’environ 160 milliards de dollars à Wall Street, Tesla est désormais la deuxième entreprise au monde la plus chère en Bourse du secteur automobile, derrière Toyota, mais devant le poids cumulé des trois principaux constructeurs américains (General Motors, Ford et Fiat Chrysler), de Renault et de PSA.
Cette hausse, quasi-ininterrompue depuis sept mois, s’est accélérée fin janvier à la publication de résultats trimestriels flamboyants. Le groupe dirigé par le fantasque Elon Musk a notamment indiqué qu’il espérait livrer plus de 500 000 voitures en 2020, ce qui représenterait un bond de 36 % sur un an.
Un risque spéculatif ?
Si cette progression reflète la confiance des acteurs du marché dans les voitures électriques, vues par beaucoup comme l’avenir du secteur même si elles n’en représentent pour l’heure qu’une proportion infime, elle pose également la question d’un risque de spéculation.
En matière de production et de livraison, Tesla reste en effet un nain par rapport aux géants du secteur. Avec 367 500 voitures livrées en 2019, le groupe construit environ 30 fois moins de véhicules que le Japonais Toyota ou l’Allemand Volkswagen.
« Quand la bulle du marché implosera, cela aura débuté par le bond des actions de Tesla au-delà du zèle spéculatif », a alerté fin janvier l’avocat et ancien candidat à la Maison-Blanche Ralph Nader.
Preuve de ce sentiment, Tesla fait partie des valeurs les plus vendues à découvert (ou « shortées ») à Wall Street, un terme utilisé pour décrire un titre que les investisseurs empruntent en pariant sur sa baisse prochaine. Selon le cabinet S3 Partners, environ 18 % des actions Tesla sont détenues par de tels investisseurs. À titre de comparaison, moins de 1 % des actions d’Apple ou de Microsoft sont vendues à découvert.
Cette pratique, qui horripile Elon Musk, s’est pour l’heure révélée calamiteuse, les spéculateurs ayant perdu plus de 8 milliards depuis le début de l’année, selon les estimations de S3 Partners.
Le fonds souverain saoudien Public Investment Fund, qui s’est séparé de la quasi-totalité de ses 8,2 millions d’actions Tesla en fin d’année dernière, selon des documents transmis au gendarme boursier américain, doit lui s’en mordre les doigts : s’il les avait conservées, il détiendrait aujourd’hui un pactole de plus de 7 milliards de dollars.
Jusqu’où Tesla peut-il monter ?
En attendant, l’action de Tesla continue de profiter de nombreuses projections d’analystes lui prédisant un avenir radieux, avec une trajectoire se rapprochant davantage des géants de la tech que des traditionnels piliers de l’automobile.
« La dynamique haussière est susceptible de se poursuivre à court terme », estime Daniel Ives de Wedbush dans une note publiée lundi, l’expert insistant sur le potentiel de développement de Tesla en Chine. L’entreprise possède une usine géante à Shanghai et a livré le mois dernier les premiers modèles à ses clients chinois.
Fin janvier, le cabinet de conseil en investissement ARK Invest a estimé que le titre du groupe devrait atteindre les 7 000 dollars en 2024, misant sur une baisse des coûts et une poussée de la demande pour les véhicules électriques.