La direction de Transat demande une aide gouvernementale.
Plus de 2000 licenciements qui pointent à l’horizon, des négociations visant à obtenir du financement et une incertitude persistante à propos de sa vente à Air Canada: Transat A.T. continue d’être secouée par les turbulences provoquées par la pandémie de COVID-19 – à l’instar du reste de l’industrie.
En l’absence d’une aide gouvernementale pour l’industrie, comme cela s’est fait aux États-Unis et en Europe, notamment, et en raison du maintien des restrictions actuelles à l’endroit des voyages internationaux, il sera très difficile pour le voyagiste de stabiliser ses activités, a prévenu jeudi son président et chef de la direction, Jean-Marc Eustache.
«On dirait qu’au Canada, notre industrie n’existe pas, a-t-il déploré au cours d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre. Ils ne semblent pas intéressés, pas seulement par les compagnies aériennes, mais aussi les aéroports.»
Dans la situation actuelle, si rien ne change, les licenciements, qui réduiraient la taille de l’effectif de Transat A.T. d’environ 40%, devraient survenir lorsque la Subvention salariale d’urgence du Canada, qui a été prolongée jusqu’au 19 décembre, prendra fin. Les deux tiers des quelque 5100 employés canadiens de la compagnie font toujours l’objet de mises à pied temporaires – qui avaient été annoncées en mars dernier.
La paralysie de l’aviation commerciale provoquée par le nouveau coronavirus avait incité l’entreprise à clouer ses avions au sol entre le 1er avril et le 22 juillet.
Incapable de prévoir les répercussions à long terme de la crise sanitaire, la société mère d’Air Transat est en «discussions avancées» afin d’obtenir du financement supplémentaire, dont la somme est inconnue. Cela risque cependant d’être conditionnel à la permission d’Air Canada, en raison des modalités de la convention d’arrangement entre les deux parties, ce qui est loin d’être acquis.
Dans un courriel, une porte-parole d’Air Canada, Pascale Déry, s’est limitée à indiquer que la «convention d’achat conclue avec Transat, une entente contraignante pour les parties», demeurait en vigueur.
Au neutre pendant la quasi-totalité du troisième trimestre, Transat A.T. a pigé 157 millions $ – soit environ 1,7 million $ par jour – dans sa trésorerie. À la fin juillet, sa trésorerie et les équivalents étaient de 576,4 millions $, par rapport à 723,8 millions $ il y a un an.
«Ce qui compte vraiment pour le moment, c’est notre liquidité», a souligné M. Eustache.
Pour réduire ses dépenses, Transat A.T. a offert des crédits-voyages, plutôt que des remboursements, à ses clients dont les vols ont été annulés, s’est tournée vers une facilité de crédit de 50 millions $, a retiré des Airbus A310 de sa flotte et renégocié des ententes avec ses fournisseurs.
Beaucoup de questions
La transaction de 720 millions $ qui doit permettre à Air Canada de prendre Transat A.T. sous son aile attend toujours les réponses du gouvernement fédéral ainsi que le verdict de la Commission européenne. Cette dernière doit se prononcer d’ici le 11 décembre.
«Je n’ai jamais pensé que j’attendrais si longtemps pour réaliser une transaction», a lancé M. Eustache, âgé de 72 ans, et qui a passé plusieurs décennies dans l’industrie.
Le voyagiste a réitéré que des facteurs hors de son contrôle pourraient bousculer l’arrangement proposé. Si toutes les approbations sont obtenues, la clôture de la transaction est prévue au quatrième trimestre de l’année civile. Transat A.T. peut repousser jusqu’au 27 décembre la date butoir de sa vente.
«Si Air Canada est toujours intéressée par l’entreprise d’un point de vue stratégique et financier, il est possible qu’une offre moins élevée soit proposée», a souligné Mona Nazir, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, dans une note envoyée par courriel.
Dans le rouge
Au troisième trimestre clos le 31 juillet, Transat A.T. a affiché une perte nette de 45,1 millions $, ou 1,20$ par action. Cette période n’incluait que neuf jours d’activité. À la même période l’an dernier, la perte s’était chiffrée à 1,5, million $, ou 4 cents par action.
Pour leur part les revenus ont totalisé 9,5 millions $, comparativement à 698,9 millions $ au troisième trimestre l’an dernier. Les restrictions de voyages internationaux et les périodes d’isolement imposées par les gouvernements «ont rendu très difficile la vente de voyages», a fait valoir la société.
Sur une base ajustée, le voyagiste a perdu 3,70$ par action au troisième trimestre, alors qu’il avait réalisé un bénéfice ajusté de 16 cents par action à la même période l’an dernier. Les analystes tablaient sur une perte ajustée de 2,32$ par action, selon la firme de données financières Refinitiv.