Pierre Karl Péladeau devient actionnaire minoritaire de Moment Factory
La Presse Canadienne|Mis à jour le 06 septembre 2024Plutôt que de vendre ses concepts, Moment Factory compte ainsi s’associer avec des partenaires locaux pour opérer elle-même les installations, résume Sakchin Bessette. (Photo: Getty Images)
La Financière Outremont, propriété de Pierre Karl Péladeau, devient actionnaire minoritaire de Moment Factory, a appris Le Devoir. Ce fleuron québécois de l’expérience multisensorielle ouvre pour la première fois son capital afin de financer une nouvelle division dans l’entreprise.
Sakchin Bessette et Dominic Audet ont peaufiné leur plan pendant presque deux ans avant de prendre leur décision finale. Après 23 ans à illuminer musées, églises, aéroports, parcs thématiques et autres espaces publics, Moment Factory se devait d’ouvrir son capital afin d’enclencher une nouvelle étape «de diversification», explique M. Bessette.
«Avec les années, on a développé des unités d’affaires qui sont spécialisées dans ces éléments: une équipe de concerts, une équipe d’événements, etc. Puis on s’est diversifié aussi géographiquement. Donc, on a ouvert des bureaux dans différents pays, dans différentes villes, pour avoir un meilleur pouls, une présence locale et une proximité avec nos clients et nos projets. Après, on s’est diversifié en ouvrant des projets signés Moment Factory comme Lumina, Aura. […] Puis, on a diversifié les modèles d’affaires. On a des redevances, des licences pour les logiciels, les services. Maintenant, ce qu’on veut faire, c’est de pouvoir investir dans nos projets.»
Des concerts «hybrides» à l’intelligence artificielle, en passant par les casques de réalité virtuelle pour tester des installations, les murs montréalais de Moment Factory renferment quantité de technologies futuristes. Ces innovations conçues au Québec trouveront écho à travers le monde tout en restant propriété montréalaise grâce à cette nouvelle division destinée à la «distribution».
Plutôt que de vendre ses concepts, Moment Factory compte ainsi s’associer avec des partenaires locaux pour opérer elle-même les installations, résume Sakchin Bessette. «On n’attend pas que quelqu’un vienne nous acheter le projet puis qu’il l’opère, qu’il le gère, qu’il vende les billets. On va nous-mêmes investir dans un projet avec un partenaire. C’est vraiment une division qui est là pour scaler.»
Ce changement d’échelle ne pouvait pas aboutir avec les seuls profits annuels de l’entreprise, dit-il. Il deviendra possible grâce à la Financière Outremont.
De quasi-voisins à partenaires
L’équipe a fait le tour du monde afin de trouver le partenaire financier idéal pour son entreprise hors norme. C’est finalement un bureau familial bien montréalais qui a remporté la mise. La Financière Outremont respectait toutes les conditions souhaitées, raconte Dominic Audet. « On espérait que ça reste québécois, mais on est restés très ouverts pour pouvoir comparer les catégories d’investisseurs partout sur la planète, parce qu’il y a des fois des investisseurs stratégiques qui peuvent nous ouvrir de nouveaux marchés. On est allés voir toutes les possibilités, en espérant que ça finisse québécois. Et puis finalement, le match était parfait. »
Dans une déclaration écrite, Pierre Karl Péladeau s’est réjoui de pouvoir contribuer à l’expansion internationale de Moment Factory, « un pilier des industries culturelles et créatives », selon lui. « Avec ses créations innovantes, [Moment Factory] fait briller le Québec à travers le monde. J’ai été séduit par la vision de l’équipe de direction, leur esprit entrepreneurial, la richesse de leurs talents. »
Ce dernier n’aura toutefois aucun contrôle sur la gestion de l’entreprise et son rôle se cantonnera à celui de soutien financier. C’est bien la Financière Outremont, et non pas Québecor, qui devient actionnaire minoritaire de la firme.
Des projets de la division «distribution» ont déjà commencé à apparaître dans le décor de Moment Factory, qui fait présentement rouler 80 productions autour du monde en même temps. «Il y en a déjà de lancées depuis le début de l’année. Et il y en a une dizaine d’ici la fin de l’année qui vont sortir», dit Dominic Audet. C’est aux États-Unis que la nouvelle formule a débuté, tandis que l’Italie, l’Australie, le Japon ou encore le Royaume-Uni profiteront bientôt de leurs premiers parcours nocturnes Lumina, par exemple.
Si Moment Factory mise aujourd’hui sur un nouveau partenaire pour donner un nouvel élan à sa croissance internationale, ses studios montréalais demeurent plus que jamais au cœur de sa stratégie d’expansion. La métropole québécoise demeure à ses yeux la « base de talents, de créativité et d’innovation » qu’exporte le fabricant d’expériences.
Les succès d’autres fleurons comme « le Cirque du Soleil, Solotech, les jeux vidéo, le cinéma » encouragent les créateurs d’ici, ajoute Sakchin Bessette. « Des succès comme ça, ça rend les choses possibles. Quand tu vois qu’il y a des choses comme ça qui sont possibles, tu te dis que ce n’est pas impossible de rêver. »
Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.
Par Jean-Louis Bordeleau, Initiative de journalisme local