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Macy’s, JC Penney et d’autres au bord du gouffre financier

AFP|Publié le 28 avril 2020

Macys', propriétaire également de l'enseigne Bloomingdale's, se bat actuellement pour sa survie.

Une halte au grand magasin Macy’s, situé à deux blocs de l’Empire State Building, figure souvent sur la liste des activités des touristes à New York. Mais les visiteurs pourraient avoir à trouver un autre temple du magasinage au coeur de Manhattan une fois la pandémie de coronavirus passée.

Macys’, propriétaire également de l’enseigne Bloomingdale’s, se bat actuellement pour sa survie, à l’image de nombreux grands magasins, obligés de fermer leurs boutiques et de mettre au chômage technique des milliers d’employés.

Le choc causé par cette crise sanitaire est si violent que de nombreux experts se demandent s’ils s’en relèveront, car leurs revenus ont été engloutis.

Les ventes des magasins de vêtements et accessoires ont chuté de moitié (-50,5%) en mars d’après le département du Commerce américain, un mouvement qui devrait s’accélérer en avril, mois très affecté par les mesures de confinement pour endiguer la propagation de la COVID-19.

 

Faillites

«Il va y avoir des faillites (car) on n’a pas besoin d’autant de grands magasins, ni de magasins aussi gigantesques», estime Robert Burke, expert spécialisé chez Robert Burke Associates.

À l’heure où elle devrait s’affairer aux collections et articles d’été, Macy’s est davantage préoccupé à lever des milliards de dollars pour se maintenir à flots, d’après des sources bancaires.

La célèbre chaîne a été obligée en mars de mettre au chômage technique la majorité de ses 130 000 employés après avoir fermé tous ses magasins.

«Nous avons perdu la majorité de nos ventes», a expliqué Macy’s, qui a en outre gelé les nouvelles embauches et annulé des commandes.

Il n’est pas certain que l’enseigne s’en remette en raison des incertitudes entourant la reprise de l’activité économique et le futur comportement des consommateurs, dont certains ont perdu leur emploi.

L’agence de notation S&P a par conséquent abaissé la note de solidité financière, estimant que le prolongement de la distanciation sociale était de nature à mettre Macy’s au pied du mur.

Une cascade de faillites de grands magasins n’est pas exclue si les boutiques restent fermées dans les prochains mois.

Les enseignes JC Penney et Nordstrom ne peuvent tenir financièrement que huit mois, a calculé le cabinet Cowen.

La situation est encore plus alarmante pour Kohl’s qui ne peut résister que pendant cinq mois, tandis que Lord & Taylor explore d’ores et déjà différentes options de restructuration.

Ployant sous une énorme dette, le grand magasin de luxe Neiman Marcus, également propriétaire de Bergdorf Goodman, pourrait être le premier domino à tomber.

Il n’a pu honorer récemment une échéance de sa dette, ce qui a poussé S&P à avertir les créanciers que «l’entreprise n’honorera pas de futures échéances de paiements et va chercher à se restructurer hors ou devant les tribunaux».

L’agence de notation fait référence au chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites permettant à une entreprise de se restructurer, souvent au prix de suppressions d’emplois massives, sans la pression de ses créanciers.

 

Mariages?

Symboles de la société de consommation à l’américaine, les grands magasins ont été les moteurs des centres commerciaux géants (« mall ») qui ont essaimé aux États-Unis jusqu’à l’explosion du commerce en ligne.

Leur déclin, commencé il y a une décennie, a été précipité par le succès d’Amazon et de la «fast fashion» (H&M et Zara).

Un genou à terre, les grands magasins ont cherché à se réinventer en développant des plateformes de commerce en ligne et en créant des expériences uniques – cours de yoga, coins beauté, bars éphémères, etc – au sein de leurs boutiques, mais ils sont restés trop dépendants des ventes physiques.

Cette dure réalité a provoqué la faillite en 2019 du grand magasin new-yorkais Barneys, référence historique de la mode pour homme, tandis que Sears est contrôlé maintenant par un hedge fund.

L Brands, propriétaire de l’emblématique marque de lingerie Victoria’s Secret, vient de donner rendez-vous devant les juges à un fonds l’ayant racheté en février après que ce dernier a annoncé vouloir faire annuler la promesse de vente.

Le paysage d’après-crise est celui d’un secteur composé de moins de grands magasins, un à deux en ville contre cinq en moyenne avant la pandémie, estime Robert Burke, d’autant que les marques voudront trouver de nouveaux canaux de distribution pour leurs produits.

«C’est le moment pour les grands magasins de songer à des fusions-acquisitions», enjoint, dans un rapport publié en avril, le cabinet Mckinsey.