« Les inquiétudes sur la macroéconomie ont rattrapé le pétrole », ont résumé les analystes de Goldman Sachs.
Les prix du pétrole ont atteint leurs plus bas en trois mois et demi lundi après avoir perdu près de 12 % en trois séances, les investisseurs fuyant les valeurs à risque en pleine tension commerciale.
En cours d’échanges asiatiques, le Brent a plongé à 60,55 dollars et le WTI à 52,11 dollars, à leurs plus bas depuis trois mois et demi et en baisse d’environ 12 % sur les trois dernières séances.
« Les inquiétudes sur la macroéconomie ont rattrapé le pétrole », ont résumé les analystes de Goldman Sachs dans une note.
Au cœur des inquiétudes du marché, la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.
« Nos économistes estiment que les droits de douane que les deux pays s’infligent pourraient faire baisser le PIB mondial de 0,3 % sur les trois prochaines années, et peut-être plus si la Chine réplique », ont détaillé les analystes de Goldman Sachs.
Or la Chine a haussé le ton dimanche, rejetant l’échec des discussions sur Washington et ne laissant entrevoir à court terme aucune sortie de crise.
Comme la demande de pétrole grimpe avec la croissance de l’économie, tout facteur négatif pour le PIB mondial fait baisser le cours de l’or noir.
Les stocks grimpent
Ces inquiétudes sur la demande sont alimentées par la hausse récente des réserves commerciales de brut aux États-Unis, premier producteur et consommateur mondial.
« Cela pèse particulièrement sur le WTI américain, peu facile à exporter » et donc très dépendant du marché national, a commenté Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
Pourtant, une chute aussi marquée des prix sur les dernières séances « ne s’explique pas par des informations fondamentales propres au marché du pétrole », ont noté les analystes de Commerzbank, qui dressent au contraire une liste de raisons qui devraient soutenir les cours.
Selon des estimations compilées par plusieurs agences financières, la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole a encore diminué en mai, ce qui voudrait dire que « l’OPEP a fourni moins de brut que ses acheteurs ne lui demandaient », ont-ils notamment souligné.
Deux pays de l’OPEP, le Venezuela et l’Iran voient leurs exportations visées directement par des sanctions de Washington tandis que les autres membres de l’Organisation poursuivent leurs efforts de limitation de la production dans le cadre de l’accord de l’OPEP+.
La Russie, qui en fait partie, a enfin atteint en mai son objectif de réduction décidé en décembre, ont dévoilé les agences russes vendredi.
Avec une production en dehors des États-Unis qui ne répond donc plus à la demande mondiale, « la situation est parfaite pour que les réserves mondiales diminuent fortement » dans les prochains mois, estime Tamas Varga, analyste chez PVM.
Tensions à l’OPEP
Il existe cependant un risque que « tout s’écroule à la prochaine réunion de l’OPEP et que l’accord de limitation de la production ne soit pas renouvelé », prévient l’analyste, ce qui ferait monter l’offre de brut sur le marché.
L’OPEP+ doit se réunir à Vienne et décider de reconduire ou non l’accord jusqu’à la fin de l’année. Si la réunion est toujours officiellement prévue pour la fin du mois de juin, la Russie aurait demandé à déplacer cette rencontre au début du mois de juillet.
La dernière réunion, en décembre, avait vu l’Arabie saoudite et l’Iran s’opposer, alors que Téhéran reproche au premier exportateur mondial de soutenir les efforts de Washington pour entraver l’industrie iranienne du pétrole.
Depuis, la tension est montée d’un cran avec des attaques contre des navires-citernes et un oléoduc saoudiens, attribuées par Riyad et Washington à l’Iran.
Les prix remontaient toutefois lundi sans effacer pour autant leurs lourdes pertes des dernières séances, alors que le ministre saoudien de l’Énergie a affirmé qu’il était « confiant ».
« Un consensus commence à émerger entre les pays de l’OPEP+, pour que l’effort de stabilisation du marché continue au deuxième semestre », a déclaré le ministre Khaled al-Faleh à l’agence officielle Saudi Press Agency.
Vers 10H00, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, dont c’est le premier jour d’utilisation comme contrat de référence, valait 62,04 dollars à Londres, en hausse de 5 cents par rapport à la clôture de vendredi.
À New York, le baril américain de WTI pour le contrat de juillet gagnait 32 cents, à 53,82 dollars.