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Les accords de libre échange méconnus des petits exportateurs

La Presse Canadienne|Publié le 19 juillet 2019

L'AECG, quoi?

Le premier ministre Justin Trudeau a exhorté les partenaires européens cette semaine à finaliser l’accord commercial entre le Canada et l’Union européenne, mais un autre défi attend le premier ministre: amener les entreprises canadiennes à utiliser les dispositions de cet accord.

Un récent sondage gouvernemental laisse croire que la grande majorité des petits et moyens exportateurs, qui sont en mesure de tirer parti de l’Accord économique et commercial global, pourrait très bien se dire: L’AECG, quoi?

L’enquête a révélé que seulement 7 pour cent des entreprises sondées connaissaient les détails de l’accord Canada-UE, alors que moins des trois quarts en avaient même entendu parler. Seulement 9 pour cent des entreprises sondées ont déclaré avoir bénéficié de l’AECG et 17 pour cent disaient prévoir le faire à l’avenir.

L’enquête, commandée par le ministère des Affaires étrangères, a posé des questions en ligne à 507 entreprises exportatrices en mars et avril, et comportait également 40 entretiens téléphoniques «approfondis». Le rapport a été remis en juin et l’enquête a coûté plus de 132 000 $.

Les chercheurs ont posé des questions sur environ une douzaine de traités de libre-échange conclus par le Canada et ont découvert que l’AECG n’était pas le seul à nécessiter un coup de pouce promotionnel.

«Au sein des entreprises canadiennes (petites et moyennes), les accords de libre-échange conclus par le Canada étaient relativement peu connus», affirme une analyse qui accompagne les résultats.

«Peu de sociétés ont recours à ces accords de libre-échange, à l’exception de (l’Accord de libre-échange nord-américain).»

L’objectif de l’enquête était de déterminer combien de petites entreprises étaient au courant des plus récents accords de libre-échange conclus par le Canada, dans quelle mesure elles en tiraient parti et quels étaient les obstacles empêchant les entreprises d’accéder à ces marchés étrangers.

L’incertitude entourant les relations commerciales critiques entre le Canada et les États-Unis s’est accrue depuis l’élection du président Donald Trump, ce qui rend la diversification des marchés plus pressante.

En plus de l’AECG, les répondants ont été interrogés sur l’accord conclu par le Canada avec les économies des pays riverains du Pacifique. Ce pacte porte le nom de Partenariat transpacifique global et progressif (PTPGP) et comprend le Japon, la Nouvelle-Zélande et l’Australie.

Comme ce fut le cas pour l’AECG, seulement 7 pour cent des entreprises sondées connaissaient les détails du PTPGP et un peu plus de 70 pour cent en avaient entendu parler. Environ 30 pour cent des répondants ont déclaré qu’ils étaient à tout le moins assez susceptibles de commencer à négocier avec des partenaires du PTPGP.

Les questions ont également abordé d’autres accords de libre-échange. La majorité des entreprises ont déclaré n’avoir jamais entendu parler des accords bilatéraux conclus par le Canada avec l’Ukraine, Israël, le Chili, la Corée du Sud, la Jordanie, le Panama, la Colombie, le Costa Rica, le Pérou et le Honduras.

L’enquête a révélé que la valeur élevée du dollar canadien était perçue comme le principal défi par 69 pour cent des sociétés dans l’exploration de marchés éloignés.

Les résultats ont mis en évidence d’autres problèmes, notamment la réglementation incertaine dans d’autres pays, le manque de contacts, les tarifs, les obstacles linguistiques et culturels et les taxes et permis d’exportation canadiens.

M. Trudeau a évoqué les avantages de l’accord Canada-UE cette semaine à Montréal, où il a rencontré le président du Conseil européen, Donald Tusk, et Cecilia Malmstrom, la commissaire européenne au commerce.

Le Canada a ratifié l’AECG, mais jusqu’à présent, seuls 13 des 28 pays membres de l’UE ont fait de même. Plus de 90 pour cent de l’accord est entré en vigueur en septembre 2017 à titre provisoire, mais toutes les ratifications individuelles sont nécessaires à sa mise en ?uvre intégrale.