L’économie américaine a progressé de 2,1% au 4e trimestre
La Presse Canadienne|Publié le 26 mars 2020Une grosse brèche de l'activité économique des consommateurs suffit pour faire dérailler l’économie américaine.
L’économie a connu une croissance modérée de 2,1 % au quatrième trimestre de 2019, mais de nombreux économistes croient que ce sera le dernier trimestre de croissance pour un certain temps, alors que le pays subit une forte contraction due au coronavirus.
Le département du Commerce a indiqué jeudi, dans son troisième et dernier aperçu du quatrième trimestre, que la croissance était inchangée par rapport à son estimation précédente, mais que les composantes avaient été légèrement modifiées. Les dépenses de consommation ont été légèrement plus fortes, tandis que les dépenses publiques et l’investissement des entreprises ont été un peu plus faibles.
De nombreux économistes pensent que le produit intérieur brut (PIB) deviendra négatif au cours du trimestre de janvier à mars, en raison de l’arrêt soudain de l’activité économique qui se produit actuellement. Certains anticipent une baisse d’environ 6,0 %, avec des reculs beaucoup plus importants au deuxième trimestre.
«Le rapport final sur le PIB du quatrième trimestre n’est rien de plus qu’un regard nostalgique dans le rétroviseur, qui confirme que l’économie se dirigeait vers une profonde récession induite par le coronavirus avec un élan plus modéré», a observé Gregory Daco, économiste en chef pour Oxford Economics.
Une récession est généralement définie par deux trimestres consécutifs de contraction du PIB, et plusieurs croient que le pays est déjà entré dans une récession.
Interrogé jeudi, le président de la Réserve fédérale des États-Unis, Jerome Powell, a affirmé que le pays « pourrait bien être en récession ». Mais lors d’une entrevue pour l’émission « Today » du réseau NBC, il a précisé que la banque centrale était prête à faire plus et que ses efforts de soutien aideraient l’économie à se remettre en forme après ce qui devrait être un bref ralentissement.
La Fed a déjà pris des mesures énergiques pour ramener son taux d’intérêt directeur à un niveau record proche de zéro et fournir des milliards de dollars pour soutenir les marchés de crédit.
Dans un rapport distinct, le gouvernement a indiqué jeudi que le nombre de travailleurs nouvellement mis à pied ayant déposé des demandes de prestations d’assurance emploi avait grimpé à 3,28 millions la semaine dernière, son plus haut bond jamais enregistré en une seule semaine.
Interrogé sur l’énorme augmentation, le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, a indiqué au réseau CNBC que le projet de loi de relance de 2000 milliards $ US adopté jeudi par le Sénat, ainsi que les efforts de l’administration Trump, devraient garantir que les travailleurs mis à pied obtiennent rapidement de l’aide.
Pour le trimestre d’avril à juin, de nombreux économistes prévoient un déclin très prononcé du PIB. Certains s’attendant à un plongeon du PIB de 35 %.
Les économistes de Wells Fargo prévoient que le PIB baissera à une cadence de 14,7 % au deuxième trimestre, ce qui constituerait quand même la plus forte baisse trimestrielle en 73 ans, soit depuis que le gouvernement enregistre des données trimestrielles sur le PIB.
Si les experts s’attendent à une chute aussi sévère au deuxième trimestre, c’est à cause des mesures sans précédent prises par le gouvernement pour fermer une grande partie de l’économie américaine, dans le but de ralentir la propagation du nouveau coronavirus.
De nombreuses restrictions visent à garder les gens chez eux, en isolement, et à l’écart des restaurants, des bars et des cinémas. Les compagnies aériennes et les navires de croisière ont également enregistré une baisse de leur nombre de clients, puisque les voyageurs ont annulé leurs déplacements prévus.
Étant donné que le consommateur représente 70 % de l’activité économique américaine, une grosse brèche dans cette activité suffit pour faire dérailler l’économie.
Si une récession a bel et bien commencé, cela signifierait que la plus longue expansion économique de l’histoire des États-Unis, qui en était à sa 11e année, s’est terminée. Celle-ci avait commencé en juin 2009, après que le pays a traversé une récession de 18 mois qui entamée en décembre 2007 — la pire depuis les années 1930.
De nombreux analystes estiment que même si ce ralentissement sera plus marqué, il sera plus court que la dernière récession du pays.