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Le taux directeur stable à 1,75%

La Presse Canadienne|Publié le 29 mai 2019

Le mois dernier, M. Poloz a maintenu le taux à 1,75 % pour une quatrième annonce consécutive.

La Banque du Canada a laissé son taux d’intérêt directeur inchangé, mercredi, alors qu’elle opposait les signes de plus en plus nombreux d’une reprise de l’économie nationale aux risques croissants de conflits commerciaux internationaux.

La banque centrale a maintenu son taux directeur à 1,75 %, et son gouverneur, Stephen Poloz, ne semblait pas pressé d’agir, même s’il observait des améliorations économiques au pays.

La banque a indiqué dans un communiqué qu’il y avait « de plus en plus de signes » que l’économie était en train de connaître une reprise au deuxième trimestre de cette année, après s’être pratiquement immobilisée pendant une certaine période.

« Dans l’ensemble, les données récentes ont renforcé le point de vue du conseil de direction selon lequel le ralentissement survenu à la fin de 2018 et au début de 2019 était temporaire », a souligné la banque centrale dans son communiqué.

Les économistes s’attendaient en grande majorité à ce que le taux directeur de la Banque du Canada reste au même niveau où il se trouve depuis sept mois.

Plusieurs indicateurs économiques récents ont été étonnamment robustes.

Selon la banque centrale, les données montrent que le secteur pétrolier commence à se redresser, que le marché national de l’habitation se stabilise et que la croissance de l’emploi reste forte. Les chiffres, ajoute-t-elle, témoignent également d’une croissance des dépenses de consommation, des exportations et des investissements des entreprises.

Toutefois, l’économie fait également face à des risques commerciaux croissants, a poursuivi la banque, à la suite de l’escalade des conflits internationaux et des restrictions imposées par la Chine aux produits canadiens qui ont déjà des « effets directs » sur les exportations.

Un différend diplomatique bilatéral qui sévit depuis plusieurs mois a conduit la Chine à bloquer certaines livraisons de canola, de porc et d’autres produits en provenance du Canada.

Le différend commercial entre les États-Unis et la Chine, les deux plus grandes économies du monde et les deux principaux partenaires commerciaux du Canada, pourrait avoir une incidence considérable sur l’économie canadienne.

D’autres détails de la situation commerciale du Canada ont été jugés positifs. La banque a évoqué la suppression des tarifs de l’acier et de l’aluminium, ainsi que « la possibilité grandissante » d’une ratification du nouvel accord de libre-échange nord-américain, ce qui soutiendrait les exportations et les investissements canadiens.

Prenant ces facteurs en considération, la Banque du Canada a affirmé que le degré de détente monétaire offert par le taux directeur actuel était « approprié ».

« Le conseil de direction continuera de prendre ses décisions de politique monétaire en fonction des données, et portera une attention particulière à l’évolution des dépenses des ménages, des marchés pétroliers et de l’environnement commercial international », a affirmé la banque.

Pas de hausse à court terme

La Banque du Canada se montre prudente avec le taux directeur, notamment en raison de l’endettement des ménages, qui s’est accru après des années de coûts d’emprunt très bas.

De nombreux experts s’attendent à ce que la banque centrale laisse son taux directeur inchangé jusqu’aux derniers mois de l’année, ou sinon l’an prochain. Certains ont déjà prédit qu’une réduction des taux surviendrait avant la prochaine augmentation.

Frances Donald, responsable de la stratégie macroéconomique chez Gestion d’actifs Manuvie, a souligné que la banque semblait de plus en plus optimiste quant à la situation économique du pays. Le plus grand défi à l’heure actuelle, a-t-elle ajouté, est lié à toutes les incertitudes de l’économie mondiale.

« Ces préoccupations commerciales mondiales pourraient faire dérailler l’économie canadienne au Canada », a estimé Mme Donald, qui s’attend à ce que la Banque du Canada laisse son taux directeur inchangé jusqu’à ce que les problèmes du commerce international soient réglés.

« La Banque du Canada, à l’instar de tous les économistes, se demande quoi faire quand l’économie nationale se porte beaucoup mieux, mais que l’économie mondiale se dégrade. »

L’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, a écrit dans un rapport que la banque semblait s’être « arrêtée pour une longue pause » sur le taux d’intérêt et qu’elle donnait l’impression « que la barre est très haute pour aller dans un sens ou l’autre ».

La prochaine décision de taux est prévue pour le 10 juillet, et la banque profitera de l’occasion pour publier également ses plus récentes prévisions économiques, dans son rapport trimestriel sur la politique monétaire.

Un autre élément du paysage économique canadien sera dévoilé vendredi, avec la publication du rapport de Statistique Canada sur la croissance économique du pays pour le premier trimestre.

Le mois dernier, de plus faibles données économiques avaient convaincu M. Poloz de ne pas évoquer d’éventuelles nouvelles hausses de taux.

Le soudain ralentissement de l’hiver, principalement attribuable à la chute des prix du pétrole, a contraint la banque centrale à réduire ses prévisions de croissance pour 2019. L’économie canadienne avait pourtant fonctionné près de sa pleine capacité pendant la majeure partie de 2017 et 2018, une période pendant laquelle M. Poloz a haussé à cinq reprises le taux d’intérêt.