La Russie refuse d'accentuer les coupes de production d'or noir proposées par l'OPEP afin d'endiguer la chute des prix.
Le cours du pétrole coté à New York s’est effondré vendredi, après le refus de la Russie d’accentuer les coupes de la production d’or noir proposées par l’OPEP afin d’endiguer la chute des prix, plombés par le coronavirus.
Le WTI, baril de référence aux États-Unis, pour livraison en avril, a plongé de 10,1%, à 41,28 dollars, un niveau plus vu depuis avril 2016.
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai a lui dégringolé de 9,4% à 45,27 dollars à Londres, soit son prix de clôture le plus bas depuis près de quatre ans.
«À partir du 1er avril, compte tenu de la décision prise aujourd’hui, personne – ni pays de l’OPEP, ni pays de l’OPEP+ – n’a d’obligation de baisser la production», a déclaré le ministre russe de l’Energie Alexandre Novak aux journalistes à l’issue de longues négociations à Vienne.
Pour faire face à la très forte baisse des prix, affectés depuis le début de l’année par l’épidémie de pneumonie virale et ses conséquences sur la demande mondiale, l’Organisation des produits exportateurs de pétrole avait proposé une coupe collective supplémentaire de 1,5 million de barils par jour jusqu’à la fin de l’année 2020.
Cette offre était conditionnée à l’approbation des 10 alliés de l’OPEP, réunis au sein de l’OPEP+.
Principal partenaire du cartel, «la Russie n’a pas mordu à l’hameçon», estime Andrew Lebow de Commodity Research Group, qui rappelle que l’économie russe, plus diversifiée que celle de la plupart des membres du cartel, est moins dépendante du pétrole.
Pour tenter de convaincre ses alliés, l’OPEP avait pourtant proposé qu’ils ne supportent qu’un tiers de l’ensemble des nouvelles coupes, soit 500 000 barils par jour.
«La perspective de la Russie est très différente de celle de l’Arabie saoudite et des autres membres de l’OPEP», précise l’expert, qui rappelle que l’économie russe, plus diversifiée que la plupart des membres du cartel, est moins dépendante du pétrole.
Deuxième pays producteur mondial de brut derrière les États-Unis et devant l’Arabie saoudite, la Russie a basé ses prévisions budgétaires sur un baril de Brent à 42,4 dollars et répète se satisfaire des prix actuels.
L’Opep+ est déjà lié depuis début 2017 par un accord de réduction volontaire de 1,2 million de barils par jour (mbj), augmenté à 1,7 mbj en décembre dernier, afin d’endiguer la chute des prix dans un marché pâtissant d’une offre excédentaire.
Cet accord expire à la fin du mois, mais la position russe vendredi semblait suggérer qu’il pourrait ne pas être reconduit.
De son côté, l’Arabie saoudite a consenti en début d’année à retirer 400.000 barils quotidiens de sa propre production pendant trois mois.
«Je pense qu’on pourrait voir les prix du pétrole (new-yorkais, ndlr) tomber sous les 40 dollars», s’aventure John Kilduff d’Again Capital.
«On n’a encore pas vu le pire de la crise de la demande», ajoute l’expert.