Le pétrole se reprend après le choc du variant Omicron
La Presse Canadienne|Publié le 29 novembre 2021Les investisseurs surveillent également les discussions autour de l'Iran, producteur historique de l'OPEP écarté du marché depuis 2018. (Photo: 123RF)
Londres — Les prix du pétrole remontaient fortement lundi sans effacer complètement leur plongeon de vendredi, déclenché par un nouveau variant de la COVID-19, à l’orée d’une semaine chargée entre négociations sur le nucléaire iranien et réunion de l’OPEP+.
Vers 11h55, heure du Québec, le baril de Brent pour livraison en janvier bondissait de 2,59% à 74,59 dollars américains, tandis qu’à New York, le WTI pour le même mois décollait de 3,79% à 70,73 $US.
Les deux références du brut ont perdu vendredi plus de 10% en l’espace d’une seule séance, une première depuis les débuts de la pandémie, en avril 2020.
«Le pétrole brut reprend du poil de la bête lundi après le choc» provoqué par l’annonce de la détection d’un nouveau variant de COVID-19 en Afrique du Sud, constate Avtar Sandu, analyste de Phillip Futures.
Mais la crainte qu’Omicron — ainsi que l’a baptisé l’Organisation mondiale de la santé (OMS) — fasse «dérailler la reprise économique et les plans de certaines banques centrales» sont loin d’être dissipées, ajoute-t-il.
Le variant Omicron de la COVID-19 présente «un risque très élevé» au niveau mondial, a mis en garde l’OMS lundi, soulignant toutefois que de nombreuses inconnues demeurent: sa contagiosité, le niveau de protection conférée par les vaccins contre la COVID existants, la gravité des symptômes.
En attendant l’OPEP+
De nombreux pays ont pris rapidement des mesures qui entravent les déplacements des biens et des personnes, lestant d’autant la demande de brut.
Aux États-Unis, qui venaient de se rouvrir au monde début novembre, les frontières seront fermées à partir de lundi aux voyageurs venant de huit pays d’Afrique australe.
Le Japon et Israël ont décidé de refermer l’entrée sur leur territoire aux visiteurs étrangers.
Dans ce contexte, le sommet ministériel jeudi des membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et de leurs alliés via l’accord OPEP+ est particulièrement attendu.
«Compte-tenu de l’impact potentiel (des mesures induites par le nouveau variant) sur la demande, nous pensons que le groupe pourrait faire une pause dans sa marche d’augmentation de l’offre» de brut, estiment Wenyu Yao et Warren Patterson, analystes chez ING.
«Cela serait conforme à l’approche prudente adoptée par l’OPEP+ depuis l’apparition de la COVID-19», continuent-ils.
Afin d’évaluer plus finement les derniers développements, le club de producteurs emmené par l’Arabie saoudite et la Russie a choisi de reporter à jeudi une de ses réunions techniques mensuelles, le comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) de l’accord OPEP+, scellé à Vienne, en Autriche, fin 2016.
Ce décalage de calendrier permettra «d’obtenir plus d’informations sur la situation actuelle», a indiqué lundi le vice-premier ministre russe Alexandre Novak, chargé du pétrole et cité par les agences de presse du pays.
Le cartel laisse encore chaque jour quelque 4 millions de barils sous terre par rapport à son niveau de production de référence.
Autre inconnue viennoise
Les investisseurs surveillent également les discussions autour de l’Iran, producteur historique de l’OPEP écarté du marché depuis 2018.
Suspendues depuis juin, ces négociations ont pour objectif de sauver l’accord conclu en 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire.
La réunion, précédée d’une série de rencontres bilatérales, a débuté peu après 15h00, heure locale (9h00, heure du Québec), à Vienne, là même où avait été conclu ce texte historique, selon un tweet du représentant de l’Union européenne, qui chapeaute le processus.
Téhéran s’est dit lundi «fermement déterminé» à parvenir à un accord avec la communauté internationale sur le dossier nucléaire, par la voix du porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.
En 2017, dernière année pleine avant le retrait des États-Unis de l’accord, l’Iran produisait près de 4 millions de barils par jour.
L’an dernier, la République islamique produisait moins de 2 millions de barils par jour, selon des données compilées par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).