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Le pétrole new-yorkais sombre de 10%

AFP|Publié le 14 avril 2020

Les acteurs du marché ne semblaient pas convaincus par l’entente entre l’Organisation des pays exportateurs de pétrole.

Le pétrole new-yorkais a lourdement chuté mardi à la clôture, les investisseurs semblant douter qu’un accord, passé dimanche entre les principaux exportateurs mondiaux d’or noir, pour ajuster leur production compense l’effondrement de la demande provoqué par la crise du coronavirus.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en juin, coté au New York Mercantile Exchange, a baissé de 10,3 % à 20,11 dollars.

Le baril londonien de Brent, pour livraison en mai, a lui perdu près de 7 % à 29,60 dollars.

Les acteurs du marché ne semblaient pas convaincus par l’entente entre l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses principaux partenaires, réunis au sein de l’OPEP+, portant sur une baisse 9,7 millions de barils par jour (mbj) en mai et en juin et des réductions de moindre ampleur se poursuivant jusqu’à mi-2022.

« Si ces coupes sont largement supérieures aux accords précédents (de l’OPEP+, NDLR), la tendance des prix à la baisse devrait se poursuivre selon une logique mathématique », indique Robbie Fraser de Schneider Electric.

« L’accord, qui vise à retirer environ 10 % de l’offre mondiale, intervient à un moment où la demande mondiale enregistre un plongeon de 20 à 30 %, ce qui veut dire qu’un afflux de pétrole brut et de produits pétroliers va devoir être stocké à court et moyen terme », ajoute l’expert.

Déjà en berne avant la pandémie, la consommation mondiale d’or noir a dégringolé encore plus avec la paralysie du transport international et les mesures de confinement décrétées pour faire face au coronavirus.

A ce net repli de la demande s’est ajoutée une offre excédentaire, amplifiée par la guerre des prix que se sont livrés l’Arabie saoudite et la Russie, deux des plus gros producteurs mondiaux, entre la mi-mars et l’accord de dimanche.

Anticipant un trop-plein de barils dans les semaines à venir, plusieurs pays producteurs envisagent d’augmenter le niveau de leurs réserves stratégiques de pétrole.

C’est le cas des États-Unis, premier producteur mondial, où le Département de l’Énergie a annoncé mardi négocier avec neuf majors pétrolières américaines pour stocker dans les réserves stratégiques du pays (SPR) environ 23 millions de barils de pétrole brut, dont la plupart devraient être livrés en mai et en juin.

Le mois dernier, Donald Trump avait annoncé vouloir porter à son maximum le niveau des SPR. Selon l’Agence américaine de l’Énergie (EIA), 635 millions de barils sont actuellement stockés dans les réserves stratégiques américaines, qui ont une capacité totale de 713,5 millions de barils.   

Le locataire de la Maison-Blanche a également plusieurs fois évoqué une baisse des extractions américaines en réponse aux prix bas, qui pénalisent lourdement les producteurs américains de schiste.

Déjà visible dans le dernier rapport hebdomadaire de l’EIA, ce recul de la production pourrait être de plus grande ampleur à la publication des chiffres les plus récents, mercredi.

Mais dans le même temps, les stocks de brut devraient continuer d’augmenter. Les analystes interrogés par l’agence Bloomberg prévoient une hausse médiane de 12,7 millions de barils.

Pour sa part, le régulateur de la production pétrolière au Texas organisait mardi une réunion par visioconférence pour discuter d’un possible ajustement de la production de l’État, qui extrait 40 % de l’or noir américain. Une telle décision serait une première depuis les années 1970.