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Le patron de TC Énergie voit dans le retour de Trump plusieurs occasions d’affaires

La Presse Canadienne|Publié le 19 novembre 2024

Le patron de TC Énergie voit dans le retour de Trump plusieurs occasions d’affaires

Avec son projet Keystone XL, TC Énergie a déjà vu comment les affaires peuvent prospérer ou être déraillées par les vents politiques au sud de la frontière. (Photo: Todd Korol La Presse Canadienne)

Calgary — Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche est une bonne nouvelle pour le secteur énergétique canadien et une occasion d’affaires pour TC Énergie, a déclaré mardi le chef de la direction de la société de pipelines établie à Calgary.

François Poirier a fait ces commentaires lors d’une entrevue téléphonique après la présentation de TC Énergie à l’occasion de la journée des investisseurs à Toronto. Il a affirmé que la réélection de l’ancien président républicain était au centre des réflexions de la société, qui possède un réseau de gazoducs au Canada, aux États-Unis et au Mexique.

«Il [Donald Trump] est très concentré sur l’accessibilité. Il comprend le rôle que jouent l’énergie et la sécurité énergétique sur la scène internationale», a déclaré M. Poirier.

«La libre circulation de l’énergie entre les trois pays d’Amérique du Nord est très importante. Le gaz naturel et le pétrole veulent circuler vers le sud, de manière générale. Et une plus grande offre de pétrole et de gaz en provenance du Canada contribuera à faire baisser les prix aux États-Unis», a-t-il soutenu.


Le dossier Keystone XL 

En tant qu’entreprise, TC Énergie a déjà vu de ses propres yeux comment les affaires peuvent prospérer ou être déraillées par les vents politiques au sud de la frontière.

Son projet Keystone XL, un oléoduc de pétrole brut de 1900 kilomètres qui aurait transporté le pétrole des sables bitumineux du nord de l’Alberta jusqu’au principal centre de stockage de pétrole brut américain de Cushing, en Oklahoma, puis jusqu’aux raffineries de la côte du Golfe, a été proposé pour la première fois sous l’administration Obama, qui l’a rejeté pour des raisons environnementales. 

Keystone a ensuite été relancé sous la première administration Trump, avant que le président Joe Biden ne l’abandonne à nouveau en révoquant le permis de l’oléoduc le premier jour de son mandat de président en 2021. 

Le mois dernier, TC Énergie a achevé la scission de son activité d’oléoducs de pétrole brut en une nouvelle société appelée South Bow, et, par conséquent, TC n’est plus propriétaire du système Keystone. 

South Bow «soutient les efforts visant à transporter davantage de pétrole brut canadien pour répondre à la demande américaine», a dit la société dans une déclaration écrite envoyée par courriel mardi par la porte-parole Katie Stavinoha. 

«La stratégie à long terme de South Bow est de développer notre activité de manière sûre et efficace», indique le communiqué. 

M. Poirier a déclaré que le gouvernement de l’Alberta avait déjà contacté TC à la suite de l’élection présidentielle américaine, désireux de voir si ce projet pouvait être relancé ou s’il existait d’autres moyens d’augmenter les volumes d’exportation de pipelines de pétrole et de gaz de l’Alberta vers les États-Unis. 


Un regain d’intérêt pour le gaz naturel

Donald Trump a proposé des tarifs douaniers radicaux sur toutes les importations américaines, mais la plupart des experts pensent que le pétrole et le gaz canadiens seraient exemptés d’un tel plan en raison de la nature hautement intégrée du système énergétique nord-américain. Donald Trump a également été un fervent partisan du pétrole et du gaz en général, appelant à davantage de forages nationaux et nommant le PDG de Liberty Energy, Chris Wright, au poste de secrétaire du département américain de l’Énergie. 

«Nous avons eu des conversations de haut niveau (avec le gouvernement de l’Alberta) au sujet de Keystone XL. Nous avons mentionné que le projet appartient à South Bow (…) et pour les discussions sur l’augmentation des exportations de pétrole brut de l’Alberta, ce serait à South Bow d’envisager le tout», a indiqué M. Poirier. 

«Nos discussions ont davantage porté sur l’élargissement de l’accès au marché américain du gaz naturel, tant pour l’exportation vers les marchés internationaux que vers les marchés américains, en particulier dans le nord-ouest et le Midwest des États-Unis, où le gaz naturel canadien détient une part de marché importante», a-t-il fait valoir.

Pour TC Énergie, une deuxième administration Trump est opportune, car elle coïncide avec ce qui constitue déjà un regain d’intérêt pour le gaz naturel pour l’entreprise. 

TC estime qu’une combinaison de facteurs — notamment l’élimination progressive de l’électricité produite à partir du charbon, l’augmentation des exportations de gaz naturel liquéfié, l’électrification croissante et l’essor des centres de données gourmands en énergie pour alimenter la révolution de l’intelligence artificielle — entraînera une augmentation spectaculaire de l’utilisation du gaz naturel en Amérique du Nord dans les années à venir.

«Nous avons vu cette tendance se développer depuis un certain nombre d’années. Ce que je dirais, cependant, c’est que le degré de visibilité qui s’est forgé au cours des 12 derniers mois environ autour des centres de données et autour de l’importance des exportations de GNL a été plus rapide», a soutenu M. Poirier.

Environ les deux tiers des quelque 350 centres de données actuellement proposés ou en construction en Amérique du Nord se trouvent à moins de 80 kilomètres des actifs de TC Énergie, a souligné M. Poirier, ce qui signifie que l’entreprise est particulièrement bien placée pour bénéficier de l’essor de l’IA en fournissant une infrastructure de gaz naturel indispensable à l’industrie avide d’énergie.

Alors que certains opérateurs de centres de données au sud de la frontière ont annoncé des investissements dans l’énergie nucléaire ou renouvelable pour réduire leur profil d’émissions, M. Poirier a affirmé qu’il était convaincu que le gaz naturel jouerait un rôle majeur dans la croissance de l’industrie.
«Le problème avec l’éolien et le solaire, c’est que, pris isolément, vous n’avez pas une fiabilité à 100%, et ces centres de données fonctionnent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7», a-t-il fait valoir. 

Mardi, TC Énergie a annoncé avoir donné le feu vert à un total d’environ 1,5 milliard $ de dépenses d’investissement dans quatre nouveaux projets, dont deux aux États-Unis qui aideront à la conversion du charbon au gaz dans deux centrales électriques existantes. 

M. Poirier a affirmé que la société s’engageait à rester dans le cadre de son programme de croissance du capital approuvé de 32 milliards $ d’ici 2027, mais a ajouté que les occasions potentielles liées au gaz naturel sont actuellement énormes. 

«Nous voyons probablement deux fois plus d’opportunités que celles sur lesquelles nous pouvons nous permettre de dépenser notre capital humain et financier, compte tenu de toutes les opportunités qui se présentent à nous, a-t-il déclaré. En fait, nous avons dû apprendre à dire non, car nous voyons tellement de bons projets arriver sur nos bureaux.»

Par Amanda Stephenson