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Le Nikkei 225 japonais établit un nouveau record

La Presse Canadienne|Publié le 22 février 2024

Le Nikkei 225 japonais établit un nouveau record

(Photo: La Presse Canadienne)

L’indice de référence japonais Nikkei 225 a dépassé jeudi le record qu’il avait établi en 1989 avant l’éclatement de la bulle financière, marquant le début d’une ère de croissance hésitante. 

L’indice a clôturé jeudi à 39 098,68 points, en hausse de 2,2%. Son précédent record était de 38 915,87 points établi le 29 décembre 1989. Il est donc revenu à son niveau d’il y a 34 ans.

C’était il y a plus d’une génération, à l’apogée du boom de l’après-guerre au Japon. Mais cette fois-ci, l’économie est en récession et personne ne parle de bulle. Les mesures préliminaires des exportations, de l’industrie manufacturière, des services et d’autres indicateurs publiés jeudi suggèrent un affaiblissement continu.

Le marché s’est effondré après avoir atteint son sommet de 1989, les banques ayant annulé quelque 100 000 milliards de yens de créances irrécouvrables. Les prix des actions sont restés bien en deçà du record pendant de nombreuses années, tombant sous la barre des 7000 points à un moment donné, avant qu’une série de mesures visant à stimuler le marché, défendues par le défunt premier ministre Shinzo Abe en 2013, ne commence à les faire remonter. 

Le marché a enregistré des gains importants au cours des derniers mois, aidé par l’intérêt marqué des investisseurs étrangers qui représentent la majorité du volume des transactions sur la bourse de Tokyo.

L’achat massif d’actions liées aux puces électroniques a contribué à la hausse de jeudi après que Nvidia eut annoncé, après la fermeture des marchés américains, qu’elle avait plus que triplé son chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente grâce à l’engouement pour l’intelligence artificielle. Les actions de Tokyo Electron ont bondi de 6%, celles d’Advantest Corp de 7,5% et celles de SoftBank Group Corp de 5,1%. 

Contrairement aux États-Unis, où les actions ont battu des records dans l’espoir que la Réserve fédérale commence à réduire les taux d’intérêt élevés une fois qu’elle aura décidé que l’inflation est réellement maîtrisée, au Japon, le taux de référence est resté à moins 0,1% pendant plus d’une décennie.

La Banque du Japon continue d’utiliser sa politique d’argent facile pour stimuler l’inflation et la croissance, et une grande partie de l’argent qu’elle a injecté dans l’économie s’est retrouvée sur le marché boursier. 

Dans le même temps, de nombreux investisseurs mondiaux ont détourné leurs portefeuilles de la Chine en raison du ralentissement de son économie et de l’aggravation des tensions entre Washington et Pékin.

Les prix des actions à Tokyo ont augmenté de 15% au cours des trois derniers mois et d’environ 44% au cours de l’année écoulée. À Shanghai, les cours ont chuté de plus de 11% par rapport à l’année précédente, tandis que l’indice Hang Seng de Hong Kong a baissé d’environ 22%.

L’augmentation record des bénéfices des entreprises japonaises et l’amélioration de la gouvernance d’entreprise ont renforcé l’attrait des actions des sociétés japonaises.

«Alors que les entreprises japonaises montrent des signes de changement, je pense que les investisseurs y regardent de plus près», a analysé Hiromi Yamaji, PDG du Japan Exchange Group, lors d’une réunion d’information en ligne parrainée par le Financial Times.

Il a noté que si de nombreux Japonais plus âgés sont réticents à investir dans des actions après le traumatisme de la perte de leurs économies lors de l’éclatement de la bulle au début des années 1990, les investisseurs plus jeunes sont moins méfiants.

«La génération est en train de changer», a déclaré Hiromi Yamaji.

Une modification du programme Nippon Individual Savings Account (compte d’épargne individuel), qui a pris effet en janvier, a également attiré vers les actions des investisseurs désireux d’obtenir des rendements plus élevés, bien que les analystes affirment qu’une grande partie de cet argent a été investi sur les marchés étrangers.

Néanmoins, même une petite partie des 1,05 quadrillion de yens (près de 7000 milliards de dollars américains) d’épargne détenus par les familles japonaises a un impact important.

Par ailleurs, le Government Pension Investment Fund, l’un des plus grands investisseurs institutionnels au monde, a augmenté ses investissements en actions, contribuant ainsi à faire grimper les prix.

Les investisseurs étrangers ont plongé dans la brèche, à la recherche de bonnes affaires à réaliser compte tenu de la faiblesse du yen par rapport au dollar américain, qui s’échange à environ 150 yens contre 140 yens il y a un an.

En janvier, les investisseurs internationaux ont acheté pour 125,2 billions de yens d’actions japonaises, soit le double de l’année précédente, selon la Bourse de Tokyo. Comme c’est le cas aux États-Unis, certaines des plus grandes gagnantes ont été des entreprises technologiques.

Jusqu’à présent, les experts estiment que les actions japonaises ne sont pas surévaluées.

Le ratio cours/bénéfice du marché de Tokyo est d’environ 16, contre 23 pour le S&P 500, 24 pour le Sensex indien et 8 pour Shanghai. En 2023, les investisseurs en actions de Tokyo ont obtenu un rendement de plus de 28%, selon le site web du Nikkei.

Pendant ce temps, un scénario totalement différent se déroule en Chine, où les marchés ne se sont jamais complètement remis de l’effondrement de 2015 qui a fait disparaître des milliers de milliards de dollars de valeur. 

Les marchés de Hong Kong et de la Chine continentale ont été refroidis par les tensions entre Pékin et Washington, qui obligent les entreprises à réfléchir de plus en plus attentivement à la destination de leurs investissements.

Le nouveau record du Nikkei a été accueilli par des applaudissements dans certaines maisons de courtage de Tokyo, mais pas avec la même allégresse qu’en 1989. À l’époque, sept des dix premières entreprises mondiales en termes de valeur de marché étaient japonaises. Aujourd’hui, aucune ne l’est. 

Une grande partie de l’amélioration de la rentabilité des entreprises japonaises provient de l’étranger, source de plus de 40% de leurs revenus, a déclaré Izumi Devalier, responsable de l’économie japonaise pour BoA Securities à Tokyo, lors de la réunion d’information du FT.

«Le marché boursier n’est pas l’économie», a-t-elle dit.