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Le huard glisse, les investisseurs se réfugient auprès du $US

La Presse Canadienne|Publié le 22 septembre 2022

Le huard glisse, les investisseurs se réfugient auprès du $US

La faiblesse du huard pourrait compliquer la tâche de la Banque du Canada pour contenir l’inflation. (Photo: 123RF)

Toronto — Le dollar canadien a de nouveau reculé jeudi, atteignant des creux jamais vus en plus de deux ans, au lendemain de l’annonce d’une nouvelle hausse des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine de trois quarts de point de pourcentage.

Le huard est brièvement tombé sous la barre des 74 cents US en début de séance, selon XE.com, après avoir reculé sous le seuil des 75 cents US au début de la semaine, victime d’un trio de pressions étroitement liées, a expliqué Rahim Madhavji, président de Knightsbridge Foreign. Exchange.

«À un haut niveau, la recherche de sûreté, la hausse des taux d’intérêt américains et la mauvaise performance des marchés boursiers sont, en quelque sorte, les principaux moteurs qui font en sorte que les fonds sont investis dans le dollar américain plutôt que dans le huard.»

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Ces pressions ont érodé le dollar canadien pendant une grande partie de l’année — la devise se négociait à plus de 80 cents US en mars —, mais la baisse s’est accélérée ces dernières semaines, alors que s’estompait l’optimisme de voir la hausse des taux d’intérêt maîtriser rapidement l’inflation, a noté M. Madhavji.

«Au cours des deux derniers mois, des personnes ont dit “hé, nous pensions que cela allait fonctionner en augmentant les taux”. Et maintenant, ce qu’ils disent, c’est “ça ne marche pas”, nous pensons qu’ils vont devoir devenir plus extrêmes».»

La perspective d’une nouvelle hausse des taux a été accentuée mercredi par les dirigeants de la Réserve fédérale, qui ont dit s’attendre à ce que leur taux de référence grimpe à environ 4,4% d’ici la fin de l’année, soit un point de pourcentage de plus que ce qu’ils envisageaient en juin.

La perspective de taux plus élevés aux États-Unis rend le billet vert plus attrayant puisqu’il offre de meilleurs rendements, et cela exerce une pression sur les marchés boursiers, qui représentent de nos jours environ 80% des fluctuations du dollar canadien, a estimé M. Madhavji.

Le lien étroit avec les marchés boursiers fait en sorte que le huard n’a pas pu profiter de l’avantage qu’il aurait autrement tiré de la hausse des taux de la Banque du Canada, et du fait que les prix des matières premières sont toujours relativement élevés, a souligné Shaun Osborne, stratège en chef des changes à la Banque Scotia.

«Le dollar canadien est devenu assez attaché au type de contexte de risque mondial, et cela a en quelque sorte éclipsé ce qui aurait dû être cette année, pour le dollar canadien, une histoire assez positive grâce aux prix des matières premières.»

Il a dit qu’il était étonné que le huard n’ait pas été plus stimulé face au dollar américain grâce à la Banque du Canada, qui a agi plus rapidement que la Fed. En outre, la différence de trajectoire avec les prix des matières premières, non seulement ceux du pétrole, mais aussi ceux de l’agriculture, du bois et des métaux, est également difficile à expliquer, a-t-il ajouté.

Moins touché que d’autres devises

La devise du Canada a cependant mieux résisté que plusieurs autres et a moins retraité que les autres principales devises par rapport au dollar américain cette année.

Un dollar plus élevé profite aux exportateurs et aux personnes comme les entrepreneurs indépendants payés en dollars américains, contrairement aux importateurs ou à ceux qui achètent, par exemple, une résidence secondaire en Floride.

La faiblesse du huard pourrait également compliquer la tâche de la Banque du Canada pour contenir l’inflation, a noté M. Osborne.

Avec la perspective d’une hausse continue des taux et de la pression sur la croissance économique, M. Madhavji a indiqué s’attendre à ce que les choses s’aggravent avant de s’améliorer. Cependant, à plus long terme, après une réinitialisation économique, il s’attend à ce que le dollar canadien regagne le niveau d’environ 80 cents US.

M. Osborne croit que le sort du huard sera étroitement lié à ce qui se passe avec les tendances des taux mondiaux, sans sources claires de reprise à court terme.

«Il est un peu difficile pour le moment de prévoir — comme nous ne réagissons pas aux prix des matières premières et nous ne tirons aucun avantage ni d’une croissance relativement plus forte ni de taux d’intérêt un peu plus élevés — ce qui fera tourner le dollar canadien.»