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Le dividende n’est pas une bouée de sauvetage

Les investigateurs financiers|Publié le 03 avril 2020

Le dividende n’est pas une bouée de sauvetage

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Les investisseurs particuliers (et même certains investisseurs institutionnels plus sophistiqués) ont toujours été attirés par le rendement en dividendes. Plus ils sont élevés, plus grand est l’attrait. Cette tendance a été particulièrement exacerbée dans un monde où les taux d’intérêt sont très bas et où les obligations ne rapportent presque rien.

Mais la valeur d’un titre a toujours été et sera toujours la valeur présente des flux de trésorerie pour la durée de vie de l’entreprise, et non de son dividende. Il existe de nombreuses entreprises qui créent beaucoup de valeur en conservant leurs profits plutôt que de les verser en dividendes. Cela étant dit, l’accent mis sur les dividendes est compréhensible, car il s’agit d’une métrique simple. D’autre part, pour estimer la valeur d’une entreprise, vous devez prendre en compte de nombreux facteurs, telle la dynamique de l’industrie jusqu’aux problèmes spécifiques de l’entreprise.

Au cours de cette période difficile que nous connaissons actuellement, de nombreuses entreprises ont annoncé une réduction ou un arrêt complet des dividendes. Les investisseurs se rendent compte que de se concentrer sur les dividendes au lieu des autres facteurs importants d’une société n’est peut-être pas la meilleure idée. Jetons un coup d’œil à une industrie qui a connu une diminution généralisée des dividendes.

Avec le Western Canadian Select maintenant autour de 10$ le baril, de nombreux acteurs pétroliers canadiens ont dû soit réduire, soit complètement couper leur dividende. Certains exemples tels que Crescent Point Energy, Inter Pipeline Ltd, WhiteCap Resources ont réduit leur dividende de 75%, 72% et 50% respectivement. Alors que personne n’aurait pu prédire ce que nous vivons actuellement, il était également impossible d’avoir un degré élevé de confiance à l’égard de la plus grande variable de cette industrie, le prix du pétrole. Sachant cela, le rendement du dividende aurait-il dû être un objectif principal lorsqu’on cherchait à investir dans le secteur pétrolier? Probablement pas.

Le Saint Graal de l’investissement dans les titres à dividende a toujours été les banques canadiennes. Les cinq plus grandes banques ont versé des dividendes depuis plus d’un siècle, un record qu’elles ont très certainement l’intention de conserver, le PDG de la CIBC ayant rassuré les investisseurs sur leur dividende lors d’une récente entrevue. Pour se protéger, les investisseurs particuliers devraient plutôt se concentrer sur différentes métriques comme l’effet de levier, la souscription et la rentabilité, pas seulement le dividende.

Pour conclure, nous encourageons les investisseurs à considérer les dividendes comme une variable parmi tant d’autres dans leur processus d’analyse pendant cette période. Vous pourriez obtenir quelque chose qui pourrait ne pas être là lorsque la crise sera passée.

Patrick Thénière, CIM, Associé Barrage Capital