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L’administration Biden s’attaque à l’affaire GameStop

AFP|Publié le 04 février 2021

« Nous devons vraiment nous assurer que nos marchés financiers fonctionnent correctement», a dit Janet Yellen.

La saga GameStop migre sur le terrain politique à Washington, où, au milieu d’appels à mieux encadrer les pratiques boursières, la secrétaire au Trésor Janet Yellen s’entretient jeudi avec les gendarmes des marchés, une réunion qui ne devrait pas aboutir sur des annonces de sanctions.

« J’organise une réunion dans la matinée avec les principaux régulateurs (…), ainsi que la Réserve fédérale pour discuter de ce qui s’est passé », a annoncé Janet Yellen jeudi matin sur la chaîne ABC, lors de sa première interview en tant que secrétaire au Trésor.

« Nous devons vraiment nous assurer que nos marchés financiers fonctionnent correctement et que les investisseurs sont protégés », a-t-elle ajouté.

Le vent de panique qui a soufflé à Wall Street la semaine dernière a poussé la ministre de Joe Biden a solliciter cette rencontre, quelques jours seulement après sa prise de fonctions.

Autour de cette table virtuelle, se retrouveront donc les responsables du gendarme boursier américain (la Securities and Exchange Commission, SEC), et du régulateur des matières premières et agricoles (la Commodities Futures Trading Commission, CFTC).

La Banque centrale américaine (Fed) sera également présente, ainsi que son antenne de New York, qui suit de près tout ce qui se passe à Wall Street.

 

« Bien comprendre avant d’agir »

Aucune décision n’est toutefois attendue dans l’immédiat.

Interrogée sur d’éventuelles sanctions à l’issue de la réunion, Janet Yellen a botté en touche: « nous avons besoin de bien comprendre ce qui s’est passé avant d’agir, mais nous regardons très attentivement ces événements », a-t-elle dit sur ABC.

Des élus ont pourtant, dans une rare alliance entre républicains et démocrates, demandé une révision des réglementations commerciales. Le Trésor, l’équivalent du ministère de l’Économie et des Finances, n’a pas de pouvoirs de régulation des marchés, mais peut influencer les régulateurs.

Cette réunion doit permettre de s’assurer de « la compatibilité des activités récentes avec la protection des investisseurs et des marchés équitables et efficaces », selon le communiqué du Trésor qui avait été publié mardi, lorsque la réunion avait été sollicitée.

L’action de la chaîne de magasins de jeux vidéo GameStop avait bondi de 400% la semaine dernière.

Derrière cette stupéfiante envolée du titre d’une enseigne pas particulièrement en bonne santé se cache une armée de boursicoteurs, actifs notamment sur le site communautaire Reddit et adeptes d’applications de courtage comme Robinhood, et qui se sont ligués contre les fonds spéculatifs ayant parié sur un effondrement de GameStop.

Mais des professionnels sont aussi entrés dans la mêlée pour profiter des gains.

 

Déconnexion

Le fonctionnement de la Bourse de New York dans son ensemble avait été perturbé, de même que le cours de matières premières comme l’argent.

Cela a de nouveau mis en lumière l’insolente bonne santé de Wall Street, en totale déconnexion avec l’état actuel de l’économie américaine réelle.

Et le rôle de la Fed a été pointé du doigt: pour soutenir le bon fonctionnement des marchés et du crédit et éviter que la consommation ne chute encore plus, la banque centrale a inondé les marchés de liquidités quand l’activité économique a été paralysée en mars dernier par la pandémie de Covid-19.

L’affaire GameStop a aussi braqué les projecteurs sur des pratiques financières comme le « short-selling », qui consiste à parier sur le plongeon d’une action.

L’implication de Janet Yellen dans ce dossier a nécessité une autorisation spéciale, rapportent des médias américains.

En effet, avant d’être choisie par Joe Biden pour prendre la tête du Trésor, elle avait été rémunérée à hauteur de 700 000 dollars par la société d’investissement Citadel, l’un des acteurs-clé de l’affaire GameStop, pour des discours prononcés lors de conférences sur l’économie après son départ de la présidence de la Fed en 2018.