La faiblesse du dollar canadien devrait persister jusqu’en 2025, selon une experte
La Presse Canadienne|Publié le 18 novembre 2024La chute du huard survient alors que le billet vert américain monte en flèche grâce à la réélection de l’ancien président Donald Trump. (Photo: Justin Tang La Presse Canadienne)
Le dollar canadien restera faible au moins jusqu’à la fin de l’année, selon certains experts, même si un rebond pourrait survenir en 2025.
Après être tombé à son plus bas niveau en quatre ans la semaine dernière, le huard était légèrement en hausse lundi à 71,18 cents US. Il reste toutefois inférieur à ce qu’il était depuis les premiers jours de la pandémie de COVID-19. Il est aussi près de 4% inférieur à son niveau de septembre.
L’économiste et directrice en chef du service des études économiques à la Banque CIBC, Katherine Judge, s’attend à ce que le dollar canadien oscille autour des niveaux actuels pour le reste de l’année.
«Nous n’avons pas vu ces niveaux depuis longtemps. Je pense que nous avons certainement franchi un niveau qui est inquiétant, mentionne-t-elle. De nombreux facteurs entrent en jeu et beaucoup d’incertitudes au cours des prochains mois.»
La chute du huard survient alors que le billet vert américain monte en flèche grâce à la réélection de l’ancien président Donald Trump, gagnant du terrain non seulement par rapport au dollar canadien, mais par rapport à un ensemble de devises étrangères.
M. Trump a promis d’instaurer des tarifs douaniers sur toutes les importations américaines. Notons qu’environ 75% des exportations canadiennes sont destinées aux États-Unis.
Le dollar canadien pourrait encore baisser s’il devient évident que des tarifs douaniers seront mis en place, évoque Mme Judge.
«Mais s’il semble que nous puissions négocier notre sortie de ces droits de douane, il s’agira d’une faiblesse à court terme avec une certaine reprise l’année prochaine — ce qui est vraiment notre scénario de base», affirme-t-elle.
La faiblesse du huard reflète également la divergence des taux d’intérêt entre le Canada et les États-Unis.
L’économie canadienne n’a pas montré la même vigueur que celle au sud de la frontière ces derniers mois. Par conséquent, la Banque du Canada a décidé d’abaisser les taux d’intérêt plus rapidement que son homologue américaine dans le but d’éviter une récession.
L’écart de taux d’intérêt entre les deux pays pourrait encore s’accroître, selon ce que fera le président désigné Donald Trump une fois au pouvoir.
«La crainte générale est que, si l’économie canadienne est frappée par des tarifs douaniers et que nos exportations sont très faibles, la Banque du Canada devra réduire encore davantage ses taux pour soutenir l’économie nationale», indique Mme Judge.
«Mais pour l’instant, nous ne savons pas à quoi pourraient ressembler les tarifs douaniers. Il existe des chaînes d’approvisionnement intégrées entre les États-Unis et le Canada, donc ce n’est même pas dans l’intérêt de toutes les entreprises américaines d’imposer des tarifs sur les produits canadiens», ajoute-t-elle.
Un dollar plus faible peut être une aubaine pour les entreprises canadiennes qui exportent aux États-Unis, mais il peut nuire à celles qui importent des biens et rendre également les voyages plus chers pour la population canadienne.
Et même s’il y a toujours des gagnants et des perdants d’un côté ou de l’autre des fluctuations monétaires, Mme Judge estime que le dollar est si bas en ce moment que la balance a trop penché dans une direction.
«Vous voulez que le dollar canadien soit suffisamment bas pour que les entreprises y investissent et embauchent à des salaires compétitifs, mais vous ne voulez pas qu’il soit si bas que l’on commence à importer de l’inflation», conclut-elle.
Par Amanda Stephenson