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La croissance économique sera modérée et les taux baisseront sous 3%, selon Deloitte

La Presse Canadienne|Publié le 26 septembre 2024

La croissance économique sera modérée et les taux baisseront sous 3%, selon Deloitte

Deloitte Canada s’attend à ce que l'économie canadienne «retrouve sa vigueur» en 2025. (Photo: La Presse Canadienne/Andrew Lahodynskyj)

Deloitte Canada s’attend à ce que la croissance économique reprenne l’an prochain, et elle prévoit que la Banque du Canada réduira son taux d’intérêt directeur sous la barre des 3% d’ici le milieu de 2025.

Dans ses perspectives économiques de l’automne, publiée jeudi, la société indique qu’elle s’attend à ce que le taux d’intérêt de la banque centrale soit réduit à 3,75% d’ici la fin de 2024. Elle prévoit un retour au taux neutre de 2,75% d’ici le milieu de 2025.

Parallèlement, elle s’attend à ce que l’économie connaisse une croissance modérée alors que les conditions du marché du travail se détériorent, d’autant plus que de nombreux propriétaires n’ont pas encore été confrontés à des taux plus élevés à mesure qu’ils refinancent leurs prêts.

«Nous pensons que nous allons vivre une année décente l’an prochain», a déclaré l’économiste en chef chez Deloitte Canada, Dawn Desjardins.

Selon Dawn Desjardins, il semble que le Canada réussira à éviter une récession, malgré l’impact de la hausse des coûts d’emprunt sur l’économie.

«Il serait difficile de prétendre que l’économie traverse facilement cette période de taux d’intérêt plus élevés. Cela dit, les chiffres globaux continuent de montrer que l’économie est en progression», a-t-elle souligné.

«Oui, le marché du travail s’est affaibli, mais je ne pense pas que nous soyons en crise en ce moment.»

La Banque du Canada a réduit son taux directeur à trois reprises jusqu’à présent cette année, l’inflation ayant diminué, et elle a déjà fait savoir que d’autres réductions sont à venir.

L’inflation a atteint l’objectif de 2% de la banque centrale en août, en baisse par rapport à 2,5% en juillet. Elle a ainsi atteint son niveau le plus bas depuis février 2021.

Toutefois, la hausse des taux a pesé sur la croissance économique et le marché du travail.

Le taux neutre de 2,75% prévu par Deloitte — le taux auquel la politique monétaire de la banque centrale ne stimule ni ne freine l’économie — est plus élevé que celui autour duquel les taux oscillaient dans les années précédant la pandémie de COVID-19.

Selon Dawn Desjardins, les prévisions de Deloitte concordent avec les projections de la Banque du Canada. Plusieurs facteurs se profilent à l’horizon et pourraient accroître le risque d’inflation, a-t-elle prévenu, notamment les changements climatiques.

«Ce sont des facteurs coûteux que nous allons devoir gérer et qui seront intégrés dans les prix. C’est ainsi que nous en arrivons à ce taux de 2,75%», a-t-elle expliqué.

Optimisme dans un contexte incertain

Dans ses prévisions, Deloitte rappelle que le contexte mondial reste difficile, avec les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient qui se prolongent, des tensions commerciales de plus en plus importantes et l’issue incertaine de l’élection présidentielle aux États-Unis.

Les consommateurs et les entreprises sont donc toujours confrontés à une grande incertitude, a mentionné Dawn Desjardins.

L’incertitude accrue, notamment en raison de l’élection américaine qui doit avoir lieu en novembre, rend les entreprises réticentes à investir, mais la situation devrait changer l’an prochain, à son avis.

«L’inflation va diminuer et les taux d’intérêt vont baisser. Ce sont deux facteurs puissants qui favoriseront une amélioration de la confiance tant du côté des consommateurs que du côté des entreprises au cours de l’année prochaine», a-t-elle affirmé.

Globalement, Deloitte reste optimiste quant à l’économie canadienne l’an prochain.

«La baisse des taux allégera suffisamment le fardeau pesant sur le secteur très endetté des ménages pour soutenir une augmentation des dépenses et une reprise du marché du logement», peut-on lire dans le rapport.

«Après deux années de croissance inférieure à la moyenne, nous nous attendons à ce que l’économie retrouve sa vigueur en 2025.»

Les prix des logements restent élevés

Malgré la baisse de l’inflation, les prix des logements, en particulier les loyers, «restent trop élevés», selon Deloitte. La baisse des taux d’intérêt devrait cependant «relancer les activités de construction», qui devraient augmenter progressivement au courant de l’année.

Bien que les baisses de taux puissent aider à stimuler le marché immobilier, Deloitte s’attend à ce que la reprise soit modeste, dans un contexte de faible accessibilité.

Selon Dawn Desjardins, sans une augmentation importante de l’offre, le problème de l’accessibilité ne devrait pas s’atténuer.

«Nous savons que le Canada à un déficit d’offre assez important du côté du logement» a-t-elle soulevé.

«Et on ne peut pas créer des logements du jour au lendemain.»

Toutefois, elle ne s’attend pas non plus à une augmentation importante des prix.

«Je pense que nous allons assister à une certaine diminution de la demande du côté des nouveaux Canadiens. Cela pourrait donc apporter un peu de soulagement», a-t-elle analysé.

Par Rosa Saba