La chute du PIB au premier trimestre n’est rien à côté du plongeon attendu dans les prochains mois.
La Fed a prédit des mois difficiles pour l’économie américaine, terrassée par la pandémie de Covid-19, qui a d’ores et déjà mis fin à plus d’une décennie de croissance, et devrait provoquer un plongeon historique dans les mois à venir.
La pandémie « présente des risques considérables » pour les perspectives de l’économie américaine à moyen terme, a estimé la Réserve fédérale américaine dans un communiqué.
La Fed, qui se dit prête à utiliser « toute la palette d’outils » à sa disposition pour atténuer l’impact économique, estime que cette crise de santé publique « pèsera lourdement sur l’activité économique, l’emploi et l’inflation à court terme ».
À l’issue de ses deux jours de réunion monétaire, la Banque centrale a maintenu en état ses taux directeurs, dans une fourchette de 0 à 0,25 % depuis son dernier comité le 15 mars.
Elle les maintiendra à ce niveau jusqu’à ce qu’elle soit convaincue que l’économie « a survécu » à cette crise et « est en bonne voie d’atteindre ses objectifs maximaux d’emploi et de stabilité des prix ».
Depuis deux mois, et la progression de la pandémie aux États-Unis, la Fed a également lancé une avalanche de mesures, qu’il s’agisse d’outils habituels ou de nouveautés, afin de rassurer les marchés et de donner une bouffée d’air aux entreprises et aux ménages.
La pays affichait une solide croissance depuis la fin de la crise financière de 2009.
Le président Donald Trump s’était félicité des 2,3 % enregistrés en 2019 et visait 3 % par an. La bonne santé de son économie était d’ailleurs un argument de taille dans sa course à la réélection à la Maison-Blanche.
Chute du PIB
Mais la première économie du monde a vu son Produit intérieur brut (PIB) reculer de 4,8 % au premier trimestre, la baisse la plus importante depuis le 4e trimestre 2008, alors que les États-Unis s’enfonçaient dans la crise économique. La chute avait alors été de 8,4 %.
La mise à l’arrêt de l’économie progressive au cours du mois de mars à mesure que le confinement était étendu à la majorité de la population, pour enrayer la pandémie, a « entraîné des changements rapides de la demande », relève le département du Commerce, qui a publié mercredi ces données.
Restaurants, bars, boutiques, écoles, ont fermé, seuls les commerces jugés indispensables pouvant rester ouverts, et « les consommateurs ont annulé, restreint ou réorienté leurs dépenses ».
En cinq semaines, plus de 26 millions de personnes se sont inscrites au chômage, du jamais vu.
Or, seule la fin du trimestre a été touchée par ces mesures, ce qui laisse présager une chute du PIB bien plus spectaculaire au deuxième trimestre, et l’entrée offcielle des États-Unis en récession, selon une définition classique de ce recul de la richesse nationale.
« Partie émergée de l’iceberg »
Ce recul est « la partie émergée de l’iceberg », avait averti Kevin Hassett, le conseiller économique de Donald Trump, mardi sur CNN, prédisant, pour les mois à venir, des chutes jamais vues.
Les projections des analystes laissent prévoir une baisse de l’ordre de 30 à 40 %. L’ampleur dépendra du rythme auquel pourra redémarrer l’activité, tout en évitant une deuxième vague de contamination.
Puis, l’économie devrait se redresser timidement au second semestre. Le Fonds monétaire international table ainsi sur une contraction du PIB américain de 5,9 % en 2020.
Les États-Unis pourraient connaître avec cette crise une récession trois fois plus forte que pendant la crise financière, « et la plus forte contraction économique depuis la Seconde Guerre mondiale », selon les analystes d’Oxford Economics.
« L’arrêt soudain de l’activité du secteur privé sera partiellement compensé par des dépenses massives du secteur public (…) et une relance sans précédent de la Fed », commentent-ils, mais « les pertes d’emplois seront traumatisantes et le rebond après le virus sera très progressif et semé d’embûches ».
Pour certains secteurs particulièrement affectés par la paralysie de l’économie, à l’instar du transport aérien, le retour au niveau de 2019 pourrait prendre plusieurs années.
La mesure utilisée aux États-Unis pour estimer la croissance est l’évolution en rythme annuel, qui compare le PIB à celui du trimestre précédent, et projette l’évolution sur l’année entière à ce rythme. Elle diffère du glissement annuel, qui compare le PIB à celui du même trimestre de l’année précédente.