«Il est dans l'intérêt fondamental des deux pays (...) de parvenir à un accord.»
La Chine a refusé vendredi de confirmer qu’un accord commercial partiel avec Washington était imminent, comme l’a affirmé la veille le président américain Donald Trump, Pékin réaffirmant qu’un tel accord devait être « mutuellement bénéfique ».
Jeudi soir, l’épilogue de 19 mois d’une féroce guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques mondiales semblait se dessiner après un tweet très optimiste du locataire de la Maison blanche.
«Nous sommes TRÈS proches d’un GRAND ACCORD avec la Chine», a-t-il assuré. «Ils le veulent, et nous le voulons aussi!», a ajouté sur le réseau social M. Trump, qui envoie depuis plusieurs semaines des signaux contradictoires sur ce dossier, créant une certaine nervosité sur les marchés.
La Bourse de New York a terminé en hausse et emporté les indices Nasdaq et S&P 500 vers de nouveaux records, les investisseurs misant sur l’officialisation imminente d’un accord, donné comme acquis par plusieurs médias américains.
M. Trump a rencontré ses principaux conseillers sur cet épineux dossier mais la Maison Blanche est restée muette sur une possible percée dans les discussions.
Selon la presse, Washington renoncerait à mettre en place dimanche une nouvelle salve de tarifs douaniers sur quelque 160 milliards de dollars de biens chinois (téléphones portables, consoles de jeux vidéo, vêtements de sport).
«Mutuellement bénéfique»
De son côté, Pékin est resté vendredi très évasif sur d’éventuelles avancées avec les négociateurs américains.
«Il est dans l’intérêt fondamental des deux pays (…) de parvenir à un accord», a affirmé devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying. Mais un accord doit être «mutuellement bénéfique», a-t-elle prévenu.
L’annonce éventuelle d’un «deal» avec Pékin tomberait à pic pour le milliardaire républicain, visé par une procédure de destitution qui devrait s’accélérer avec sa mise en accusation dès la semaine prochaine.
Les deux pays se livrent depuis près de deux ans un bras de fer qui se traduit par l’imposition mutuelle de droits de douane supplémentaires portant sur des centaines de milliards de dollars d’échanges annuels.
Au-delà d’un éventuel accord préliminaire, Washington exige de la Chine des réformes structurelles: que Pékin s’engage à ne plus subventionner ses entreprises publiques, ouvre ses marchés publics aux entreprises étrangères et cesse d’obliger ces dernières à accorder des transferts de technologies.
Tenir ses promesses
Selon le Wall Street Journal, Washington a proposé à Pékin d’abaisser jusqu’à 50% les droits de douane américains sur quelque 360 milliards de dollars d’importations en provenance de Chine.
En revanche, l’accord prévoirait la possibilité pour les Etats-Unis de réimposer le niveau original de droits de douane si la Chine ne tenait pas ses promesses.
Cette guerre commerciale, qui pénalise déjà les firmes chinoises tournées vers l’export, menace à présent la croissance du géant asiatique. Elle est tombée à 6% sur un an au troisième trimestre, soit son niveau le plus bas depuis 27 ans.
Outre cet affrontement commercial, Chinois et Américains s’opposent à propos de la crise politique à Hong Kong. Au grand dam de Pékin, Donald Trump a signé fin novembre une loi soutenant les manifestations pro-démocratie.
Ce texte, qui menace de suspendre le statut économique spécial accordé par Washington à l’ancienne colonie britannique si les droits des manifestants ne sont pas respectés, avait été approuvée à une écrasante majorité par le Congrès.