La Chine compte «renforcer les inspections» des produits en provenance de sociétés canadiennes.
Les autorités douanières chinoises vont suspendre les importations de viande de porc en provenance de la société canadienne Frigo Royal, a rapporté mardi un média d’État, dans un contexte de tensions diplomatiques sans précédent entre les deux pays.
« Des résidus de ractopamine ont été détectés le 3 juin par les douanes de Nankin (est) dans une cargaison de porc acheminée en Chine par l’entreprise canadienne Frigo Royal », a indiqué l’agence de presse Chine nouvelle, citant un communiqué des Douanes.
La ractopamine, produit dopant utilisé dans la filière porcine pour obtenir des animaux plus lourds et moins gras, est interdite dans le pays asiatique ainsi que dans l’Union européenne (UE), mais autorisé en Amérique du Nord.
« Les Douanes vont suspendre les importations de porc » de Frigo Royal et « renforcer les inspections » des produits en provenance de sociétés canadiennes, indique une circulaire sans préciser de date pour l’application de ces mesures.
« On a été informés par la Chine qu’ils avaient trouvé de la ractopamine dans un produit de porc, dans des langues de porc. On est en train de faire les vérifications (et) le suivi avec l’entreprise qui est impliquée », a réagi à la presse la ministre canadienne de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, refusant de nommer l’entreprise impliquée.
Refusant de « spéculer sur les conséquences » que ce nouvel épisode aura sur les relations déjà tendues entre Pékin et Ottawa, la ministre a insisté sur le fait que la présence de ractopamine ne pose « pas de risque pour la santé des gens ».
« Ce qui a été trouvé dans la viande là-bas, c’est quelque chose qui est tout à fait acceptable au Canada, aux États-Unis, en Australie » et qui « respecte les normes internationales aussi », malgré son interdiction en Chine et dans l’UE.
Après avoir bloqué les importations des deux principaux producteurs canadiens de colza, arguant y avoir trouvé des « nuisibles », la Chine a récemment « augmenté ses inspections » des cargaisons de porc canadien par crainte de pathogènes présents dans la viande.
Les relations entre Ottawa et Pékin traversent une crise sans précédent depuis l’arrestation le 1er décembre à Vancouver d’une dirigeante du géant chinois des télécoms Huawei, Meng Wanzhou, accusée par les États-Unis d’avoir contourné les sanctions américaines sur l’Iran.
Depuis l’arrestation de Mme Meng, les autorités chinoises ont arrêté deux Canadiens qu’elles soupçonnent d’espionnage, et en ont condamné à mort deux autres, mais Pékin assure que ces mesures sont sans lien avec l’affaire Huawei.
Le porc est de loin la viande la plus consommée en Chine, mais le cheptel du pays asiatique est décimé depuis l’été dernier par une épidémie de grippe porcine.
Le virus, qui n’est pas dangereux pour l’homme, mais très destructeur pour les cochons d’élevage et les sangliers, s’est propagé depuis août dans plus de la moitié des provinces chinoises, faisant bondir les prix.
Les autorités ont annoncé avoir tué environ un million de porcs, mais, d’après des experts, ce chiffre est sous-évalué.