Les entreprises cotées au Dax «ressemble plus à un musée de l’industrie qu’à un centre d’innovation de l’économie».
La Bourse de Francfort va dépoussiérer son indice vedette, le DAX, en le faisant passer de 30 à 40 valeurs afin de gagner en représentativité et de rebâtir, grâce à des critères plus stricts, la confiance perdue après le scandale Wirecard.
Cette réforme, la plus importante jamais lancée par Deutsche Börse, vise à aligner cet indice « sur les standards internationaux » et entrera en vigueur en septembre 2021, a annoncé mardi l’opérateur de la bourse allemande.
« Il s’agit d’une étape historique » et « attendue de longue date » pour le vénérable indice lancé en 1988, commente Timo Emden, analyste indépendant.
Car la liste des 30 entreprises cotées au Dax « ressemble plus à un musée de l’industrie qu’à un centre d’innovation de l’économie allemande », avait récemment raillé un autre analyste, Marc Decker, responsable de la gestion d’actifs au sein de la banque privée Merck Finck.
Ainsi, alors que les géants technologiques comme Facebook, Amazon et Netflix forment le fer de lance de la Bourse outre-Atlantique, le Dax est, lui, toujours dominé par la « vieille économie » et les poids lourds de l’automobile (Volkswagen, BMW, Daimler) ou de la chimie (BASF, Bayer, Beiersdorf, Henkel).
Plus de diversité
L’influence de cette industrie traditionnelle, sensible aux aléas de la conjoncture, « induit plus de volatilité » sur les cours, et « ne satisfait pas aux tendances des investissements internationaux en direction des secteurs technologiques », souligne Andreas Lipkow, analyste chez Comdirect.
Ainsi, l’élargissement du Dax à quarante valeurs, comme le CAC40 français et le FTSE Mib à Milan, va donner plus de diversité à l’indice allemand.
Parmi les candidats à un Dax élargi figurent le producteur de parfums et d’arômes Symrise, l’enseigne berlinoise de mode en ligne Zalando ou le laboratoire de biotechnologie Qiagen, actuellement cotés dans l’indice des valeurs moyennes MDax, dont la composition passera elle de 60 à 50 membres.
Le Dax, qui concentre déjà 75 % de la capitalisation boursière de la place de Francfort, devrait à terme « s’apprécier légèrement grâce à une part relevée des entreprises de croissance », selon Michael Bissinger, analyste chez DZ Bank.
De quoi « améliorer sa réputation à l’international », renchérit M. Emden.
Plus jamais Wirecard
La place de Francfort se réforme également pour effacer les dégâts du scandale sans pareil ayant éclaté en juin après la découverte de la gigantesque fraude comptable imputée à la société de paiements en ligne Wirecard, entrée triomphalement au Dax à peine deux ans auparavant.
La firme bavaroise a dû avouer que 1,9 milliard d’euros inscrits dans ses comptes n’existaient pas – entraînant une chute de plus de 98 % de son cours de Bourse.
Les critiques s’étaient alors multipliées sur la faiblesse de la réglementation pour l’accession à l’élite boursière.
D’autant que Wirecard a été remplacé au Dax par le fournisseur de repas Delivery Hero, qui n’a encore jamais dégagé de profits.
Deutsche Börse prévoit donc de resserrer ses critères d’admission au Dax pour « ne plus permettre à des entreprises ayant rejoint l’indice de devenir un nouveau “Wirecard”, souligne M. Emden.
La réforme, finalisée au terme d’une large consultation des acteurs de la place financière, impose à toute société candidate à l’indice de prouver qu’elle a été profitable au cours des deux exercices précédents en termes de résultat opérationnel (Ebitda).
De même, les sociétés cotées dans les indices de la famille Dax — qui compte encore le SDax des petites valeurs et le TechDax des valeurs technologiques — devront publier à compter de mars 2021 des rapports annuels audités, des bilans trimestriels et disposer d’un comité d’audit au sein du conseil de surveillance, l’organe passant au peigne fin les comptes.
Autre point plus technique de la réforme, la capitalisation boursière sera le seul critère d’entrée au Dax, l’autre critère clé lié au volume du négoce au quotidien étant abandonné contre la simple condition de “disposer d’une liquidité minimale”.
Seule la proposition “éthique” qui visait à exclure de l’indice les entreprises impliquées dans des ventes d’armes controversées a été rejetée.