La remontée des taux d’intérêt lors des deux dernières années aux États-Unis avait eux l'effet inverse.
Les grandes banques américaines, dont JPMorgan Chase, ont envoyé de premiers signaux mardi que la baisse imminente des taux directeurs de la Réserve fédérale (Fed) allait probablement entamer la rentabilité du secteur financier dans les prochains mois.
JPMorgan chase, Goldman Sachs et Wells Fargo ont toutes trois annoncé de gros profits pour le deuxième trimestre, la première se permettant même d’établir un record trimestriel avec un bénéfice de 9,65 milliards de dollars.
Ces publications ont échoué à complètement apaiser les inquiétudes des milieux d’affaires face aux incertitudes macroéconomiques alimentées par la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine ainsi que par les incertitudes géopolitiques.
Les actions JPMorgan (+1,04 %) et Wells Fargo (-1,87 %) faisaient du yo-yo à Wall Street, tandis que Goldman Sachs gagnait 1,82 % vers 11H10.
JPMorgan a vu sa marge d’intérêt net (la différence entre ce qu’elle gagne en prêtant de l’argent et en rémunérant les épargnants) diminuer à 2,49 % au deuxième trimestre, contre 2,57 % un an plus tôt.
Disant anticiper trois baisses de taux d’ici la fin de l’année, la firme a en outre abaissé son objectif 2019 de revenus nets d’intérêts, soit la différence entre l’intérêt que JPMorgan Chase gagne sur les prêts consentis à ses clients et l’intérêt qu’elle verse aux épargnants et autres créanciers pour utiliser leur argent.
Ces revenus devraient s’établir désormais à 57,5 milliards de dollars contre 58 milliards prévus en avril alors qu’elle ne tablait sur aucun relèvement des taux.
Wells Fargo, qui a dégagé un bénéfice net de 6,2 milliards de dollars, a vu pour sa part sa marge d’intérêt baisser à 2,82 % contre 2,93 % un an plus tôt et revu à la baisse ses marges bénéficiaires pour 2019, en raison du changement de politique monétaire attendu de la banque centrale.
Marcus en Europe
Citigroup, la troisième banque américaine, avait, elle, laissé inchangé lundi son objectif de croissance de 4 % de ses revenus nets d’intérêts qui n’avaient pourtant augmenté que de 2 % au deuxième trimestre.
La remontée des taux d’intérêt lors des deux dernières années aux États-Unis avait permis aux banques d’améliorer nettement leur rentabilité. JPMorgan Chase a ainsi dégagé des bénéfices de près de 33 milliards de dollars pour l’ensemble de l’année 2018, du jamais-vu pour une banque américaine.
Une baisse des taux pourrait avoir l’effet inverse, d’autant que la rémunération offerte aux épargnants augmente du fait de la concurrence des startup spécialistes des services financiers (Fintech) et de banques d’affaires comme Goldman Sachs.
La prestigieuse banque, en pleine transition pour devenir une banque universelle, tire profit de sa diversification qui lui a permis au deuxième trimestre de limiter les conséquences de la baisse continue des recettes générées par les courtiers.
Goldman Sachs a enregistré un bénéfice net de 2,2 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 9,46 milliards et a réduit le taux d’intérêt qu’elle versait aux épargnants en anticipation du nouveau climat monétaire.
Marcus, sa plateforme en ligne de prêts aux ménages et aux PME qui devrait proposer d’ici peu une carte bancaire en partenariat avec Apple, est en train de croître rapidement, ce qui a dopé de 16 % les revenus de la division investissements et prêts.
Elle revendique 48 milliards de dollars en dépôts bancaires en trois ans et affirme avoir octroyé plus de 5 milliards en crédits.
« Nous nous attendons à accroître notre portefeuille de prêts aux ménages (prêts à la consommation) avec l’émission de cartes bancaires », a indiqué Stephen Scherr, le directeur financier, lors d’une conférence téléphonique d’analyse des résultats trimestriels.
Goldman Sachs prévoit d’introduire Marcus en Europe, principalement au Royaume-Uni, et n’exclut pas une implantation en Allemagne.
Si les taux sont un casse-tête, la performance des activités de marchés — négoce de produits et titres financiers et conseils aux entreprises dans les fusions-acquisitions, collectes de fonds et introductions en Bourse — n’est pas de nature à rassurer.
À l’exception de Goldman Sachs dont les courtiers responsables des titres financiers ont permis de limiter les mauvais résultats de leurs collègues du courtage des obligations, devises et matières premières (FICC), les autres firmes de Wall Street sont à la peine avec des baisses de revenus souvent plus importantes qu’anticipées.
« Il y a beaucoup de prudence chez les investisseurs au vu de toutes ces incertitudes », a fait remarquer Jennifer Piepszak, la nouvelle directrice financière de JPMorgan Chase.
Il est peu probable que Bank of America et Morgan Stanley, les deux autres grandes banques de Wall Street n’ayant pas encore publié leurs résultats trimestriels inversent la tendance en milieu de semaine, selon les experts.