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Investir en biotechnologie est risqué, mais peut rapporter

La Presse Canadienne|Publié le 07 Décembre 2020

Peu de Canadiens investissent dans le secteur de la biopharmacie américaine, selon la société Refinitiv.

Les Canadiens qui souhaitent investir dans des actions d’entreprises liées à la lutte contre la pandémie de COVID-19 ont un vaste choix. Toutefois, investir dans des petites sociétés comporte des risques élevés, mais le gain peut être intéressant.

BetterLife Pharmaceuticals est l’une de ces sociétés. L’entreprise de Vancouver teste actuellement un traitement pour les cas dans lesquels un vaccin ne fonctionne pas ou des patients refusent d’être vaccinés.

« Nous avons une solution faite au Canada », déclare le fondateur et chef de la direction, le Dr Ahmad Doroudian.

Son entreprise a travaillé avec le Conseil national de recherches et l’immunologiste de Toronto, la Dre Eleanor Fish. Elle a mis au point une méthode par inhalation pour traiter les patients atteints de COVID-19 en aidant le système immunitaire à vaincre le virus.

« Nous pensons que nous pouvons avoir un impact. Nous pensons absolument que nous allons faire partie d’un cocktail de traitements qui sera nécessaire pour contenir cette infection dans les années à venir », dit-il.

Parmi les autres sociétés, figurent notamment Algernon Pharmaceuticals, IMV — qui travaille sur un vaccin — et WELL Health Technologies, qui propose des tests d’anticorps.

Investir dans la biotechnologie est par nature risqué, concède le Dr Doroudian, mais ce choix peut être plus avantageux que d’acheter des actions d’un fabricant mondial de vaccins comme Pfizer, dont les actions sont plus stables.

Si les actions des petites entreprises de biotechnologie augmentent ou plongent en fonction des résultats cliniques, leurs prix sont beaucoup plus bas.

Les actions de BetterLife se sont négociées entre 0,40 $ et 3 $ au cours des 52 dernières semaines, sa capitalisation boursière s’établissant actuellement à 28,5 millions $. La valeur de Pfizer est de 227 milliards $ US sur la base d’un cours de 40,84 $.

Certaines entreprises canadiennes de biotechnologie sont privées, mais ont établi des partenariats avec de grandes multinationales qui sont disponibles pour l’investissement. Ainsi de Medicago qui travaille avec GSK.

AbCellera Biologics, de Vancouver, et Eli Lilly and Company ont mis au point le Bamlanivimab, un médicament pour traiter les patients présentant des symptômes légers ou modérés de COVID-19, qui a reçu une autorisation d’utilisation d’urgence au Canada et aux États-Unis.

L’approbation survient dans la foulée de l’arrivée au Nasdaq d’AbCellera qui espère lever 200 millions $ US.

Pourtant, acheter des actions d’une entreprise qui lance un premier appel public à l’épargne parce qu’elle dispose d’un traitement ou d’un vaccin contre la COVID−19 prometteur peut être risqué, prévient Les Stelmach, gestionnaire de portefeuille chez Franklin Templeton Canada.

« Certainement, l’investisseur se méfie », dit−il.

Pour la plupart, les investisseurs canadiens doivent se tourner vers les États−Unis pour avoir un accès direct aux efforts pharmaceutiques de lutte contre la COVID−19, en particulier pour les vaccins.

Même avant la pandémie, les investisseurs devaient regarder à l’extérieur du Canada pour se doter d’un bon portefeuille d’actions dans le domaine des soins de santé, car le secteur est considérablement sous−représenté à la TSX, indique Craig Fehr, stratège en placements chez Edward Jones.

« Nous ne conseillons pas nécessairement à nos clients d’examiner des investissements spécifiques dans des entreprises dont l’objectif est de concevoir un vaccin en soi. Nous pensons toutefois que le secteur des soins de santé devrait faire partie intégrante de tout portefeuille d’actions bien diversifié en raison des occasions séculaires et cycliques qui s’y présentent », soutient-il.

Peu d’investisseurs

Peu de Canadiens investissent dans le secteur de la biopharmacie américaine, selon la société de données financières Refinitiv.

Seulement 1,4 % des actionnaires de Pfizer sont des Canadiens. Ils détiennent 78,1 millions d’actions évaluées à 2,86 milliards $. Le pourcentage pour GSK est de 1,42 %, 1,16 % pour Eli Lilly, 1,36 % pour Gilead et 0,58 % pour Moderna.

Pfizer, Moderna et AstraZeneca suscitent un intérêt accru pour les investissements après chaque annonce de vaccins contre la COVID-19.

« On achète Pfizer parce que c’est une bonne société pharmaceutique. Ils gagnent de l’argent et ils ont un bon éventail de médicaments et de nouveaux produits prometteurs. Elle ne compte pas seulement sur la COVID-19 », dit M. Stelmach.

Il est difficile d’investir dans des sociétés de biotechnologie à petite et moyenne capitalisation, car elles dépendent généralement largement d’une seule source de revenus, fait valoir Mike Archibald, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Placements AGF Inc.

En tant qu’investisseur généraliste, M. Archibald dit ne pas vouloir concentrer une grande partie de son portefeuille dans un secteur qui peut surgir à la suite d’une approbation réglementaire mais s’effondrer après de mauvaises nouvelles.

« Lorsque je crée un portefeuille, ce sont des paris que je ne fais généralement pas. Et si je veux les faire, je les fais généralement par très, très petits pourcentages et cela nécessiterait de faire preuve d’une diligence raisonnable pour m’assurer que je comprends exactement quels sont les résultats potentiels. »

Une bonne stratégie pour la plupart des investisseurs canadiens consiste plutôt à se concentrer sur l’impact positif des vaccins sur l’économie en général souligne Anish Chopra, directeur général de Portfolio Management Corp.

Selon lui, les occasions ne manqueront pas dans des secteurs traditionnels comme les services financiers, l’énergie et l’hôtellerie lorsque la reprise économique sera relancée.