Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Grève au CN: le milieu des affaires souhaite un dénouement rapide

La Presse Canadienne|Publié le 19 novembre 2019

Plusieurs associations du milieu des affaires exhortent l'employeur et le syndicat à dénouer l'impasse.

La grève déclenchée par quelque 3200 employés de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) préoccupe plusieurs associations du milieu des affaires, qui exhortent l’employeur et le syndicat à dénouer l’impasse.

Un conflit de travail qui s’étire et qui paralyse les trains de marchandises risque d’avoir une incidence négative sur les revenus de nombreuses compagnies et même aller jusqu’à provoquer des licenciements et des fermetures, ont-elles prévenu, mardi.

Ce sont des chefs et agents de train ainsi que les agents de triage représentés par la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada qui sont en grève depuis minuit, mardi – l’échéancier fixé pour conclure une entente avec le CN.

«L’impact va être important parce que l’on parle de gros volumes, donc de gros montants d’argent qui sont en jeu», a expliqué la présidente-directrice générale de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx, au cours d’un entretien téléphonique.

Le gouvernement Trudeau a exhorté le CN et les Teamsters à poursuivre leurs discussions afin de dénouer l’impasse.

Sans évoquer une loi spéciale, la ministre fédérale de l’Emploi, du Développement de la main-d’oeuvre et du Travail, Patty Hajdu, a fait savoir, dans une déclaration, qu’elle suivait la situation «de près». 

«Le gouvernement du Canada est conscient de l’importance de l’industrie ferroviaire et de ses travailleurs pour l’économie canadienne», a-t-elle souligné, ajoutant avoir «bon espoir» de voir les deux parties trouver un terrain d’entente.

Pour la dirigeante de MEQ, la question de la durée de la grève sera déterminante.

Si l’association patronale souhaite laisser la chance à la négociation entre les deux parties, elle prévient toutefois que plusieurs représentants du milieu des affaires risquent de changer d’avis si le conflit de travail perdure.

«Pour quelques jours, c’est gérable, mais si l’on parle de semaines, l’impact sera significatif, a dit Mme Proulx. Les entreprises n’ont pas d’autres solutions vers lesquelles se tourner. Avec le transport routier, le réseau est congestionné.»

De son côté, l’industrie pétrolière s’est inquiétée de ne plus pouvoir compter sur une option névralgique d’exportation alors que la capacité des oléoducs ne répond pas à la production dans l’ouest du pays, a souligné le vice-président de l’Association canadienne des producteurs pétroliers, Ben Brunnen.

Pour le directeur général de l’Association minière du Canada, Pierre Graton, le conflit de travail au CN aura un «effet gravement préjudiciable» sur le secteur des ressources au pays.

«Le transport de carburant et d’autres équipements à destination des sites miniers sera compromis, de même que le transport de produits minéraux», a-t-il fait valoir, dans une déclaration où il demande à Ottawa d’intervenir.

Pour les expéditeurs de céréales, cette grève coïncide avec une année difficile pour les récoltes. La récolte céréalière, qui accuse déjà du retard, donne des maux de tête à l’industrie après un printemps sec et un été pluvieux. 

Selon le président de l’association des exploitants de silos à céréales, Wade Sobkowich, il est impossible de reprendre chaque journée perdue.

«Il n’y a vraiment rien à faire, a-t-il déploré, au cours d’un entretien téléphonique. Une fois que les trains sont immobilisés, vous êtes pratiquement au neutre, sans autre solution, jusqu’à ce que le problème soit résolu.»

Sans contrat de travail depuis le 23 juillet, la partie syndicale se dit préoccupée par les longues heures de travail, des enjeux entourant la fatigue et ce qu’elle considère comme des conditions de travail dangereuses. 

Le CN a signalé qu’il serait de retour à la table des négociations mardi, où seront présents des médiateurs fédéraux. 

«Nous sommes déçus que le (syndicat) ait déclenché une grève», a souligné un porte-parole du CN, Jonathan Abecassis, dans un courriel.

Le directeur des affaires publiques des Teamsters, Christopher Monette, a déclaré que le syndicat était toujours en pourparlers avec l’employeur.

Cette grève survient alors que le CN a annoncé, vendredi, son intention de procéder à quelque 1600 mises à pied, soit près de six pour cent de sa main-d’oeuvre, en raison de l’affaiblissement de l’économie nord-américaine qui freine la demande.

À l’occasion d’une conférence destinée aux investisseurs organisée par la Banque Scotia à Toronto, la vice-présidente à la planification du CN, Janet Drysdale, a expliqué que la restructuration visait à ce que les coûts de main-d’oeuvre correspondent à la demande ferroviaire. 

Les volumes sont en baisse de 11% au quatrième trimestre par rapport à la même période l’an dernier, ce qui est «important», a-t-elle expliqué, ajoutant que le CN n’anticipait pas une récession l’année prochaine.

À la Bourse de Toronto, le titre du CN cotait à 122,65$, mardi après-midi, en recul de 1,11$, ou environ 0,8%.