GES: le CN et le CP interpellés par un important actionnaire
La Presse Canadienne|Publié le 19 novembre 2020TCI Fund Management Limited demande au CN et au CP de faire le point sur leurs émissions de GES.
Un des principaux actionnaires des deux chemins de fer au pays leur demande de faire le point sur leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’expliquer à leurs actionnaires ce qu’ils entendent faire pour les réduire.
TCI Fund Management Limited, qui appartient au milliardaire britannique Christopher Hohn, souhaite voir la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) ainsi que le Canadien Pacifique (CP) présenter des stratégies climatiques lors de leurs prochaines assemblées annuelles respectives, l’an prochain.
De plus, les actionnaires de chacune des sociétés doivent être appelés à voter sur ces initiatives, demande la firme.
«Même si TCI reconnaît les avancées réalisées par le CN pour améliorer son empreinte carbone, le soutien à la proposition renforcerait son leadership et son engagement (aux critères) ESG (environnement, société et gouvernance) et donnerait l’exemple à suivre aux autres sociétés canadiennes», a fait valoir M. Horn, jeudi, dans un communiqué.
La firme établie à Londres, fondée en 2003, est le cinquième actionnaire en importance du CN avec une participation de 2,92 % et le plus important du CP grâce à son bloc d’environ 8,3 %, d’après la firme de données financières Refinitiv.
TCI a dit avoir déjà échangé avec le CP afin de présenter, lors du prochain rendez−vous annuel, une proposition concernant la question du climat. Jeudi après−midi, les deux transporteurs ferroviaires, dont les sièges sociaux se trouvent respectivement à Montréal et Calgary, n’avaient pas commenté la sortie de la firme britannique.
Dans son plus récent rapport annuel, le CN soulignait que son «efficacité énergétique» s’était «améliorée de 1 %» en 2019, «ce qui représente une économie d’environ 48 000 tonnes d’émissions de carbone». La plus importante société ferroviaire au pays a également mis en ligne une présentation d’une cinquantaine de pages en réponse à un questionnaire de l’organisme à but non lucratif CDP dans laquelle elle aborde la question de ses émissions de GES.
TCI souhaite plutôt un plan qui doit être expliqué aux porteurs de titres lors du rendez−vous annuel avant d’être soumis au vote de ces derniers.
«Si vous ne faites pas attention, vous risquez de ne pas respecter vos obligations fiduciaires, a souligné Richard Leblanc, professeur de gouvernance, de droit et d’éthique à l’Université York, au cours d’un entretien téléphonique. Il y a eu des changements législatifs en 2019 et il faut considérer l’environnement et l’horizon à long terme.»
Même si la firme londonienne ne parvient pas à ses fins cette année, elle risque de revenir à la charge, a ajouté M. Leblanc, ce qui pourrait accroître la pression auprès des dirigeants des compagnies.
Sur son site web, TCI affirme que les changements climatiques sont au coeur de ses stratégies d’investissement. Elle prévient qu’elle pourrait, lors des assemblées annuelles, voter contre les candidats des sociétés qui refusent de montrer patte blanche en matière de GES et qui ne proposent pas de stratégie pour les réduire.
Un article publié par le Financial Times le mois dernier soulignait qu’en Espagne, l’exploitant d’aéroports Aena avait accepté de laisser ses actionnaires se prononcer sur ses engagements climatiques à la suite de pressions notamment effectuées par TCI.