Des économistes comptent sur le président de la Fed, Jerome Powell, pour donner des indications sur l'ampleur des prochaines hausses mercredi lors de sa conférence de presse. (Photo: Getty Images)
Washington — La Banque centrale américaine va, sauf surprise, relever mercredi ses taux d’intérêt, la seconde hausse en moins de deux mois avec l’objectif de juguler une inflation au plus haut depuis 40 ans.
C’est la seule certitude tant les questions sont nombreuses sur la politique monétaire à venir de la Réserve fédérale (Fed) et sur ses effets qui pourraient être ressentis à travers l’économie mondiale.
Quel est l’objectif et combien de hausses?
Aux États-Unis, l’enjeu est de tempérer les pressions sur les prix sans faire basculer la première économie mondiale dans la récession. Un exercice délicat alors que l’économie américaine a déjà fortement ralenti. Le PIB s’est même contracté de 1,4% au premier trimestre.
La hausse mercredi devrait être d’un demi-point de pourcentage, une première depuis mai 2000, ce qui porterait les taux dans une fourchette comprise entre 0,75% et 1%.
En mars, la Fed avait signalé la possibilité de six autres hausses d’ici la fin de l’année.
Une majorité d’économistes tablent désormais sur une autre augmentation encore plus agressive de trois quarts de point de pourcentage lors de la réunion de juin, ce qui serait une première depuis 1994.
Ils comptent sur le président de la Fed, Jerome Powell, pour donner des indications sur l’ampleur des prochaines hausses mercredi lors de sa conférence de presse.
Quel impact sur les marchés?
Des taux d’intérêt plus élevés peuvent avoir un impact négatif sur le marché boursier.
Avec des coûts d’emprunts plus chers, les entreprises pourraient moins investir. Si leurs coûts sont plus élevés et leur activité est moins soutenue, une baisse des revenus et des bénéfices peut alors avoir un impact sur la valeur de leurs actions.
On ne peut pas non plus exclure un aspect psychologique sur la façon dont les investisseurs perçoivent les conditions du marché. Les courtiers pourraient se tourner vers des investissements plus défensifs, sans attendre que le long processus de hausses des taux d’intérêt se fasse sentir dans l’ensemble de l’économie.
Quel impact sur la dette des pays pauvres et émergents?
Pour les économies émergentes et en développement, qui contractent des prêts en dollars américains, le risque est de crouler sous le coût du crédit.
Depuis des mois, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale alertent sur les risques pour ces pays d’une remontée trop rapide des taux d’intérêt de la Fed.
Déjà très endettés avant la pandémie, ils ont en effet accumulé encore plus de dettes pendant la crise sanitaire au point que 60% des pays à faibles revenus sont déjà surendettés ou pas loin de l’être.
Quel effet sur les flux de capitaux?
Lorsque les taux d’intérêt augmentent aux États-Unis ou dans d’autres économies avancées, les investisseurs retirent des fonds des marchés émergents où ils s’étaient précipités en quête de rendements plus rémunérateurs.
En 2013, avant même la hausse des taux, les investisseurs avaient anticipé une baisse des injections de liquidités de la Fed, ce qui avait fait chuter les monnaies brésilienne, turque ou indienne.
Si la Fed confirmait le changement de cap lors des autres réunions cette année, cela mettrait la pression sur les économies émergentes qui ont besoin de fonds et cela pourrait donc affaiblir certaines monnaies. Les Banques centrales de ces pays peuvent réagir avec des taux d’intérêt plus élevés, mais cela mettrait plus de pression sur l’activité économique.
Quid du marché immobilier américain?
Aux États-Unis, le taux directeur de la Réserve fédérale influence le coût des prêts immobiliers et à la consommation notamment.
En mars 2020, la Fed avait abaissé le taux directeur dans une fourchette comprise entre 0% et 0,25%. Cela avait eu pour effet de stimuler le marché immobilier.
Mais le bond des ventes combiné à une offre de biens limitée s’est aussi accompagné d’une forte hausse des prix des maisons d’autant que les constructeurs peinent à achever leurs programmes en raison de problèmes d’approvisionnement mondial et d’une pénurie de travailleurs.
Pour autant, avant même la première hausse en mars (+0,25 point de pourcentage), les demandes de prêts hypothécaires ont ralenti et les ventes de maisons ont chuté en mars.