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Facebook, Google, Amazon: les géants des données sur la sellette

AFP|Publié le 24 juillet 2019

Enquêtes, amendes, menaces de démantèlement... L'Union européenne a ouvert le bal, les États-Unis haussent le rythme.

Enquêtes, amendes, menaces de démantèlement… L’Union européenne avait ouvert le bal, les États-Unis ont accéléré le rythme mardi. Le ministère de la Justice a lancé une vaste enquête sur les pratiques anticoncurrentielles des plateformes en ligne, réseaux sociaux, moteurs de recherche comme sites de commerce américains.

Washington s’en prend ainsi à des sociétés dominantes sur leurs marchés respectifs, mais surtout parmi les plus puissantes, les plus riches et les plus connues au monde : Google, Facebook et Amazon.

Facebook

Les données personnelles de ses plus de 2,7 milliards d’utilisateurs revendiqués (sur l’ensemble de ses plateformes, y compris Instagram, WhatsApp, Messenger) sont le bien le plus précieux de Facebook, qui les collecte et les exploite pour en tirer d’immenses revenus publicitaires grâce à un ciblage à la fois affiné et à grande échelle.

Ces données, et leur gestion, sont aussi la source de scandales à répétition et élus, régulateurs et enquêteurs dans le monde entier examinent les pratiques de Facebook de près.

Le réseau social fondé par Mark Zuckerberg pourrait d’ailleurs confirmer mercredi qu’il va payer une amende de 5 milliards de dollars, infligée par le régulateur américain pour manquements à la protection de la vie privée.

Mais ni les indignations des responsables politiques, ni sa réputation entachée, ni les amendes n’ont vraiment nui aux résultats de Facebook jusqu’à présent.

La croissance de son chiffre d’affaires et celle du nombre d’utilisateurs restent conséquentes. En 2018, Facebook a engrangé 55 milliards de dollars de revenus, dont 22 milliards de bénéfices.

En 2019, d’après eMarketer, Facebook devrait s’arroger plus de 20% des 333 milliards de dollars du marché mondial de la publicité en ligne, une part en hausse.

Facebook, c’est aussi du contenu (Facebook Watch), des appareils (Oculus, Portal), du cloud (Facebook Workplace), et bientôt peut-être une monnaie numérique, Libra. Mais ses efforts pour devenir une plateforme universelle pourraient être ralentis par les autorités.

Alphabet/Google

Le moteur de recherche Google écrase toute concurrence dans le monde entier, à l’exception de la Russie et de la Chine.

La publicité lui rapporte l’essentiel de ses revenus: 116 milliards de dollars en 2018 sur 136 milliards de chiffre d’affaires. Google capte ainsi 31% de parts de marché de la publicité numérique dans le monde, d’après eMarketer.

Même si Facebook subit le plus gros des critiques, Google est aussi épinglé pour sa puissance et sa gestion des données personnelles.

Le groupe a déposé en janvier un appel contre l’amende record de 50 millions d’euros infligée par la Cnil, gendarme français des données personnelles, qui lui a reproché de ne pas informer suffisamment clairement ses utilisateurs sur l’exploitation de leurs données.

Google pourrait aussi se voir imposer une sanction sonnante et trébuchante du régulateur américain pour ne pas avoir suffisamment protégé les enfants des contenus nocifs et de la collecte des données sur YouTube, sa plateforme de vidéos.

Sur le front anti-concurrentiel, Bruxelles lui a déjà infligé trois lourdes amendes pour abus de position dominante (plus de 8 milliards d’euros en tout).

Mais Alphabet (la maison-mère de Google) continue d’investir et d’innover aussi bien dans les produits publicitaires que dans ces nombreuses autres activités: intelligence artificielle, informatique dématérialisé, centres de traitement des données, solutions de paiement mobile, contenus, appareils (téléphones, enceintes connectées), jeux vidéo (Stadia)… Waymo, sa filiale spécialisée dans les voitures autonomes, est vue comme l’une des entreprises les plus avancées en la matière.

Le groupe comptait 98 771 salariés fin 2018, contre 80 110 fin 2017.

Amazon

Amazon s’est fait connaître du grand public grâce au commerce en ligne. D’après eMarketer, il détient 37% de part de marché aux Etats-Unis.

Mais le groupe doit sa rentabilité en grande partie à sa division « cloud », Amazon Web Services (AWS). Il s’est lancé bien avant les autres dans l’informatique dématérialisé, une activité extrêmement porteuse dans laquelle il est leader devant Microsoft et Google.

Au premier trimestre 2019, Amazon Web Services a progressé de 40%.

La société de Jeff Bezos s’impose aussi peu à peu comme un acteur majeur de la publicité numérique (croissance de 34% au premier trimestre).

En 2018, le groupe a réalisé 232,9 milliards de dollars de chiffre d’affaires, dont 10 milliards de bénéfice net.

S’il est beaucoup moins dans le viseur que Facebook, Amazon fait aussi l’objet de nombreuses critiques dans le monde entier, sur le paiement des impôts ou pour ses mauvaises conditions de travail.

Bruxelles a lancé une enquête officielle sur Amazon, soupçonné d’enfreindre les règles européennes de concurrence en utilisant à son avantage les données issues des détaillants indépendants qui vendent sur son site.