Alimentation Couche−Tard n'a pas mis le grappin sur Speedway, mais d'autres occasions devraient se présenter.
Alimentation Couche−Tard n’a peut−être pas mis le grappin sur la chaîne américaine de dépanneurs et de stations−service Speedway, mais d’autres occasions devraient bientôt se présenter, notamment au sud de la frontière ainsi que dans la région de l’Asie−Pacifique, croit la multinationale québécoise.
La crise sanitaire a incité de nombreuses entreprises à se pencher sur leurs propres activités, mais avec le retour d’une certaine stabilité, les discussions reprennent, a estimé mercredi le président et chef de la direction de la société établie à Laval, Brian Hannasch.
«Notre bilan (financier) est solide, donc (…) si nous considérons que nous pouvons créer de la valeur, nous comptons profiter de ces occasions», a−t−il expliqué, dans le cadre d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du premier trimestre publiés la veille, où Couche−Tard a fracassé les attentes en affichant une hausse de 44 % de ses profits malgré une baisse de ses revenus.
Les investisseurs réagissaient favorablement, puisqu’à la Bourse de Toronto, mercredi, le titre de la société a grimpé de 7,48%, ou 3,20$, pour clôturer à 46$.
Le mois dernier, Couche−Tard a vu le conglomérat japonais Seven & i Holdings, propriétaire de la chaîne américaine 7−Eleven, accepter de verser 21 milliards $ US pour acquérir Speedway, propriété de Marathon Petroleum, et son réseau de quelque 3900 dépanneurs et stations−service.
Plusieurs reportages avaient fait état de l’intérêt de l’entreprise québécoise, qui n’a jamais confirmé avoir déposé une offre. Néanmoins, M. Hannasch a affirmé aux analystes, sans mentionner le nom de son concurrent, qu’il s’expliquait mal comment le montant de la transaction a pu être aussi élevé.
«Les États−Unis demeurent un marché très fragmenté, a affirmé le grand patron de Couche−Tard. Plusieurs chaînes nous rappellent l’acquisition de Holiday que nous avons réalisée il y a quelques années (2017). Ces (transactions) sont importantes, mais simples à intégrer.»
Couche−Tard, qui souhaite doubler sa taille d’ici la fin de 2023, est aussi présente au Canada ainsi qu’en Europe. Son réseau compte plus de 14 000 points de vente, incluant ceux exploités sous licence.
L’entreprise étudie également «plusieurs» dossiers dans la région de l’Asie−Pacifique, a expliqué M. Hannasch, sans offrir plus de détails.
En raison de la pandémie de COVID−19, la chaîne québécoise avait mis de côté ses ambitions, en avril dernier, visant à acquérir Caltex — maintenant appelée Ampol —, ce qui lui aurait permis de percer le marché australien. La compagnie australienne a continué d’éprouver des difficultés financières pendant les six premiers mois de l’année, ce qui semble avoir incité Couche−Tard à demeurer sur les lignes de côté.
«Nous croyons que Couche−Tard ne procédera pas à l’acquisition d’Ampol dans un avenir rapproché compte tenu (…) de sa faible performance financière», a souligné l’analyste Peter Sklar, de BMO Marchés des capitaux, dans une note envoyée par courriel.
Couche−Tard a engrangé un bénéfice net de 777,1 millions $ US, ou 70 cents US par action, pour le trimestre clos le 19 juillet, en hausse de 44,2 % par rapport à il y a un an. Ses revenus se sont repliés de 31,4 %, à 9,7 milliards $ US, essentiellement en raison d’une diminution des volumes de carburant vendus. Le bénéfice ajusté a été de 71 cents US par action, alors que les analystes tablaient sur un profit ajusté de 40 cents US par action, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.
Les mesures de distanciation physiques liées à la pandémie ont fait baisser l’achalandage dans les établissements de la chaîne, mais cet impact a été complètement effacé par le fait que les consommateurs profitaient de leurs moins nombreuses visites pour acheter plus de marchandises.
Dans le contexte actuel, Couche−Tard continue d’étudier les habitudes des consommateurs pour adapter son offre.
«Nous observons un déplacement vers les formats de plus grande taille, des produits désinfectants, des produits d’épicerie et nous croyons que certaines tendances sont là pour rester», a expliqué M. Hannasch.
Celui−ci croit aussi que les revenus de nombreux consommateurs nord−américains risquent de fléchir puisque de nombreux programmes de soutien mis de l’avant par les gouvernements prennent fin. À son avis, cela pourrait en inciter plusieurs à être plus attentifs aux aubaines.