Corus Entertainment prévoit avoir réduit de 25% ses effectifs à temps plein en août
La Presse Canadienne|Mis à jour le 15 juillet 2024(Photo: La Presse Canadienne/ Tijana Martin)
Toronto — Corus Entertainment dit qu’elle prévoit avoir réduit de 25% ses effectifs à temps plein d’ici la fin du mois prochain par rapport au début de son exercice 2023, alors que l’entreprise continue de «réduire de manière agressive ses coûts».
Les suppressions d’emplois, qui s’élèvent à environ 800 postes, surviennent au cours d’une année turbulente pour la chaîne de télévision et de radio établie à Toronto, aux prises avec une baisse des revenus publicitaires, les défis réglementaires et les batailles pour les licences.
Lundi, Corus a annoncé une perte attribuable aux actionnaires de 769,9 millions de dollars (M$) au cours de son dernier trimestre, contre une perte de 495,1M$ un an plus tôt, ses revenus ayant chuté de 16%. Le chiffre d’affaires du troisième trimestre de l’entreprise a été de 331,8M$, par rapport à 397,3M$ un an plus tôt.
Les revenus de la télévision ont chuté de 17% à 308,2 M$ au cours du trimestre, contre 371,2 M$ l’année dernière, tandis que les revenus de la radio ont glissé de 9,9% à 23,6 M$, contre 26,2 M$ un an plus tôt.
«Nous prenons des décisions difficiles pour fermer des secteurs de l’entreprise que nous ne pouvons plus soutenir et pour suspendre les activités de développement à long terme pendant que nous mettons en œuvre des initiatives d’efficacité», a déclaré le co-chef de la direction John Gossling lors d’une conférence téléphonique avec des analystes.
«Notre plan est de devenir une entreprise plus petite mais plus rentable, dotée d’un avenir durable», a-t-il ajouté.
Corus a attribué le ralentissement publicitaire de cette année en partie aux effets persistants des grèves d’Hollywood en 2023 qui ont retardé la production d’émissions clés, ainsi qu’aux défis inflationnistes et concurrentiels.
L’accord entre Rogers et Warner
En mai, le régulateur canadien de la radiodiffusion a accédé à la demande de la société d’assouplir certaines de ses exigences en matière de dépenses en contenu canadien après avoir mis en garde contre une situation financière de plus en plus désastreuse. Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a souligné que le risque que Corus quitte le paysage canadien de la radiodiffusion «réduirait considérablement les options dont disposent les téléspectateurs canadiens en matière de contenu».
Puis le mois dernier, la société a été frappée par la perte des droits sur des marques clés comme HGTV, Food Network, Cooking Channel, Magnolia Network et OWN, à la fin de cette année.
Cela est dû au fait que Rogers Communications a signé un accord pluriannuel avec Warner Bros Discovery pour ses marques populaires de style de vie et de divertissement au Canada à compter du 1er janvier.
Rogers s’apprête également à reprendre les droits de programmation canadienne de Bell Média pour des chaînes de télévision telles que Discovery Channel Canada, Discovery Velocity, Discovery Science et Animal Planet.
Corus a annoncé peu après que Doug Murphy prenait sa retraite du plus haut poste et que M. Gossling et son collègue Troy Reeb avaient été nommés co-chefs de la direction.
M. Reeb a affirmé aux analystes que Corus avait l’intention de continuer à fournir du contenu culinaire et d’art de vivre sous de nouvelles marques de chaînes de télévision à la suite de l’accord entre Warner Bros et Rogers.
Il a déclaré que la société explorait «tous les recours juridiques et réglementaires» en réponse à cet accord, notant que «notre intention est de faire ce que nous devons faire pour protéger notre entreprise».
MM. Reeb et Gossling ont refusé de donner plus de détails, par exemple si Corus allait suivre l’exemple de Bell Média en demandant une injonction pour empêcher la diffusion du contenu de Warner Bros Discovery lorsque Rogers deviendra titulaire des droits.
«Je ne pense pas que nous souhaitions révéler la stratégie globale à ce stade, mais […] ne présumez pas que la seule ligne de défense passe par le régulateur», a indiqué M. Gossling.
L’entreprise a affirmé que la perte s’est élevée à 3,86$ par action pour le trimestre terminé le 31 mai, contre une perte de 2,48$ par action au même trimestre de l’année dernière.
Sur une base ajustée, Corus a affirmé avoir perdu 10 cents par action au cours du trimestre, alors qu’elle avait affiché un bénéfice ajusté de 9 cents par action un an plus tôt.
Les actions de la société glissaient de plus de 20%, lundi, clôturant à 15,5 cents à la Bourse de Toronto.
L’analyste de RBC Drew McReynolds a affirmé dans une note qu’«étant donné l’environnement opérationnel toujours difficile», il est probable que les actions de Corus resteront «sous pression».
Dans le cadre du plan de Corus visant à réduire les coûts, M. Reeb a indiqué que la branche actualités de l’entreprise «continuera à piloter les efforts d’efficacité de pointe de l’industrie», tout en s’appuyant sur la technologie numérique pour continuer à créer du contenu local.
Il a affirmé que l’entreprise doit «redoubler d’efforts pour réduire les coûts traditionnels, pas seulement dans l’information, mais dans tous les domaines de l’entreprise».
«Chez Corus, nous avons la chance de pouvoir compter sur un formidable héritage au sein de nos marques, a-t-il déclaré. Mais cela ne signifie pas que nous devons également supporter les structures de coûts existantes.»
Sammy Hudes