SNC-Lavalin ne soumissionne plus sur des contrats clés en main depuis 2019, car ces projets connaissent souvent des dépassements de coûts. (Photo: 123RF)
Les pertes continuent de s’accumuler pour les contrats clés en main de SNC-Lavalin, mais la firme d’ingénierie espère que les pertes importantes de cette division sont «en grande partie derrière nous».
L’entreprise montréalaise a surpris les investisseurs, vendredi, avec une perte plus importante que prévu dans le segment des contrats clés en main au quatrième trimestre. La division a enregistré une perte de 150 millions de dollars (M$) tandis que le consensus des analystes pointait vers une perte de 59M$, selon RBC Marchés des capitaux.
SNC-Lavalin ne soumissionne plus sur des contrats clés en main depuis 2019, car ces projets connaissent souvent des dépassements de coûts. Elle doit encore en compléter trois avant que les activités de cette division soient terminées, soit le Réseau express métropolitain (REM) dans la grande région de Montréal, la ligne de train léger Trillium, à Ottawa, et celle d’Eglinton, à Toronto.
Le président et chef de la direction, Ian Edwards, affirme que SNC-Lavalin voit finalement la lumière au bout du tunnel avec les contrats clés en main. Il a souligné que les deux projets en Ontario étaient «physiquement achevés» et que le reste du travail est lié à des éléments administratifs comme l’obtention de permis et la remise du projet aux clients. Il estime l’avancement du REM à 75 %.
M. Edwards assure que la portion la plus risquée des projets était liée à la construction. «Les enjeux qui sont survenus dans le monde post-pandémique: l’augmentation des coûts liée à l’inflation dans le prix des matériaux et de la main-d’œuvre, les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, la difficulté à importer de l’équipement, la grève et tous les enjeux de productivité que nous avons connus durant la pandémie, je vois ça comme terminé.»
Les pertes accumulées pour les contrats clés en main ne dépassent pas l’enveloppe de 300M$ que la direction s’était fixée en mars 2022. L’entreprise affirme que la perte pour 2022 est contenue à 217M$, pour le moment.
M. Edwards a réitéré qu’il espérait récupérer auprès de ses clients une partie des dépassements de coûts liés à la pandémie et au contexte macro-économique. Il a mentionné que les négociations se poursuivent. «Nous menons des discussions détaillées et collaboratives, mais je ne peux pas en prédire l’issue.»
Une révision stratégique
SNC-Lavalin a également annoncé qu’elle entreprenait une révision stratégique tandis que certains segments de l’entreprise ont des résultats inférieurs au standard de l’industrie. «Nous voulons que notre performance, dans toutes nos activités, rejoigne les bonnes performances de l’industrie. C’est notre but. C’est au cœur de notre examen stratégique», a dit M. Edwards.
Linxon, dans laquelle SNC-Lavalin a une participation majoritaire, fera l’objet de l’examen stratégique, a-t-il précisé. La filiale spécialisée dans l’électrification de projets a enregistré une perte de 14M$ au quatrième trimestre en raison, notamment, de dépassements de coûts en Europe.
L’analyste Maxim Sytchev, de Financière Banque Nationale, espère que la société se départira de la filiale. «Linxon aurait dû être vendue au premier signal d’alarme, car nous croyons que ce n’est pas une bonne entreprise.»
Résultats inférieurs aux attentes
SNC-Lavalin a dévoilé des résultats inférieurs aux attentes des analystes au quatrième trimestre.
L’entreprise a dévoilé une perte nette des activités poursuivies attribuables aux actionnaires de 54,4M$, comparativement à une perte de 15,3M$ à la même période l’an dernier.
La perte ajustée diluée par action est de 19 cents, comparativement à une perte de 15 cents. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient plutôt un bénéfice par action de 22 cents, selon la firme de données financières Refinitiv. «Dans l’ensemble, les bonnes parties de l’entreprise ont dévoilé des résultats conformes aux attentes, mais les contrats clés en main ont déçu», résume M. Sytchev.
Les actions des firmes d’ingénierie ont tendance à bien faire lorsqu’elles mettent derrière elles des projets encombrants, comme veut le faire SNC-Lavalin avec les contrats clés en main, souligne l’analyste de Financière Banque Nationale. Il croit cependant qu’il est encore trop tôt pour faire ce pari. «Il y a une valeur cachée, mais il faudra être bien malin pour choisir le moment propice. Nous avons une préférence pour les firmes qui ne font que du service-conseil.»
Après avoir évolué en territoire négatif en avant-midi, l’action de SNC-Lavalin a terminé la séance en hausse de 39 cents, ou 1,34 %, à 29,39 $ à la Bourse de Toronto.