Caribous: Québec et Ottawa doivent s’entendre, plaide Résolu
La Presse Canadienne|Publié le 06 mai 2022(Photo: 123RF)
Il est temps que le fédéral et Québec s’entendent sur la protection des caribous forestiers, plaide le président et chef de la direction de Produits forestiers Résolu, Rémi Lalonde. Il estime que le gouvernement Legault fait la bonne chose dans ce dossier.
« On veut s’assurer qu’il y ait une approche mesurée qui balance tous les intérêts, plaide-t-il en entrevue après le dévoilement des résultats du premier trimestre. Il semble y avoir un manque de communication entre les paliers de gouvernement. »
Rémi Lalonde a fait ces commentaires peu de temps avant que le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, déclare que les discussions avaient repris entre les deux paliers de gouvernement.
Le ministre Guilbeault laisse toujours planer l’adoption d’un décret afin de protéger des parties de l’habitat des animaux sur le territoire québécois, quelles que soient les objections de la province. « J’avance avec ça au cas où il n’y aurait pas d’entente avec le gouvernement du Québec, mais je préfère (?) qu’il y ait une entente », a-t-il dit.
À Québec, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, avait mis en garde le fédéral d’agir trop prestement et de mettre en péril des emplois. Le ministre veut laisser la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards mener ses consultations jusqu’au 17 mai.
Rémi Lalonde pense que Québec fait la bonne chose avec cette consultation. « L’approche au Québec vise à balancer tous les intérêts. Il y a les intérêts environnementaux, les intérêts sociaux économiques et l’intérêt des communautés. »
L’exploitation forestière est vue comme principale responsable du déclin des caribous forestiers et montagnards. Les chemins forestiers favorisent notamment le déplacement des prédateurs naturels du caribou, comme l’ours et le loup.
À la fin avril, le fédéral a conclu une entente avec l’Ontario afin de protéger le caribou boréal. L’entente avec l’Ontario a toutefois été critiquée par les groupes environnementalistes qui jugent qu’elle est insuffisante pour protéger l’espèce menacée.
Pour sa part, Rémi Lalonde croit que cet accord démontre qu’il est possible d’arriver à une entente entre Québec et le fédéral. « Moi, je maintiens que le gouvernement du Québec a pris de très bonnes initiatives, a un plan en développement qui devrait être robuste et que ça devrait atteindre les attentes du gouvernement fédéral. »
Une certification à risque
Insatisfait des mesures prises pour protéger les caribous, le Forest Stewardship Council (FSC) a d’ailleurs prévenu le ministre Dufour que le Québec pourrait perdre accès à la certification, rapportait La Presse la semaine dernière.
Cette certification est un argument de vente valorisé par l’industrie financière tandis que de nombreux clients l’exigent dans leur politique d’achat. Près du quart (26 %) des terrains exploités par Résolu sont certifiés par la norme FSC. C’est le cas dans cinq unités d’aménagement au Québec, dans les régions de l’Abitibi_Nord-du-Québec, de la Côte-Nord et de la Mauricie. La société précise que la totalité de ses terrains est certifiée par la Sustainable Forestry Initiative (SFI), une norme jugée moins stricte par les groupes environnementaux.
En 2013, Résolu avait d’ailleurs perdu la certification FSC sur deux terrains au Lac-Saint-Jean. L’organisme avait attribué sa décision à une protection jugée insuffisante des caribous et à un litige entre le gouvernement et les Cris. Pressé par Greenpeace, le détaillant Best Buy avait décidé de ne plus s’approvisionner chez Résolu.
Rémi Lalonde n’a pas voulu s’avancer sur les impacts possibles d’une perte de la certification FSC au Québec. « Qu’est-ce que ça laisse présager pour nous? Je pense qu’il est trop tôt pour avoir une perspective là-dessus. »
Du bois coincé au Lac-Saint-Jean
Plus tôt jeudi, la société montréalaise a dévoilé ses résultats du premier trimestre où elle rapporte avoir profité de conditions favorables quant au prix du bois, mais avoir subi des contraintes quant à son transport par chemin de fer.
Les wagons du Canadien National (CN) ont été moins disponibles au cours des derniers mois dans la région du Lac-Saint-Jean, explique M. Lalonde. « La façon dont ça se reflète chez nous, c’est une augmentation importante de nos inventaires de bois d’œuvre. Nos inventaires ont presque doublé au cours du trimestre à 43 millions de dollars (M$) pour le produit fini de bois d’œuvre. »
Le dirigeant espère que la situation se rétablisse au cours de la deuxième moitié de l’année.
Au cours des trois premiers mois de l’année, Résolu a dévoilé un bénéfice net de 210 M$, contre un bénéfice net de 87 M$ à la même période l’an dernier.
Les ventes, pour leur part, ont atteint 945 M$, en hausse de 72 M$ par rapport à la période correspondante de l’exercice précédent.
En entrevue, Rémi Lalonde souligne que la situation financière de l’entreprise s’améliore tandis que la dette nette atteint 140 M$. « Ça veut dire qu’on approche du moment où la compagnie sera à zéro dette nette, en excluant le régime de retraite. Quand on considère le long historique de la compagnie, qu’on soit rendu à ce point-là, je suis très content. »
L’action perdait 48 cents, ou 2,51 %, à 18,62 $ à la Bourse de Toronto en fin d’après-midi.
Par Stéphane Rolland