À Wall Street, le titre ne reculait toutefois que de 1,86 % 11H15.
Boeing (BA) n’a pas fini de souffrir des déboires de son 737 MAX : l’avionneur américain a annoncé mercredi une perte nette trimestrielle de près de 3 milliards de dollars, la plus grosse en plus d’un siècle d’existence.
Ses comptes ont été précipités dans le rouge par une charge colossale de 5,6 milliards liée aux problèmes du 737 MAX, cloué au sol depuis plus de quatre mois après deux accidents ayant fait 346 morts.
Le constructeur aéronautique avait gagné 2,2 milliards de dollars au deuxième trimestre 2018 et jusqu’ici sa plus lourde perte était de 1,6 milliard, enregistrée au troisième trimestre 2009.
La perte annoncée n’est pas une véritable surprise, car le groupe de Chicago avait prévenu la semaine dernière qu’il allait inscrire cette charge exceptionnelle dans ses comptes pour les compensations des compagnies aériennes.
Celles-ci ont dû annuler des milliers de vols depuis l’immobilisation du 737 MAX et remplacer ces avions dans leurs plans par d’autres appareils.
Les indemnisations prendront différentes formes, estiment les experts : rabais, services de maintenance, formation des employés…
La charge ne comprend en revanche ni les possibles indemnisations des familles des victimes qui ont déjà porté plainte ni les possibles amendes des autorités américaines qui enquêtent sur le développement du 737 MAX.
Flou sur le retour en vol
Le chiffre d’affaires trimestriel a lui plongé de 35 % à 15,75 milliards de dollars, en raison de la suspension des livraisons du 737 MAX.
Les livraisons d’appareils commerciaux sont passées de 194 unités au deuxième trimestre 2018 à 90 un an plus tard. Les compagnies aériennes, qui déposent un acompte lorsqu’elles confirment leur commande, paient en intégralité au moment où elles prennent possession de l’appareil.
À Wall Street, le titre ne reculait toutefois que de 1,86 % 11H15, les investisseurs semblant peu inquiets par ces résultats. Boeing a d’ailleurs augmenté de 20 % à 1,2 milliard les dividendes versés aux actionnaires pour le compte du deuxième trimestre.
L’ampleur de la perte trimestrielle traduit toutefois la gravité de la crise du 737 MAX pour Boeing, d’autant que des incertitudes entourent toujours le calendrier de retour en service de ce monocouloir, locomotive des ventes jusqu’à la crise qu’il a générée.
Les principaux régulateurs aériens à travers le globe ont fait savoir qu’ils allaient examiner eux-mêmes les modifications apportées par Boeing et ne se fieront pas à la seule évaluation des autorités américaines.
Au vu de « cette incertitude », Boeing n’a pas donné d’objectifs financiers annuels mercredi, précisant qu’il le fera à une date ultérieure. En avril, l’entreprise avait déjà suspendu ses prévisions.
Le constructeur aéronautique a aussi affirmé tester actuellement le correctif du système anti-décrochage MCAS du MAX, mis en cause dans les deux accidents d’Ethiopian Airlines et de Lion Air, et qu’il le soumettra « une fois remplies toutes les exigences en matière de certification de la FAA », l’agence fédérale de l’aviation.
« Les autorités réglementaires vont déterminer la procédure d’homologation du logiciel du MAX, des mises à jour concernant la formation (des pilotes) et ainsi que du moment propice pour lever l’immobilisation au sol », prévient Boeing.
La semaine dernière, l’avionneur disait espérer obtenir une levée de l’interdiction de vol au début du quatrième trimestre 2019.
Interrogé par l’AFP si l’absence de mention claire en ce sens dans le communiqué de mercredi signifiait que le groupe était moins sûr de son calendrier, un porte-parole a indiqué : « il n’y a pas de changement ».
Southwest, American Airlines et United Airlines, les trois principales compagnies aériennes disposant du MAX dans leur flotte, ont pendant ce temps annulé leurs vols sur cet avion jusqu’à début novembre.
« C’est un moment majeur pour Boeing », a répété de son côté le PDG Dennis Muilenburg.
Les agences de notation Moody’s et Fitch ont, elles, déjà prévenu qu’elles pourraient abaisser la note de solvabilité du groupe si l’interdiction de vol s’étalait jusqu’en 2020.
Autre coup dur : Boeing a dû repousser à début 2020 le premier vol d’essai de son long courrier 777X, en raison des problèmes survenus lors des tests du nouveau moteur GE9X de General Electric.
Les premières livraisons risquent, selon des sources industrielles à l’AFP, de ne pas intervenir avant 2021 au lieu de 2020 comme l’espère l’avionneur.