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Banque TD: perte de 181M$ attribuable aux enquêtes aux États-Unis

La Presse Canadienne|Mis à jour le 22 août 2024

Banque TD: perte de 181M$ attribuable aux enquêtes aux États-Unis

(Photo: La Presse Canadienne)

Le Groupe Banque TD a enregistré une rare perte au cours de son dernier trimestre, en raison d’une charge de 2,6 milliards de dollars (G$) liée aux enquêtes en cours aux États-Unis sur son programme de lutte contre le blanchiment d’argent.

Cette charge a entraîné une perte trimestrielle de 181 millions de dollars (M$), mais elle a également apporté des éclaircissements sur les frais totaux qui devraient résulter de ces enquêtes après certaines spéculations sur leur ampleur.

«La provision de 2,6G$ que nous venons d’annoncer, combinée à la provision de 450M$ annoncée le trimestre dernier, représente notre estimation actuelle du total des amendes à payer liées à ces enjeux», a déclaré le président et chef de la direction Bharat Masrani aux analystes financiers lors d’une conférence téléphonique jeudi pour discuter des derniers résultats de l’entreprise.

La TD a également ajouté qu’elle s’attend à ce qu’une résolution globale de ces questions soit finalisée d’ici la fin de l’année.

«Bien que nous n’ayons pas encore traversé le tunnel, nous pouvons voir la lumière au bout», a affirmé Bharat Masrani.

L’enquête sur la lutte au blanchiment d’argent est depuis longtemps un sujet de préoccupation majeur pour la TD. L’enquête a contribué à faire échouer l’acquisition de la banque américaine First Horizon pour 13,4 milliards de dollars américains (G$US) en mai dernier, tandis que la banque a révélé en août dernier qu’elle s’attendait à ce que les régulateurs américains imposent des sanctions en raison de lacunes dans le programme. 

Plus tôt cette année, la banque a admis de graves lacunes dans son programme après que des médias ont rapporté que des criminels avaient blanchi au moins 653 millions de dollars américains (M$US) de produits de la drogue illicite par l’intermédiaire de la banque. 

«Comme je l’ai déjà dit, les manquements étaient graves, a déclaré Bharat Masrani jeudi. Nous en sommes responsables, nous savons quels sont les problèmes et nous les réglons.»

Des sanctions non pécuniaires

La banque a indiqué que la résolution attendue comprendrait à la fois les sanctions pécuniaires qu’elle a décrites, ainsi que des sanctions non pécuniaires, mais Bharat Masrani a refusé de détailler ce que pourraient être ces sanctions. 

«Vous savez, il peut y avoir des exigences de conformité, il peut y avoir diverses autres exigences, difficile de spéculer. Nous sommes en plein milieu de tout cela, de négociations, d’enquêtes, donc nous voulons juste nous assurer de vous fournir une divulgation complète lorsque cela sera approprié», a-t-il affirmé.

En plus d’annoncer la provision, la banque a déclaré avoir vendu 40,5 millions d’actions de Charles Schwab, à une valeur d’environ 2,6G$US. 

Des analystes ont remis en question la nécessité de la vente, mais Bharat Masrani a affirmé qu’il s’agissait de maintenir des niveaux de capital élevés. 

«Il est prudent d’avoir du capital. Il y a encore beaucoup de volatilité et les conditions économiques ne sont pas aussi prévisibles qu’on le souhaiterait», a fait valoir le président et chef de la direction.

Le besoin de capital s’inscrit dans le cadre d’une perte au dernier trimestre contrastant fortement avec un bénéfice de 2,88G$ il y a un an. La perte s’est élevée à 14 cents par action diluée pour le trimestre clos le 31 juillet, contre un bénéfice de 1,53$ par action diluée il y a un an. 

Le chiffre d’affaires du trimestre a totalisé 14,18G$, en hausse par rapport aux 12,91G$ de l’année précédente.

Sur la question du crédit, qui sera au cœur des préoccupations des autres banques, la TD a déclaré que les provisions pour pertes sur créances s’élevaient à 1,07G$, en hausse par rapport aux 766M$ du même trimestre de l’exercice précédent, mais essentiellement stables par rapport au trimestre précédent.

Sur une base ajustée, la TD a indiqué avoir gagné 2,05$ par action diluée au cours de son dernier trimestre, contre un bénéfice ajusté de 1,95$ par action diluée au même trimestre de l’exercice précédent.

Le bénéfice ajusté est légèrement inférieur aux 2,07$ attendus en moyenne par les analystes, selon LSEG Data & Analytics.

Événements météorologiques extrêmes

L’une des principales raisons de ce manque à gagner est le recul important des bénéfices de la division assurance de la TD en raison d’événements météorologiques extrêmes. 

Les bénéfices de l’assurance ont considérablement diminué, à 15M$ par rapport aux 145M$ du trimestre précédent, après que la banque eut enregistré 186M$ de réclamations au cours du trimestre en raison des inondations dans la région de Toronto et des incendies de forêt en Alberta. La banque a également constaté une augmentation des réclamations liées aux tempêtes de grêle à Calgary et aux inondations à Montréal ce mois-ci.

Les analystes se sont toutefois davantage attardés à l’aspect de la lutte contre le blanchiment d’argent qu’à celui du léger manque à gagner, notant que la clarté est la bienvenue.

«Cela ne répond pas à toutes les questions en suspens, mais cela apporte des éclaircissements importants sur le calendrier ultime pour une résolution complète des problèmes de lutte contre le blanchiment d’argent aux États-Unis de la banque, ainsi qu’une image plus claire de la sanction monétaire totale», a déclaré Meny Grauman, analyste de la Banque Scotia, dans une note. 

Il a affirmé que le véritable enjeu, à son avis, réside dans les sanctions non pécuniaires, pour lesquelles il n’y a pas eu de nouvelles informations, jeudi. Cependant, il s’est dit moins inquiet que semblent l’être les marchés.

«Nous continuons de penser que les marchés intègrent un scénario du pire qui n’a pas vraiment de précédent», a-t-il relevé.

Les investisseurs devront attendre encore quelques mois pour savoir exactement quelles seront les conséquences, mais Bharat Masrani a déclaré qu’il était impatient de présenter le tableau complet.