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Acheter des actions en chute peut nuire à votre portefeuille

Morningstar|Publié le 16 septembre 2022

Acheter des actions en chute peut nuire à votre portefeuille

(Photo: 123RF)

Il est habituellement bien vu d’arriver en retard à une fête, sauf bien entendu, quand c’est le marché boursier qui invite. Dans ce cas, le principe reconnu est d’arriver tôt, avant que la fête batte son plein.

«Acheter au plus bas» est une pratique boursière généralement acceptée. Il s’agit pour les investisseurs de s’emparer d’actions dont ils pensent qu’elles sont soldées au cours des effondrements boursiers, dans l’espoir qu’elles reprendront leur trajectoire ascendante.

Mais les marchés baissiers sont d’une autre étoffe que les corrections classiques. Dans un marché baissier, on peut souvent penser à tort qu’une hausse marque le début d’une série, alors que le marché pourra aller en direction contraire et descendre encore plus bas. Les creux peuvent facilement être mal interprétés. Acheter tôt, dans ce cas, amplifie souvent les pertes.

 

Devrais-je investir dans des actions au moment d’une chute?

Bien que selon de nombreux stratèges optimistes, le 16 juin ait probablement marqué le creux du marché boursier, les stratèges pessimistes sont plus sceptiques. La liquidation brutale qui a eu lieu mardi, et qui a marqué la pire performance du marché sur un jour depuis juin, a mis en évidence le bras de fer que se livrent ces deux points de vue.

Elle a aussi théâtralisé la possibilité qu’investir dans des actions au moment d’une chute ne soit pas toujours ce qui a le plus de sens. C’est la mise en garde exprimée par les gens de Richard Bernstein Advisors, une firme new-yorkaise de gestion de placements à la tête de 14,3 milliards de dollars d’actifs sous gestion dans un texte récent intitulé «Bubbles and Bears» (Bulles et baisses).

«De nombreux investisseurs insistent pour acheter tôt de manière à être là quand une action touche le fonds», dit Dan Suzuki, directeur adjoint du placement à Richard Bernstein. «Dans sept derniers marchés baissiers sur 10, il a été préférable d’acheter plus tard que tôt.»

Selon Dan Suzuki, acheter tard plutôt que tôt améliore le plus souvent les rendements, réduit le potentiel baissier et donne plus de temps pour prendre des décisions informées sur l’état des profits des entreprises et la liquidité du marché, et de fournir ainsi une marge de sécurité.

L’analyse de la firme a déterminé que les portefeuilles qui, avant de tout investir dans des actions, détenaient 100% de leurs actifs dans des liquidités (des bons du Trésor sur trois mois) jusqu’à 6 mois après les creux, avaient surclassé les portefeuilles qui étaient pleinement investis dans les actions pendant cette période tout entière.

Les calculs ont été faits sur les creux du marché en fonction de rendements hypothétiques qui englobaient les six mois qui les précédaient et les 12 mois qui les suivaient.

 

Se débarrasser de l’ancien et prendre du nouveau

M. Suzuki remarque aussi qu’acheter trop tôt conduit souvent à une autre erreur très répandue qui intervient au désavantage des investisseurs: accumuler les chefs de file du cycle précédent. Il conseille de ne pas perdre de vue deux règles qui ont fait leurs preuves:

— Les secteurs qui dominent un cycle nouveau ne sont pas les mêmes que ceux qui dominaient le cycle précédent.

— Les marchés baissiers annoncent «toujours» un changement de leadership.

«Plutôt que de se détourner des actifs sujets à la création de bulles, les investisseurs ont tendance à considérer les chutes de cours initiales comme des occasions d’acheter une croissance à long terme à d’énormes rabais, dit M. Suzuki. Pourtant, l’histoire des bulles suggère qu’après seulement six mois de liquidations, ces actions-là ne redeviennent plus des investissements aussi fantastiques.»

Il évoque l’éclatement de la bulle des dot-coms en 2000-2002, qui s’est traduit par une baisse du Nasdaq 100 d’une durée de 30 mois, au cours desquels 16 reprises ont eu lieu, avec à la clé des gains allant de 10% à plus de 30%. De mars 2000 à octobre 2002, l’indice a perdu 83%.

Dans la reprise qui a suivi le creux du 16 juin et jusqu’au 19 août 2022, l’indice Morningstar Marché américain a gagné 16% en termes de rendement total. Depuis le début de l’année, cet indice a perdu 13,69%. Après avoir perdu 32% jusqu’au 16 juin, L’indice Nasdaq 100 a gagné 19%, depuis son creux jusqu’au 19 août. À la date du 25 août, cet indice surpondéré d’actions technologiques avait perdu 19% en termes de rendement total depuis le début de l’année.

M. Suzuki soupçonne que quand de nouveaux secteurs dominants émergent, ils sont diamétralement opposés à ceux qui dominaient précédemment, en l’occurrence, dans le cas qui nous concerne, les actions américaines à grande capitalisation, la technologie et les obligations.

Il surveille, entre autres les placements axés sur la valeur, les actions internationales, les actions à petite capitalisation, la technologie et les obligations.

«À ce stade du cycle boursier, il est logique de se concentrer sur des sociétés de qualité supérieure dotées de flux de trésorerie stables et de bilans comptables solides, tout en évitant les actifs prêtant à la création de bulles comme la technologie et les cryptomonnaies», dit M. Suzuki.