Elle a promis de rectifier le tir lors des deux prochaines années tout en réduisant drastiquement sa dette colossale.
General Electric (GE), en pleine restructuration, a averti jeudi que 2019 devrait être une autre année noire en termes de bénéfices, mais a promis de rectifier le tir lors des deux prochaines années tout en réduisant drastiquement sa dette colossale.
Le conglomérat industriel américain prévoit de dégager un bénéfice par action ajusté des cessions d’actifs et autres éléments exceptionnels, référence en Amérique du Nord, compris entre 50 et 60 cents en 2019, soit moins que les 70 cents attendus en moyenne par les analystes financiers.
Ce tableau pessimiste fait suite à deux années de chute des profits, marquées par une perte nette de 23 milliards de dollars en 2018 en raison de dépréciations d’actifs.
La trésorerie disponible des activités industrielles, baromètre de la santé de l’entreprise, devrait être négative de 2 milliards de dollars et dans le meilleur cas, elle serait égale à zéro, ce qui suggère que General Electric ne devrait pas distribuer de dividendes.
En d’autres termes, l’entreprise, qui fabrique également des moteurs d’avions (LEAP) et des équipements médicaux (IRM, scanners), brûle beaucoup plus d’argent qu’elle n’en gagne.
Évoquant une année de « redémarrage », Larry Culp, PDG depuis octobre, a déclaré que « les difficultés de GE en 2019 sont à la fois complexes et clairement identifiées ».
« Il y a beaucoup à faire (…), mais nous pouvons y arriver », a-t-il assuré aux investisseurs au cours d’une journée qui leur était dédiée.
Il a réitéré ses priorités qui sont la réduction de l’énorme dette de l’entreprise et l’amélioration des résultats des activités industrielles et plus particulièrement du pôle Énergie comprenant l’ancien fleuron français Alstom.
À Wall Street, le titre GE gagnait 2,73 % vers 10H10 après avoir évolué dans le rouge dans les échanges électroniques de préséance.
Pas de fermeture d’usines
GE est devenu l’ombre du mastodonte qu’il était lorsqu’il dominait l’industrie mondiale pendant des années, à cause de mauvais paris dans le secteur financier et les énergies fossiles et en raison d’erreurs de management.
Le groupe a notamment racheté pour 15 milliards de dollars le pôle énergie du fleuron industriel français Alstom, en plein ralentissement du marché des réacteurs nucléaires.
GE, qui a besoin d’argent frais pour honorer les échéances de remboursement de son énorme dette, multiplie les initiatives pour renflouer ses caisses. La dernière en date est la cession, pour 21,4 milliards de dollars, de ses activités biopharmaceutiques au groupe industriel Danaher.
L’entreprise a également décidé en octobre dernier de réduire son dividende à la portion congrue (1 cent par action).
GE mise également sur l’argent récupéré grâce à la fusion de ses activités de transport (locomotives et systèmes de signalisation) avec l’équipementier ferroviaire américain Wabtec, finalisée plus tôt dans le mois. Il entend tirer parti d’un programme de cession d’actifs industriels de 20 milliards de dollars lancé fin 2017 par John Flannery, le prédécesseur de M. Culp.
Il prévoit aussi de « monétiser ses participations restantes dans (ses coentreprises) Baker Hughes et Wabtec ».
« Nous sommes trop endettés », a répété jeudi Larry Culp, promettant néanmoins que les résultats financiers allaient se stabiliser à partir de 2020 et surtout s’améliorer en 2021, notamment pour ce qui est de la trésorerie disponible des activités industrielles.
Ces dernières pâtissent des surcapacités dans l’énergie (turbines), une division qui va continuer à subir des réductions de coûts de l’ordre de 800 millions de dollars sur les deux prochaines années, pour refléter la réalité du marché, a insisté Larry Culp.
Cette cure d’austérité ne comprend pas des fermetures d’usines importantes, mais GE indique avoir supprimé 34 % des effectifs sur ses sites de Schenectady (New York) et de Greenville (Caroline du Sud).
La société va également réduire ses personnels administratifs afin de diminuer les dépenses administratives et elle envisage de revoir le financement des retraites de ses salariés.
« Nous sommes sur la voie pour créer de la valeur ajoutée sur la durée pour les actionnaires », a conclu Larry Culp.
Le chemin du redressement reste toutefois encore semé d’embûches: GE doit rembourser en 2020 une créance de 25 milliards de dollars.